Dette américaine - La destruction

Les méchants riches...


Si trop d'impôt tue l'impôt, pas d'impôt tue l'État. Grâce à la présentation récente de leur politique budgétaire, il est clair comme jamais que le Parti républicain milite pour la réduction du poids des taxes à l'épaisseur du papier à cigarettes. Au risque de compromettre, pour reprendre le mot du président Obama, le pacte social américain. Rien de moins.
Tôt lundi, l'agence de notation Standard & Poor's a provoqué toute une secousse en affirmant que la décote des États-Unis était possible d'ici deux ans. Son principal argument? L'incapacité des élus du Congrès à s'entendre, non pas sur le montant des économies qu'il faut réaliser, mais bien sur les choix que cet exercice commande. Standard appréhende également qu'entre la situation qui prévaut actuellement au Congrès et la campagne pour la présidentielle, l'impasse budgétaire dure au-delà de 2012.
De cette impasse, les républicains en sont le moteur. Ils le nourrissent, l'alimentent, en avançant des propositions qui dépassent l'entendement. Pour s'en convaincre, il suffit de s'attarder, six mois après les législatives, aux actions menées par les gouverneurs de certains États. Plusieurs d'entre eux ont mis la hache dans les programmes d'assurance-emploi, dans le nombre d'individus inscrits à Medicaid, dans les programmes d'éducation, de santé mentale, en plus de s'atteler à la destruction des syndicats privés et publics.
Sur la scène fédérale, les élus républicains de la Chambre des représentants, menés sur ce front par les libertariens que sont Paul Ryan et Rand Paul, ont voté à l'unanimité un projet budgétaire qui donne froid dans le dos. Un projet composé en fait par le Heritage Foundation, un lobby ultraconservateur.
Toujours est-il qu'ils se promettent de diminuer le nombre de vieux et de pauvres ayant droit aux programmes de santé, de couper le nombre de bourses étudiantes, les programmes d'apprentissage destinés aux chômeurs... En fait, leur objectif est tout simplement celui-ci: on augmente les déductions d'impôts accordées aux riches, on augmente le budget de la Défense et on coupe dans tout le reste.
Dans cette histoire, qui consiste au fond à libérer les riches des inconvénients de l'impôt et de la réglementation, on ne peut s'empêcher de répéter pour la énième fois combien leur principale proposition relève de la bêtise, de l'idiotie. Chaque fois qu'ils militent pour gaver les plus fortunés, ils martèlent encore et toujours que cela va se traduire par une croissance économique, la baisse du chômage, etc.
Depuis que Bush père et Bush fils ont multiplié les cadeaux pour les millionnaires, leur promesse ne s'est jamais réalisée. Selon une étude effectuée par un économiste britannique de l'Université de Warwick, les baisses d'impôt sont en fait des subventions aux entreprises du luxe, qui sont toutes étrangères et surtout françaises. Autrement dit, les riches achètent du Dior, du Dom Pérignon, du Hermès et autres. Ils ont notamment rempli les coffres du champion du secteur: Bernard Arnault, qui depuis l'an dernier est l'homme le plus riche d'Europe et le quatrième à l'échelle mondiale.
En agissant comme ils le font, les républicains cherchent en fait à détruire tout ce qui ressemble de près comme de loin à l'ombre de l'État. Pitoyable!


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