Les chefs de gouvernement du Québec, de la France et du Canada ont d’une même voix encensé le projet de libre-échange avec l’Union européenne (UE) devant des gens d’affaires réunis à Montréal, jeudi. Tour à tour, Philippe Couillard, Manuel Valls et Justin Trudeau ont pris le micro pour répondre aux principales critiques de l’Accord économique et commercial global (AECG), qui doit être signé le 27 octobre à Bruxelles.
Les trois premiers ministres ont martelé sans relâche les bienfaits de l’entente, basée sur les « valeurs communes » entre le Canada et l’Europe. L’AECG serait bénéfique tant pour le droit des travailleurs que pour la prospérité des moins fortunés, garantissant le maintien des services publics et l’exception culturelle, aux dires des dirigeants, qui vont jusqu’à le comparer à l’ambitieux accord de Paris sur les changements climatiques.
Pas unanimes
À l’intérieur du Centre Sheraton, les quelque 850 invités de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), qui ont dû débourser 150 $ pour le dîner-conférence, ont applaudi le consensus affiché par les premiers ministres. Pourtant, le sujet ne fait pas l’unanimité dans la population. Des deux côtés de l’Atlantique, le milieu environnementaliste et altermondialiste s’oppose au traité.
L’eurodéputé du parti Europe écologie Les Verts (EELV), José Bové, de passage à Montréal mercredi, a dit craindre pour les Canadiens advenant la mise en place de l’accord, « conçu pour le 1 % », selon lui. « On va ouvrir les marchés, et les grandes multinationales européennes pourront s’installer sans autre critère que celui du moins cher. »
Une manifestation organisée par le comité d’accueil Stop AECG a d’ailleurs eu lieu en marge de la venue du premier ministre Valls. Des représentants de Québec solidaire y ont notamment participé.
Le premier ministre du Québec a pesté contre les opposants à l’AECG, qualifiant leur discours de « protectionniste et défensif ». Son appui sans faille au libre-échange avec l’Europe est la position « véritablement progressiste », selon lui. « La fermeture des marchés nuit à l’emploi […] et nuit avant tout aux moins fortunés. »
Le chef du gouvernement français a pour sa part qualifié l’entente de « meilleur accord jamais conclu entre l’Union européenne et une autre puissance commerciale ».
Manuel Valls a du même souffle émis des doutes quant au projet d’accord similaire, cette fois entre l’UE et les États-Unis, « embourbé » après 15 séances de négociations.
Avec le Canada, au contraire, l’Europe partage « les mêmes valeurs, la même vision du progrès », soutient-il. C’est pourquoi l’entente représente une situation « win-win-win » : bénéfique tant pour les entreprises, les pays que « pour les citoyens, aussi ».
Le texte de l’AECG devra dans un premier temps être voté par le gouvernement fédéral canadien et par le Parlement européen, après quoi la majorité de ses dispositions s’appliqueront. Dans certains pays, l’accord est fortement contesté, comme en Allemagne, en Autriche ou en Belgique.
Selon Philippe Couillard, la crédibilité du projet européen serait mise à mal par un rejet du traité. « C’est aussi un test sur l’Europe quant à sa capacité d’agir dans son contexte actuel. Car, disons-le franchement, s’il y a un pays avec lequel il est logique pour l’Europe de conclure une entente de libre-échange, c’est bien le Canada. À l’inverse, on pourrait dire que si ce n’est pas possible avec le Canada, avec qui donc ce serait possible ? »
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Des premiers ministres en croisade pour le libre-échange
Philippe Couillard, Manuel Valls et Justin Trudeau se portent à la défense du traité critiqué par plusieurs
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