Désastre sur un iceberg, il y a cent ans !

Chronique de Marie-Hélène Morot-Sir


Le journal français « le Petit Marseillais », comme l’ensemble de la presse mondiale, dans ses articles du mois d’avril 1912, décrit avec admiration ce nouveau transatlantique qui vient d’être construit par cette importante compagnie maritime la White Star Line en Irlande, à Belfast, en même temps que deux autres paquebots, l’Olympic et le Gigantic :
« Le 5 avril 1912 Le Titanic a été mis à l’eau pour les premiers tests et tout s’est parfaitement bien passé. C’est un bateau réellement extraordinaire à la pointe des toutes dernières nouveautés. Non seulement il possède, paraît-il, une double coque en plaques d’acier, divisée en seize compartiments étanches, dont chacun peut être isolé les uns des autres, ce qui lui confère une sécurité maximum le rendant insubmersible, mais en plus il existe sur ce paquebot des détecteurs de fumée, des sonneries d’alarme et autres détecteurs acoustiques pour repérer les obstacles. L'armateur n'a pas jugé nécessaire en conséquence de prévoir autant de places dans les canots de sauvetage que de personnes à bord afin de ne pas encombrer les ponts supérieurs. Il a réduit de 32 à 20 le nombre de chaloupes, avec une capacité de 1178 places. Cet impressionnant bâtiment mesure de 269 mètres de long, il est large de 28, et son poids de 46.328 tonnes, en fait le plus gigantesque engin mobile construit de main d'homme. Sa hauteur totale atteint 52 mètres dont 10,5 seulement sous l'eau. Il est surmonté de quatre cheminées imposantes dont l'une simplement pour l'aération des cuisines.
Le luxe intérieur est impressionnant : piscine, électricité et chauffage dans toutes les chambres, escalier imposant sculpté dans le style Art Nouveau, dôme lumineux ...
Il possède 2 machines à vapeur de 150.000 chevaux produite par 29 chaudières et 159 foyers permettant au système de navigation d’être à la pointe de la technologie. Un système téléphonique très avant-gardiste formé d’un double réseau, permet de relier non seulement la passerelle et les salles des machines, mais également toutes les cabines de luxe.
La traversée va être agréable et pleine de charme pour tous les passagers de ces cabines si confortables et somptueuses, mais aussi fort bien sécurisée pour les passagers moins fortunés.. Tout le monde va être attentif au prochain départ pour New York de cet extraordinaire transatlantique d’ici quelques jours à peine, en partance de Southampton au Royaume Uni, via Cherbourg puis Queenstown… »
Quelques jours plus tard voici un nouvel article publié par le même journal provençal, « le Petit Marseillais »
« Les premiers passagers ont embarqué le 10 avril pour faire la traversée de l’océan Atlantique, jusqu’à New York sur ce magnifique navire le Titanic, pour son voyage inaugural.
Deux jours seulement après avoir appareillé, et avoir pris quelques passagers à Cherbourg, à peine était–il parti, ce 11 avril dernier de Queenstown, en Irlande, où de nombreux immigrants avaient eux aussi embarqué, voulant tenter leur chance aux états unis d’Amérique, à peine se rapprochait-il de Terre-Neuve, qu’il a constaté que la température chutait brutalement.
Il a alors été averti par le Californian naviguant lui aussi au large de Terre-Neuve, de la présence de la banquise. Les veilleurs signalent également l’approche d’un iceberg, mais ne possédant pas de jumelles ils le voient hélas beaucoup trop tard, et même si une manœuvre a bien été amorcée pour éviter la collision, le paquebot étant très lourd ne peut l’éviter, il percute violemment sur le côté droit, la masse énorme de l’iceberg. Sous ce terrible choc, il se coupa brutalement en deux et enfin coula à 2 heures 20 du matin.
