Le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur du Québec, sous le gouvernement de Philippe Couillard, a dépensé 1,6 million de dollars pour réviser les manuels d'histoire des écoles secondaires de la province. « Réviser » étant un euphémisme : dans certains cas, on a carrément effacé des pans entiers de l'Histoire du Québec, et ce, dans le seul but de ménager les sensibilités des Autochtones.
Parmi les changements apportés au « manuel de l'élève ou au guide d'enseignement des ensembles didactiques pour le programme d'études Histoire du Québec et du Canada de 3e secondaire » : la suppression du terme « Amérindiens ». On a également procédé au « remplacement de plusieurs images considérées comme stéréotypées » et au « remplacement d'une image représentant les Autochtones à la guerre ».
De nombreux segments de textes ont aussi été modifiés. Un de ces changements fait sourciller : « Ajout des conséquences négatives de l'invasion du territoire par les Français », nous apprend Le Devoir. À l'heure de la diabolisation de l'homme blanc, on peut facilement imaginer la composition de cette « satire burlesque ». Un autre exemple : « Reformulation des causes des hostilités entre les Iroquois et les habitants de la colonie ». On devine le reste.
Des professeurs se sont indignés de cette démarche réalisée au cours de l'été. C'est le cas de Gilles Laporte, du Cégep du Vieux-Montréal. « C'est une forme de clientélisme, on l'a déploré en politique, le voilà en histoire », a-t-il déclaré à l'émission de Mario Dumont sur les ondes de TVA. « Il y avait autrefois un seul vrai récit national ; au contraire, on assiste davantage à un catalogue de groupes qui se manifestent dans le présent, mais qui veulent se voir dans le passé », a-t-il ajouté.
Un autre historien, Denys Delâge, a aussi critiqué la révision des manuels d'histoire, entre autres en ce qui concerne l'omission d'un massacre entre Autochtones survenu dans une île de l'archipel du Bic en 1534, un épisode relaté par Jacques Cartier. « L'île au Massacre, c'est une vieille tradition. Les communautés autochtones vivaient avec la guerre aussi. La guerre n'est pas le propre de l'Europe. Il y avait des captifs et il y avait des mises à mort. C'est aberrant de faire comme si c'était des sociétés idéales et parfaites », a déclaré M. Delâge.
Ici encore, on a voulu éviter « d'alimenter certains préjugés ou de véhiculer certains stéréotypes » à l'égard des Autochtones. À une autre époque que l'on souhaite oublier, Joseph Staline avait lui aussi voulu modifier les livres d'histoire de l'Union soviétique.