Le Parti conservateur croit pouvoir gagner des votes au Québec lors des prochaines élections fédérales. C’est bien possible. Dans les régions, il est de moins en moins gênant de s’afficher en sa faveur, comme si sa disqualification morale ne dépassait plus la zone d’influence de la gauche montréalaise. À tout le moins, le Parti conservateur travaille fort à percer là où il croit avoir quelques chances de gagner des sièges. Mais je note une chose : les partis fédéraux qui espèrent gagner des votes au Québec le font en vendant respectivement leur salade de gauche ou de droite, mais ne croient pas nécessaire de développer un discours nationaliste à l'endroit des Québécois francophones.
À bien des égards, c'est une nouveauté historique. Et une preuve de plus de la normalisation canadienne du Québec, de sa canadianisation mentale de plus en plus profonde. Au mieux, les partis prétendront mieux représenter les valeurs des Québécois - le NPD prétendait représenter nos valeurs progressistes et gouverner le Canada à partir d’elles, le PLC prétend aussi le faire, alors que le Parti conservateur prétend représenter les valeurs des gens ordinaires qui seraient trahies par nos élites. On devine bien que la publicité électorale s’adaptera à ce marché politique spécifique qu’est le Québec – ne serait-ce que parce qu’il faut traduire les slogans. Mais cela n’ira pas plus loin.
Mais la question d’une plus grande autonomie du Québec ne traverse plus du tout la politique fédérale. L’idée que le Québec a des intérêts spécifiques dans le Canada, qui ne sont pas que les intérêts d’une province, mais d’une nation à part entière, ou comme on disait dans les années 1990, d’une société distincte, semble de moins en moins structurer le discours politique québécois. En soi, la chose est désolante. Mais ce qui est encore plus inquiétant, c’est qu’on ne croit plus nécessaire de jouer la carte nationaliste avec les Québécois. Comme si on constatait la démobilisation nationaliste profonde des Québécois. Cela en dit beaucoup sur l’affaissement de la conscience nationale.
Une fois le souverainisme vaincu, c'est l'idée même de nation qui semble s'effacer. Les Québécois ne pourront pas toujours jouer à être une nation à part entière dans une fédération qui a décidé une fois pour toutes qu'ils n'en étaient pas une, qu'ils ne sont qu'une province parmi d'autres sans cadre politique spécifique. Soit ils feront l'indépendance, mais ils ne semblent pas trop intéressés à la chose ces temps-ci, soient ils finiront par se dissoudre dans le Canada, en devenant une grosse province bilingue et multiculturelle renonçant peu à peu à son identité historique, sinon pour la muséifier, en consentant à sa folklorisation. Il n'est pas interdit de penser que cette élection fédérale représentera un pas de plus dans la deuxième direction.
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