Quelle mort atroce pour tous ces passagers dans cette horrible nuit du 14 avril 1912 ! Heureusement le bateau le Carpathia, ayant par chance entendu les appels de S.O.S, s’est dirigé le plus vite possible sur le lieu du naufrage, mais cela a pris cependant plusieurs heures, et il n’a pu procéder au sauvetage que de 700 personnes sur les 2200 au total ! »
Et encore :
« C’est le centre de secours le plus proche du lieu du drame, à Halifax en Nouvelle Écosse, province du Canada, qui s’est occupé des recherches mais à part 150 corps qui ont été retrouvés et enterrés dans le Fairview cemetery de cette ville, rien d’autre n’a pu être récupéré sans doute totalement englouti dans les glaces. Les 711 survivants sont arrivés sur le Carpathia à New York le jeudi 18 avril 1912 en fin de journée, le capitaine Arthur Rostron de ce navire a immédiatement remis à l’eau les 13 canots et chaloupes rescapés avant d’aller accoster à 21heures 30. Des femmes sans maris, des maris sans leurs femmes, des enfants sans parents, tous ces rescapés étaient hagards et ne pouvaient prononcer de paroles tellement ils étaient choqués..
Le Carpathia a lui-même eu beaucoup de difficultés à évoluer au milieu des glaces, un des passagers a témoigné en disant « pas un seul coin bleu d’océan n’était visible, rien que des glaces ! »
Très vite une polémique s’élève, dénonçant une autre grave et terrible faute dans le refus de réduire la vitesse malgré cette annonce pourtant bien émise, de la formation de la banquise le long de sa route, encore ce désir de vouloir à toute force gagner le « ruban bleu » décerné pour un nouveau record éventuel, entre Paris et New York, qui avait fait choisir cette route du nord plus rapide, mais tellement plus dangereuse, en cette saison ! De même une polémique concernant le nombre peu élevé de ces canots de sauvetage par rapport au nombre de passagers ! »
Enfin, les journaux et la presse relevaient :
« Les autorités compétentes suggèrent avec une grande justesse qu’il faudrait créer une surveillance des icebergs en mettant une patrouille internationale des glaces chargée de prévenir des dangers pour la navigation, ce qui obligerait les navires à choisir une route plus au sud en fonction des dangers. De même, il faudrait exiger de tous les bâtiments qu’ils possèdent une radio qui puisse marcher sur batterie de secours quoiqu’il arrive, et surtout qu’ils soient à l’écoute 24 heures sur 24 heures afin de capter le moindre S.O.S. Le monde entier est secoué par ce drame, cela montre combien trop de confiance a été mise dans les réussites technologiques, et met en lumière toutes les insuffisances techniques. L’acier de la coque était sans doute trop cassant, n’y avait-il pas trop de soufre et pas assez de manganèse dans sa composition comme l’avancent déjà certains experts ? On n’a pas fini de rechercher les responsabilités.. »
Il est assez intéressant cent ans plus tard, de relire ce récit décrit par tous les journaux sans exception et tous les magazines de ce mois d’avril 1912.
Le monde entier a été terriblement commotionné en pensant à tous ces malheureuses personnes plongées dans les eaux glaciales de l’Atlantique Nord et chacun dénonce également haut et fort, l’injustice affreuse faite aux infortunés passagers de troisième classe, empêchés de gagner à temps les chaloupes.
