Dépassons Copenhague, tout en nous informant des vraies urgences planétaires

Victoire pour les écologistes et défaite pour le vrai monde!

Tribune libre

Le sommet de Copenhague sera un franc succès pour les écologistes… en arrachant un consensus complexe de réduction des GES, (spécialement du CO² imputé à l’action humaine) de 40 à 50% d’ici 2050. Tout cela, bien entendu, accompagné de menaces et de contraintes économiques. Cela est impensable pour les pays en voie de développement, comme pour la Chine et l’Inde, l’Afrique, l’Asie, l’Amérique Latine, la Russie, et même le Canada avec ses sables bitumineux et les États-Unis avec ses usines.
La base des quotas n’est pas réaliste et relève d’un idéal que les pays se sont fixés à Kyoto en 1998, et non à partir de la réalité des développements économiques et sociaux de la planète. Ils se sont basés sur les recherches du réchauffement climatique du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat). Or le dernier rapport du GIEC, en 2007, affirme que les scientifiques sont plus ou moins à 90% sûrs que le réchauffement climatique soit dû à l’activité humaine. Dans le domaine scientifique, cela est inadmissible. Ce qui me semble raisonnable et réalisable, c’est que les quotas qui seront atteints à travers le monde, en 2050, seront de l’ordre du 5 à 10% de réduction des gaz à effet de serre. Cela au grand dam des écologistes! Copenhague avec ses 1,200 limousines, ses 140 jets privés et ses hors-d’œuvre au caviar aura coûté très cher en argent, en pollution et en pétrole. Que voulez-vous, c’est la rencontre des grands de ce monde!
Mais ce qui est le plus scandaleux dans tout cela, c’est qu’on cherche, via le « cap and trade » comment faire pour s’enrichir davantage d’ici 2050. Malheureusement, Copenhague ne règlera rien des changements climatiques et nous aura détournés, un certain temps, des graves problèmes qui sévissent sur la planète. L’hypothétique réchauffement climatique dû à l’activité humaine est secondaire quand on regarde les urgences qui menacent notre survie sur la planète.
1) L’urgence d’une politique de l’eau potable
L'eau est une ressource limitée et indispensable à la vie et aux activités humaines, quelle soient alimentaires, domestiques, agricoles ou industrielles, etc. Personne ne peut vivre sans eau potable. On peut se passer du pétrole, mais non de l’eau potable. Tout l’écosystème en a besoin. La gestion de l’eau devient de plus en plus géopolitique. Il y a des pays qui en ont beaucoup, comme nous au Québec, il y en a d’autres qui en ont très peu.
Il est urgent que le Conseil mondial de l’eau (CME) mette son pied à terre pour que l’ONU reconnaisse, le plus tôt possible, l’accès à l’eau comme un droit fondamental pour l’humanité et que ce sont les gouvernements qui en ont la responsabilité d’en assurer l’accès à tous. Ce droit fondamental doit être balisé par une charte de l’ONU pour protéger et gérer les sources naturelles et éviter que la gestion de l’eau ne tombe dans les mains de grandes multinationales qui n’ont que le profit en tête, sans égard aux besoins des différentes populations du globe. De plus la gestion de l’eau ne doit pas se limiter à la protection et à la disponibilité des ressources aqueuses, mais aussi à la nécessité de maintenir en vie les écosystèmes, et que les ponctions qui en dépendent ne servent qu’à combler les besoins de base des différentes populations et jamais à un commerce régional ou international lucratif. La gestion de l’eau ne peut pas attendre 20 ans, 30 ans ou 50 ans comme le réchauffement hypothétique de la planète!
2) L’urgence d’une politique de la démographie
D’ici 2050, la planète devra accueillir environ deux milliards de personnes de plus, avant que la population mondiale se stabilise autour des neuf milliards d’habitants. Comment allons-nous faire pour accueillir ces 2 milliards de personnes? Une politique de la démographie devra inclure un droit fondamental à la migration. Il est urgent que l’ONU se penche sur cette problématique. Dans un avenir rapproché, nous devrons nous libérer du syndrome du 11 septembre 2001, où tout étranger est vu ou perçu comme une menace.
Le moyen le plus efficace de contrôler la population mondiale consiste à élever le niveau de vie des pays en voie de développement. Plus un pays se développe, plus la misère recule, plus le nombre d’enfants diminue. Pour éviter de chatouiller certaines sensibilités, en utilisant le mot « charité », je fais appel à l’internationalisation des solidarités et du commerce équitable entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest. L’éducation des parents, des filles et des mères est une autre mesure efficace du contrôle naturel des naissances. Ces deux moyens sont plus opérants que la pratique de l’avortement ou la provocation d’une pandémie mondiale. On sait quand elle débute, mais on ne sait pas quand elle s’arrêtera. Cette politique ne peut pas attendre 20 ans, 30 ans ou 50 ans comme le réchauffement hypothétique de la planète!
3) L’urgence d’une politique de disposition des déchets
Si le phénomène des déplacements des populations se poursuit, les 2 milliards de personnes de plus vont s’installer à 70 et 80% dans les grandes villes. Comment allons-nous gérer les déchets générés par l’arrivée de ces nouvelles populations? La gestion des déchets devient une troisième urgence mondiale, parce qu’elle touche toutes les grandes villes de tous les pays du monde.
