La juge en chef de la Cour du Québec, Lucie Rondeau, s’est vidé le coeur dans une entrevue au Devoir. Elle ne digère pas les critiques formulées à l’encontre des juges de paix dans la foulée de la commission Chamberland. Pire, elle accuse la presse d’avoir induit la population en erreur.
La sortie de la juge Rondeau est d’un corporatisme aveugle, qui semble bien enraciné au sein de l’institution qu’elle représente. Au coeur des travaux de la commission Chamberland, en juin dernier, la Cour du Québec avait diffusé un communiqué pour le moins étonnant, en reprochant à des médias ayant le statut de participant d’avoir tenu des propos choquants à l’égard des juges et des juges de paix de la Cour du Québec et de les avoir insultés. Des journalistes avaient alors traité de « rubber stampers » les juges de paix qui avaient approuvé la surveillance d’une source de Monic Néron, reporter au 98,5 FM.
Lucie Rondeau était juge en chef au moment des faits, ce qui revient à dire qu’elle portait la responsabilité de ce communiqué non signé. La Cour du Québec affichait alors sa piètre compréhension de la liberté de presse. Pour d’obscurs motifs de déférence à l’égard des figures en toge rouge, elle en appelait indirectement à l’autocensure de tout journaliste et tout commentateur dont les médias d’appartenance bénéficiaient d’un statut de participant devant la Commission.
On aurait pu croire à une erreur de jugement isolée, mais les nouvelles déclarations de la juge Rondeau révèlent une grande méfiance à l’égard des journalistes et une compréhension tronquée des enjeux sous-jacents au scandale de surveillance des journalistes d’enquête parmi les plus réputés de la profession. Les médias n’ont pas exagéré la portée des protections juridiques pour les sources et le matériel journalistiques. Les juges de paix ont plutôt négligé ou banalisé la jurisprudence par laquelle ces droits ont été affirmés et réaffirmés.
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