C'est la catastrophe maritime la plus médiatique de tous les temps à défaut d'être la plus meurtrière. L’avènement de la Télégraphie sans fil TSF a totalement révolutionné le monde de l’information avec une rapidité de la transmission des nouvelles, impensable jusque-là, ce qui a donné un impact particulièrement important à ce naufrage.
Cette TSF peut être considérée pour cette époque comme aussi puissant et faramineux qu’internet de nos jours !
Ce navire britannique, pourtant totalement sécurisé, sombre au cours de son voyage inaugural, dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, environ 1502 victimes, environ, parce qu’on ne connaissait pas le nombre de passagers clandestins possible... Deux ans plus tard, le naufrage de l’Empress of Ireland, le 29 mai 1914 coule près de Rimouski, après avoir été abordé par un cargo norvégien, dans un banc de brume.. Il y aura là aussi un nombre terrible de morts, 1012 morts ! L'impact mondial en sera moins élevé à cause de la guerre de 14, dit-on..
Aujourd’hui nous en savons un peu plus, depuis la découverte de l’épave le 1er septembre 1985.
Ce paquebot magnifique, dont tout le monde vantait la modernité et le luxe, et surtout les nombreux équipements dont il était pourvu pour une sécurité maximum, a pourtant coulé en cette sombre nuit du mois d’avril 1912 ! !
Il a été retrouvé de nombreux rivets tout autour de l’épave. Aucune fissure, aucune déchirure lors de l’impact avec l’iceberg n’a été détectée, mais des points ont cédé sur les plaques d’acier. Trois millions de rivets avaient été nécessaires pour ce navire. Il est important de se souvenir que le chantier de Belfast construisait trois navires à la suite, et plus de 9 millions de rivets avaient été commandés pour cela. Il y a eu pénurie d’acier et des éléments moins résistants en fer ont été utilisés à la poupe et à la proue, 48 rivets d’entre eux, en fer, ont été retrouvés et analysés..
Les expert se posent une question cruciale.. Si tous les rivets avaient été en acier donc plus résistants, jusqu’à une pression de 4 tonnes, est ce que cela n’aurait pas permis au navire de mieux résister et donc de couler moins vite, permettant peut-être au Carpathia d’arriver à temps pour sauver tous les passagers ?..
Son commandant Smith le pensait réellement insubmersible c’est pourquoi il a été loin de s’affoler, et de précipiter les évacuations.. Il a fallu que Thomas Andrew, l’architecte du paquebot et le commandant Smith lui-même , aillent faire une inspection pour découvrir que la salle du tri était inondée, alors Andrew comprit que les compartiments étaient déjà envahis, les cloisons étanches n’arrivant pas jusqu’en haut, une fois remplies elles s’écoulaient dans les autres !
Le navire était déjà condamné!
Il restait à grand peine une heure ou deux ! Le signal de détresse est alors envoyé.. des S.O.S sont reçus par le Carpathia, ce navire se trouve le plus proche à seulement 58 milles soit 107 kms.. il n’avance qu’à 15 nœuds, il va forcer au maximum jusqu’à atteindre les 17,5 nœuds, mais lui aussi navigue dans les glaces qui le ralentissent…
Certains canots partaient sans être totalement remplis, les passagers ne croyant pas eux non plus au début, à un naufrage, d’autant que l’orchestre dirigé par Wallace Hartley, continuait à jouer , dans le but d’éviter l’affolement, cet orchestre continuera à jouer sur le pont avant sur ordre du commandant, ..