La Convention de Bâle sur les déchets de 2008 a démontré l’ampleur et l’urgence de la problématique de la disposition des déchets solides et dangereux comme les vieux ordinateurs et téléphones cellulaires. Actuellement plusieurs technologies voient le jour et se développent très rapidement à travers le monde. Il y a une tendance lourde, cependant, à disposer de ses déchets en les envoyant vers les décharges ouvertes et non contrôlées des pays en voie de développement qui en subissent les conséquences directes sur la santé publique de leur population et la contamination de leurs ressources en eau potable. L’ONU devrait établir une charte ou une politique claire sur la gestion des déchets à travers le monde. Cela permettrait le partage des procédés innovants et des expériences réussies dans ce domaine, un peu partout à travers le monde. La gestion des déchets ne peut pas attendre 20 ans, 30 ans ou 50 ans comme le réchauffement hypothétique de la planète!
4) L’urgence d’une politique de l’alimentation
En septembre 2006, le directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a lancé un appel urgent en faveur d’une deuxième "révolution verte" (la première révolution a eu lieu entre 1950-1960 avec l’arrivée massive des engrais, pesticides et herbicides, malheureusement plus chimiques qu’écologiques) qui permettrait de nourrir une population mondiale croissante tout en préservant les ressources naturelles et l’environnement. Selon la FAO, dès maintenant, il faudrait produire un milliard de tonnes de céréales de plus par année pour y arriver. Le défi est majeur cette fois-c pour nourrir les neuf milliards d’habitants de la planète, non pas à cause du nombre, mais parce que les ressources en eau et en terre arabe sont en régression dans plusieurs régions du monde.
De plus, les investissements en agriculture diminuent d’année en année parce qu’ils ne proposent pas de rentabilité à court terme. Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, n’a reçu que 3,7 milliards en 2009, au lieu des 6,7 milliards promis. Quelle inconsistance mondiale! Le fameux slogan, « On va doubler la production alimentaire », n’a été qu’un vœu pieux jusqu’à maintenant. La faim dans le monde est un problème urgent. On ne peut pas affamer indéfiniment des populations entières, sans devoir payer un jour le prix d’une révolte généralisée. Les affamés dans le monde ne peuvent pas attendre 20 ans, 30 ans ou 50 ans comme le réchauffement hypothétique de la planète!
5) L’urgence d’une politique d’économie physique mondiale
Le gouffre financier dans lequel se trouvent tous les pays actuellement est hors contrôle. Et les Nations Unies ne semblent pas voir l’urgence de mettre la hache dans le système monétariste mondial. Depuis une cinquantaine d’années, les requins de la finance, toujours impunis jusqu’à aujourd’hui, ont érigé un système monétaire totalitaire (via les différentes bourses à travers le monde et les paradis fiscaux) au-dessus de toutes les lois des États-Nations. Et aujourd’hui, ils ont le culot de demander, aux épargnants que nous sommes et aux trésors publics des différents pays, de leur venir en aide et de les sauver de la faillite. Quelle fraude, quelle hypocrisie, quelle injustice, quel scandale ! Les Nations Unies reposent sur ce système monétariste malthusien soumis à la seule loi capitaliste du marché.
Il est urgent que le monde se réveille, avant qu’il ne soit trop tard! Il est impératif que les grandes nations du monde comme les États-Unis, la Russie, l’Inde et la Chine restructurent complètement le système financier mondial. Ils doivent mettre en faillite organisée toutes les banques et bourses qui se sont livrées à la spéculation et qui ont fait reposer leurs richesses sur un système monétaire virtuel. Ce système libéral monétariste a détruit l’économie physique, réelle. Les grands États-Nations doivent prendre le contrôle de l’économie réelle et changer les règles du commerce international, par un commerce équitable. Ils doivent réguler pour un temps jugé approprié le taux d’échange des différentes monnaies, le prix des énergies et des denrées alimentaires. Il faut revoir de fond en comble le fonctionnement tordu des Nations-Unies avec ses organismes sophistiqués et incontrôlables, comme l’OMC, la FAO et le FMI, etc.
Les quatre grandes puissances économiques doivent recentrer l’économie physique sur de grands projets d’équipements et de développements d’infrastructures au service de l’homme. Les États-Nations doivent se libérer de la dictature de l’écologisme du GIEC et d’Al Gore, avec « Son mensonge qui dérange » et la fameuse taxe britannique-hollandaise sur le carbone destinée en enrichir encore une fois les grandes entreprises et à freiner le développement industriel des pays en voie de développement. La politique d’une économie réelle ne peut pas attendre 20 ans, 30 ans ou 50 ans comme le réchauffement hypothétique de la planète!
En terminant, c’est bien beau le réchauffement climatique traité à Copenhague, mais cela passe largement au-dessus de la tête du commun des mortels. Cependant chacun de nous peut faire de petits gestes quotidiens pour protéger l’environnement et la planète. Pour dépasser Copenhague, à la maison, au bureau, sur la route, au magasin, en vacances, favorisons les énergies renouvelables, faisons attention à notre consommation, au gaspillage, à la propreté, au recyclage, au compostage, à la pollution en éteignant le moteur de notre voiture, etc. Mis bout à bout, tous ces petits gestes contribueront à diminuer notre empreinte écologique et également une bonne partie de nos factures énergétiques. Bonne chance!

