L’immigration, la pénurie d’emplois et le bilan des libéraux ont été au cœur du débat économique organisé par LCN en collaboration avec la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, mardi.
Le bilan économique du Parti libéral du Québec a été particulièrement égratigné par les représentants des trois autres partis politiques à l’Assemblée nationale. Caquiste, péquiste et solidaire n’ont pas raté cette occasion de critiquer l’austérité des libéraux. Cible des attaques, Carlos Leitao a défendu son bilan.
Nicolas Marceau, ex-ministre des Finances et candidat péquiste, a indiqué que les 15 dernières années n’ont pas été un succès en immigration. Il a donné en exemple la question de la francisation et des départs des immigrants du Québec. «La connaissance du français, c’est la clé pour l’intégration», a-t-il soutenu.
Youri Chassin, de l'escouade économique de la Coalition avenir Québec, a abondé dans le même sens, assurant qu’il était possible de mieux faire en immigration. Il a rappelé la position de sa formation de réduire les seuils pour une meilleure intégration. «On en prend moins, on en prend soin», a soutenu l’économiste.
Balayant les accusations, M. Leitao a soutenu que «l’immigration, c’est l’économie». Il a rejeté l’idée de réduire les seuils, estimant que c’était difficile ensuite de réussir l’intégration des nouveaux travailleurs. En l’occurrence, il a souligné qu’une baisse de leur nombre aurait une incidence sur les transferts fédéraux.
«On ne peut pas dire que l'intégration doit être faite avant trois ans ou alors on vous débarque», a-t-il précisé.
Pugnace et très en verve, le solidaire Simon Tremblay-Pepin a insisté sur le fait que le Québec se devait d’accueillir avec «beaucoup de solidarité». «Les immigrants sont des êtres humains, a-t-il dit. On les reçoit ici pour qu’ils deviennent des citoyens pas seulement des rouages dans une machine économique comme vous le prétendez.»
«Les seuils doivent être établis en fonction de notre capacité d’accueil et de nos besoins en main-d’œuvre, ce ne sont pas les 40 000 ou 50 000 arbitraires, sortis d’un chapeau ou d’un conseiller en marketing, qui m’ont convaincu. Il faut faire ça de façon sérieuse», a pour sa part plaidé le candidat péquiste Nicolas Marceau.
Sur le thème de l’économie et de la fiscalité, Carlos Leitao a accusé les caquistes de défoncer des portes ouvertes, notamment sur leur proposition de transformer le mandat d’Investissement Québec.
Le péquiste Nicolas Marceau a fait savoir que deux visions économiques s’opposaient, soit la baisse des impôts et des taxes préconisée par les libéraux et les caquistes ou l’augmentation et l’investissement dans les services que propose le Parti québécois.
«On a un fardeau fiscal lourd. On paye beaucoup d’impôt au Québec», a déploré de son côté Youri Chassin. «Il faut faire plus et mieux», a-t-il fait savoir.
Le candidat solidaire, tout comme les autres, a souvent tiré à boulets rouges sur le cadre financier de la CAQ regrettant que plusieurs promesses n’étaient pas clairement indiquées. L’éducation a également eu une place prépondérante dans le débat, tout comme les infrastructures.
Mario Dumont était le modérateur de cette rencontre d’une heure, devant public, diffusée en direct sur les ondes de LCN.
LES COMMENTAIRES D'APRÈS-DÉBAT
Simon Tremblay-Pépin:
Premier à se présenter devant les journalistes après le débat, le solidaire Simon Tremblay-Pépin s'est attaqué à la CAQ. «Il y a des idées à la CAQ, mais on dirait que du côté des chiffres, il n'y a pas grand-chose pour les appuyer. [..] Il y avait un grand vide et je pense que la population va l'avoir vu», a-t-il affirmé.
M. Tremblay-Pépin a aussi défendu la vision de Québec solidaire, qui propose d'augmenter substantiellement les revenus de l'État afin de financer son imposant programme, notamment en matière de lutte aux changements climatiques. En faisant référence à l'administration de l'ancien premier ministre Robert Bourassa, le candidat a rappelé qu'ils «ont augmenté substantiellement les revenus de l'État parce qu'ils avaient de grands défis devant eux. On propose de faire la même chose».
M. Tremblay estime aussi qu'il est réaliste de financer ces services en augmentant le taux d'imposition des plus riches et il affirme douter que ceux-ci fuient la province à la suite d'une hausse d'impôt.
Carlos Leitao:
De son côté, le libéral Carlos Leitao a défendu le bilan économique de son gouvernement en justifiant les coupes dans les services. «Il fallait faire ça. Il fallait reprendre le contrôle des dépenses pour pouvoir continuer à financer les services publics [...]. C'est une illusion de penser qu'on peut continuer à offrir des services à crédit», a-t-il affirmé.
«L'économie du Québec est en très bon état. Nous sommes en plein emploi. [...] Je suis très fier de notre bilan. Nous avons fait ce que nous avions dit ce que nous ferions», a-t-il ajouté.
M. Leitao s'est aussi engagé à révéler les intentions du PLQ vis-à-vis d'une éventuelle privatisation de la SAQ avant que les Québécois soient appelés aux urnes, le 1er octobre.
Youri Chassin :
Pour sa part, le caquiste Youri Chassin a décoché est revenu sur la question de la réduction du seuil d'immigration, de 50 000 à 40 000 immigrants par année, si la CAQ est élue.
M. Chassin a notamment reconnu que cette baisse serait «temporaire». «On a de la difficulté à traiter les demandes. La capacité d'accueil est déjà dépassée. [...], a-t-il justifié, en refusant de dire pendant combien d'années le seuil serait maintenu à 40 000 immigrants. «Il faut se donner la flexibilité de voir la situation sur le terrain», a-t-il plaidé.
«J'ai été surpris que M. Leitao ne reconnaisse pas qu'il y a un problème d'intégration. Ce sont pour nous des évidences. Avec 40 000, on demeure la société la plus accueillante du monde», a-t-il ajouté.
Nicolas Marceau :
Enfin, le péquiste Nicolas Marceau s'est défendu de ne pas avoir parlé d'indépendance pendant le débat, en faisant valoir que la question de la souveraineté a été remisée à 2022 et que les sujets du jour ne s'y prêtaient pas nécessairement.
M. Marceau est aussi revenu sur sa proposition de mettre à jour la mission de la Caisse de dépôt et placement du Québec. «La caisse n'a plus le même mandat de développer l'économie du Québec», a déploré le candidat qui estime que la Caisse à une vision trop étroite en se contentant de faire fructifier ses actifs.
Le candidat a pris en exemple la vente de Rona en affirmant que la Caisse a analysé la transaction du seul angle de ses finances. «Elle ne s'est pas souciée de l'impact sur l'économie du Québec. [...] La caisse devrait avoir pour mission de regarder ça», a-t-il soutenu.