Non, personne ne s’attendait à un tel malheur !
Un iceberg est pourtant là, en travers de leur route à 23 heures 30 et en moins de trois heures, près de mille cinq cents personnes vont périr. Des gens nagent dans l’eau essayant de rejoindre les canots les plus proches, ceux qui sont remontés meurent à peine repêchés. La température de l’eau étant entre -1° et -2° les canots eux-mêmes étaient remplis d’eau et les personnes y meurent également de froid.
A 2 heures 18 les lumières du bateau s’éteignent, le navire se brise en deux au niveau de la deuxième et de la troisième cheminée, la partie avant coule, la partie arrière flotte encore quelques instants puis se remplit d’eau et inexorablement coule à son tour lentement..
Les rescapés du Titanic vont témoigner de l'incompétence des autorités du bateau et de l'injustice faite aux malheureux passagers de la troisième classe, empêchés de gagner à temps les chaloupes. Des témoignages accablants !
De nos jours, cent ans plus tard, même sous étroite surveillance, même surveillés par des radars et des satellites, les icebergs restent toujours une menace pour la navigation! Malgré tous les progrès techniques accomplis depuis un siècle, l'œil humain reste encore l'un des moyens les plus courants pour les détecter affirment les scientifiques
« Les icebergs sont très dangereux parce qu’ils dérivent, ils ne restent pas sur place et lorsque la mer est très agitée, ils peuvent être masqués, et ainsi échapper aux radars Aujourd'hui, la probabilité de heurter un iceberg est de une sur 2.000. Le risque était deux fois plus élevé en avril 1912, lorsque le plus grand paquebot de l'époque a été envoyé par le fond avec 1.514 de ses passagers », estime Brian Hill, expert du Conseil national de la Recherche (CNR) canadien. Seulement deux collisions avec un iceberg sont enregistrées par an.
Créée dès 1913 au lendemain du naufrage du Titanic, l'IIP l'International Ice Patrol, surveille dans le nord-ouest de l'Atlantique, le "couloir d'icebergs" situé près de Terre-Neuve et du Labrador et sillonné par des montagnes de glace qui se sont décrochées du Groenland. Cette organisation met tout en œuvre pour traquer ces dangers ambulants. L'IIP a ainsi tenté de peindre les icebergs en rouge, sans parvenir à faire tenir la couleur sur la glace. Elle a également cherché à y fixer des émetteurs radios, depuis un avion.. Elle a même tenté de les bombarder. En 1959, 20 bombes de 400 kg ont été lâchées sur un iceberg de 70 m de haut et de 145 m de large. Mais cela a juste cassé quelques petits morceaux sans aucun effet important justifiant une telle chose Des explosifs fixés directement à l'intérieur de l'iceberg se sont révélés légèrement plus efficaces. Le seul résultat tangible, c'est qu'au lieu d'avoir à suivre un gros iceberg, il s’en produisait d'un seul coup plusieurs petits qui étaient tout aussi dangereux", explique l'expert.
L'IIP préfère s’appuyer sur la prévention et sur l'alerte, en déployant des avions-radar et en compilant les données transmises par les navires qui circulent dans la zone ainsi que sur les satellites d'observation. Ces satellites peinent à différencier les petits icebergs des gros navires. En novembre 2007, le bateau de croisière MV Explorer a coulé après avoir heurté un iceberg au large de l'Antarctique mais les 100 passagers et les 54 membres d'équipage ont pu être secourus.
Reste que l'erreur est humaine et une catastrophe semblable à celle du Titanic est toujours possible.