Marius MORIN
mariusmorin@sympatico.ca

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2 commentaires

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    10 décembre 2009

    Tout à fait de votre avis Monsieur Morin, merci de nous développer si bien cela, Copenhague et son spectacle nous occulte totalement tous les autres problèmes tout aussi importants que le climat, comme bien sûr l'alimentation ou une politique d'économie mondiale à mettre sur pied rapidement, et bien entendu l'eau !... Remarque nécessaire: ne pas mettre ces ressources majeures pour tous, entre les mains de'entreprises privées dont le seul moteur est le profit, et non pas le bien public !...

  • Archives de Vigile Répondre

    10 décembre 2009

    Encore une fois, M. Morin nous interpelle avec une réflexion qui nous sort de certaines vérités qui ne résistent pas toujours à leur questionnement. L’analyse nous conduit parfois à des remises en question et nous oblige à recentrer certaines priorités. C’est ce que fait M. Morin en mettant un bémol sur le spectacle de Copenhague et en identifiant des priorités autrement plus importantes et compromettantes pour les États-nations. Pour ma part, de sa liste, j’en retiens particulièrement deux : celle portant sur l’eau potable et celle portant sur l’économie physique globale.
    Sur la première, les gouvernements et les peuples doivent soustraire, sans aucun compromis, l’eau potable de la planète aux appétits d’entreprises dont la raison d’être demeure le profit et non le BIEN COMMUN. Ici au Québec, terre par excellence de cette richesse naturelle, les pressions se font insistantes pour que l’entreprise privée en prenne le contrôle. Avec les gouvernements que nous avons, tant à Ottawa qu’à Québec, il y a lieu de s’inquiéter. Plus que jamais il nous faut être vigilants.
    Le second point nous oblige à questionner les systèmes économiques qui régissent les ressources du monde et qui en assurent le partage. Il est inévitable que les États doivent de plus en plus intervenir, non pas pour renflouer les coffres dégarnies d’entreprises dont ils sont serviles, mais pour assurer les intérêts des peuples dont ils sont dépositaires. Si nous parvenons à modifier les États en de véritables forces prioritairement au service des peuples, bien des problèmes trouveront leurs solutions.
    Merci M. Morin pour cette autre réflexion qui nous sort des schémas traditionnels et nous oblige à donner plus de consistance à nos analyses.