«En politique étrangère il y a deux défauts – l’utopie et le déni de réalité»

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La souveraineté, c'est pouvoir faire la politique de ses intérêts



Le député français Jacques Myard a déclaré dans une interview accordée à RT que le ministre des Affaires étrangères devait sortir des positions de posture pour regarder la réalité en face : les sanctions contre la Russie sont imbéciles.


RT France : Pensez-vous, après votre visite en Crimée, que la tendance du rapprochement entre la France et la Russie devient plus réelle qu’avant ?


Jacques Myard : Si nous sommes allés en Crimée c’est ce que nous pensons que le problème de la Crimée n’est pas une crise internationale, que la Crimée est russe. Il y a eu bien sûr des rattachements administratifs un peu bizarres en 1954 avec Nikita  Khrouchtchev, mais que la Crimée est russe. Pour moi, pour nous, la Crimée n’est pas un problème international. La Crimée est russe, point à la ligne. Donc il faut que les sanctions qui ont été prises par les Européens et par les Américains contre la Russie, et par la Russie contre la France, doivent cesser et on doit organiser la désescalade. Ces sanctions sont imbéciles. Et je pèse mes termes, car elles créent des tensions là où on ne doit pas avoir de tensions. La Russie est un partenaire incontournable pour la stabilité en Europe, un partenaire géostratégique. On voit bien qu’à la suite de cette crise, la Russie est en train de rechercher des alliances avec la Chine, avec l’Inde. C’est son choix.








Mais c’est aussi le choix de la France d’avoir ce partenariat avec la Russie. C’est la raison pour laquelle il faut organiser la descente de ces sanctions. Il faut lever ces sanctions. Et en disant très clairement qu’il n’y a pas de crise internationale avec la Crimée, en disant très clairement que la Crimée fait partie de la Russie, et bien nous voulons que la France regarde la réalité, et qu’elle cesse de se lancer dans un processus de sanctions qui conduit à l’impasse. On voit bien que les sanctions, ça peut durer. Est-ce qu’on va continuer les sanctions comme les Etats-Unis sur Cuba qui ont mis 30 ans à défaire ces sanctions ? ça n’a pas de sens.








Donc, aujourd’hui nous devons véritablement agir très rapidement pour lever ces sanctions. Et même si la France doit le faire unilatéralement, j’y suis favorable, de manière à retrouver un partenariat avec la Russie, partenariat géostratégique, partenariat dans la lutte contre le terrorisme, partenariat commercial des entreprises réciproques et aussi culturel. J’insiste sur ce plan car les Russes ont un grand amour pour la littérature française. Les Français aiment beaucoup Tolstoï, Pouchkine et donc, c’est très important. Donc, c’est ça qu’il faut qu’on reprenne. Le temps de la guerre froide est un temps qui doit être derrière nous.








RT France : Pourquoi pensez-vous que le ministère des Affaires étrangères a réagi aussi violemment à votre démarche ?


Jacques Myard : Lorsque le ministre des Affaires étrangères nous a fait quelques représentations en commission des Affaires étrangères, j’ai failli rire. Je crois que malheureusement monsieur Fabius a suivi la position des ultra-européens et il sait bien, je suis même certain, que nous sommes dans une impasse. Donc, pour lui, c’est insupportable de voir qu’il y a des députés qui disent non. Et bien tant mieux, nous continuerons à dire non. J’invite le ministre des Affaires étrangères à sortir des positions de posture pour justement regarder la réalité en face. Vous savez, en politique étrangère il y a deux défauts – l’utopie et le déni de réalité. Je ne suis ni pro-russe, ni pro-américain, je suis pro-français. Et en tant que député français, je défends les intérêts français. Les intérêts français c’est que nous ayons des relations normalisées avec la Russie.









RT France : Quelles sont vos impressions sur la Crimée ?


Jacques Myard : La Crimée vit en paix. La Crimée a une très grande sérénité. Nous avons rencontré des députés tatars qui disent qu’ils peuvent utiliser leur langue. Nous savons qu’il y a un régime trilingue. C’est très important, la question des langues. Nous savons bien que ça a été l’une des raisons de la crise en Ukraine. Il y a trois langues officielles - le russe, l’ukrainien et le tatar. Donc, visiblement la Crimée a trouvé maintenant sa voie. Et c’est à nous de normaliser cette question. Je le répète, la Crimée n’est pas une crise internationale, c’est tout-à-fait logique que la Crimée soit russe.








RT France : Et pourquoi la presse internationale et notamment la presse française est tellement défavorable à l’égard de la Russie et de la question de la Crimée ?


Jacques Myard : Ça fait partie des médias, parce que M. Poutine parle parfois haut et fort. Donc certains voient dans Poutine un nouveau tsar. Non, Poutine n’est pas un nouveau tsar, sur le plan démocratique la Russie a fait beaucoup de progrès. Certes, il y a sans doute encore des progrès à faire. Mais vous savez, je vous rassure la France après deux siècles de démocratie n’est pas encore eu une démocratie parfaite. Je ne suis pas là pour faire la morale. Je suis là pour tenir compte des réalités. La réalité, c’est que la Russie est un partenaire incontournable pour la paix en Europe. 



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