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Marie-Hélène Morot-Sir151 articles

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Auteur de livres historiques : 1608-2008 Quatre cents hivers, autant d’étés ; Le lys, la rose et la feuille d’érable ; Au cœur de la Nouvelle France - tome I - De Champlain à la grand paix de Montréal ; Au cœur de la Nouvelle France - tome II - Des bords du Saint Laurent au golfe du Mexique ; Au cœur de la Nouvelle France - tome III - Les Amérindiens, ce peuple libre autrefois, qu'est-il devenu? ; Le Canada de A à Z au temps de la Nouvelle France ; De lettres en lettres, année 1912 ; De lettres en lettres, année 1925 ; Un vent étranger souffla sur le Nistakinan août 2018. "Les Femmes à l'ombre del'Histoire" janvier 2020   lien vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=evnVbdtlyYA

 

 

 





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2 commentaires

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    15 avril 2012

    je vous copie cet article de l'AFP en date du 15 avril 2012:
    "Cent ans après, le monde commémore le drame du Titanic
    Fleurs jetées dans l'eau glacée qui a englouti le Titanic, inauguration d'un monument en Irlande où le paquebot a été construit, cérémonie au Canada où reposent des victimes : 100 ans après la catastrophe, le drame a été commémoré des deux côtés de l'Atlantique et en pleine mer.
    Deux bateaux de croisière - l'un en provenance de Southampton, port anglais d'où le paquebot avait pris la mer le 10 avril 1912, et l'autre parti de New York, destination prévue du Titanic - sont arrivés sur les lieux du naufrage dans la nuit de samedi à dimanche, cent ans jour pour jour après la catastrophe qui a fait plus de 1.500 morts.
    A bord du Balmoral qui refait la traversée du Titanic, les quelque 1.300 passagers, parmi lesquels des descendants de victimes, ont observé deux minutes de silence en pleine nuit.
    Trois gerbes, bénies par un prêtre, ont été jetées du pont dans l'océan, au moment même où cent ans plus tôt le paquebot avait sombré après avoir heurté un iceberg, selon des images retransmises par la BBC.
    Pour Jane Allen, dont le grand-oncle a fait partie des victimes, cette cérémonie a été une expérience "incroyable".
    "Vous regardez par-dessus bord et vous réalisez que chaque homme, chaque femme qui n'a pas eu la chance de monter dans un canot de sauvetage a dû prendre la décision soit de sauter soit de rester à bord jusqu'à ce que les lumières s'éteignent", a témoigné Jane Allen sur la BBC.
    A bord du Journey, venu de New York, les 440 passagers ont eux vécu la reconstitution de la catastrophe à l'endroit même où l'épave du Titanic repose par 3.800 mètres de fond.
    Un siècle plus tard, à la minute près, les haut-parleurs du Journey ont répété le message d'alerte du commandant du Titanic annonçant que le paquebot, alors considéré comme insubmersible, avait heurté un iceberg, selon une retransmission de la chaîne publique de télévision canadienne CBC. Puis sont venus les textes des messages de détresse successifs, transmis en morse, jusqu'au dernier, brouillé.
    Le naufrage, avec à la clé ses quelque 1.500 morts, a été symbolique à plus d'un titre : illustration de l'arrogance de l'homme moderne puni par la nature, de la ségrégation entre les riches, en première classe, et les émigrants et matelots, logés près de la cale, voire, pour certains, signe annonciateur du déclin de l'empire britannique.
    Aussi, sa commémoration a-t-elle pris l'allure d'un évènement international, des côtes britanniques à celles de l'Amérique du Nord.
    A Belfast, où le Titanic a été construit, quelque 300 personnes ont assisté dimanche à l'inauguration d'un monument où figurent pour la première fois les noms de tous les passagers et membres de l'équipage, y compris les musiciens à bord du bateau. Les noms apparaissent par ordre alphabétique, sans qu'il ne soit fait de distinctions en fonction de la classe dans laquelle les passagers voyageaient.
    Un des descendants du médecin du Titanic, le docteur John Simpson, a déposé une gerbe au pied du monument, une pierre surmontée de plaques de bronze. "Je suis fier de garder vivante la mémoire de mon ancêtre", mort dans la tragédie, a déclaré Jack Martin, 12 ans.
    De l'autre côté de l'Atlantique, au port canadien d'Halifax, où reposent les restes de nombreuses victimes, des fusées de détresse sont montées vers le ciel en souvenir de celles lancée par le Titanic, et une marche aux flambeaux a été organisée samedi soir.
    Warren Ervine était parmi ceux qui ont parcouru les rues de la ville, un cierge à la main, derrière une charrette transportant un cercueil vide. Son grand-oncle Albert a péri dans le naufrage.
    "Il y a encore dix ans, je ne savais même pas qu'il était membre de l'équipage", a-t-il confié. Puis il a découvert qu'Albert avait sauvé la vie de plusieurs personnes. C'était "un héros", s'exclame-t-il
    Dimanche, Halifax rendra un dernier hommage aux victimes, à l'occasion d'une cérémonie interconfessionnelle au cimetière de Fairview Lawn, où ont été enterrés 121 corps de naufragés."

  • Archives de Vigile Répondre

    14 avril 2012

    Saviez-vous que le constructeur du Titanic était né à.... Québec!
    http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/la-capitale/201204/14/01-4515329-histoires-deau.php
    Valérie Gaudreau
    Le Soleil

    (Québec) «Quand je dis que le constructeur du Titanic est né à Québec, on me regarde comme un extraterrestre!» Il n'en fallait pas plus pour que John O'Connor réalise que l'histoire de William James Pirrie est plus que méconnue dans la capitale.
    Secrétaire de la société d'histoire irlandaise Irish Heritage Quebec, John O'Connor le dit d'entrée de jeu: il n'est «pas un expert à tout casser» de William James Pirrie. Le fait que celui qui allait devenir président des chantiers Harland and Wolf, constructeur du Titanic, est né à Québec, il l'a découvert en lisant Titanic: The Canadian story d'Alan Hustak.
    Tout de suite, John O'Connor a voulu en savoir plus sur William James Pirrie. Né à Québec en 1847, l'homme a laissé bien peu de traces dans la capitale. Et pour cause: il est parti à l'âge de deux ans seulement.
    On sait toutefois que son père, James Alexander Pirrie, né en Irlande du Nord, serait venu à Québec en 1844 pour faire fortune. Il avait 22 ans.
    Loin des milliers d'immigrants irlandais pauvres, majoritairement catholiques, qui fuyaient la maladie et la famine, le paternel avait plutôt le sens de la business. Tout indique que le jeune William est en effet né dans une famille protestante aisée. «Dans les annuaires de la Ville, on voit qu'en 1844 ou 1845, il y a une inscription pour un commerce au nom de J-A Pirrie, sur la rue Dalhousie», explique M. O'Connor.
    Il a aussi retrouvé une adresse résidentielle rue Sainte-Geneviève, près de l'actuel consulat américain. «On peut dire qu'il était de la classe affaires.»
    Presbytérien, James Alexander Pirrie a fait baptiser son fils à St. Andrews, selon M. O'Connor.
    Puis, deux ans plus tard, le destin frappe: le père de William James Pirrie meurt du choléra.
    M. O'Connor n'a personnellement pas retracé ce fait, ni vu de sépulture de J-A Pirrie. Mais plusieurs références historiques indiquent que le père du jeune William a succombé à cette maladie comme des milliers d'autres victimes des grandes épidémies de choléra qui ont touché Québec depuis 1832. Celle de 1849, qui a emporté Pirrie, a fait 1052 morts, y compris le premier maire de Québec, Elzéar Bédard.
    Impitoyable, la maladie ne s'attaquait donc pas seulement aux plus démunis ou aux immigrants qui débarquaient au port de Québec, entassés dans des bateaux.
    Pour le jeune Pirrie, le choléra aura aussi un autre impact: en 1849, sa mère décide de regagner l'Irlande du Nord.
    Et si le choléra a chamboulé le destin du futur constructeur du Titanic, l'épidémie a aussi provoqué une petite révolution à Québec dont tous les citoyens profitent encore aujourd'hui: le réseau d'aqueduc.
    «Des études menées à Londres vers 1845 ont montré que le choléra se transmettait par l'eau», explique l'historien Réjean Lemoine. Désireuse d'en finir avec la maladie et les incendies majeurs, Québec décide en 1852 de se doter d'un aqueduc sous l'impulsion d'un maire au nom prédestiné: Narcisse-Fortunat... Belleau.
    «C'est la plus grande décision qui a été prise par un maire au 19e siècle», estime M. Lemoine.
    Grande. Et chère. Québec a emprunté de l'argent et acheté des tuyaux en Angleterre, a fait venir un ingénieur de Boston. «C'était un investissement majeur qui a coûté deux ou trois millions$, la Ville s'est mise dans le trouble pendant 40 ans!»
    Pendant que Québec paye sa dette, le jeune William James Pirrie, lui, gravit les échelons de l'autre côté de l'Atlantique. Dès l'âge de 15 ans, en 1862, il entre comme dessinateur aux chantiers Harland and Wolf de Belfast. Il deviendra président en 1894 de cette compagnie qui construit les navires de la White Star, dont le célèbre Titanic.
    Retenu par la maladie, William James Pirrie n'était pas du voyage fatidique dont le somptueux navire n'est jamais revenu après avoir coulé dans la nuit du 14 au 15 avril 1912.
    Il est plutôt mort 12 ans plus tard, le 6 juin 1924, d'une pneumonie à l'âge de 77 ans. William James Pirrie partait pour un voyage d'affaires en Amérique latine par bateau. Mort sur l'eau. L'eau qui a marqué son destin