(Toronto) Deux médias de droite ont finalement eu gain de cause devant le tribunal pour obtenir une accréditation afin de couvrir le débat des chefs de lundi soir.
Un juge de la Cour fédérale a déterminé que Rebel Media et True North avaient démontré qu’ils subiraient un « préjudice irréparable » s’ils n’étaient pas en mesure de couvrir le débat des chefs en anglais, qui se tient de 19 h à 21 h au Musée canadien de l’histoire, à Gatineau, et le débat en français plus tard cette semaine.
Le juge Russel Zinn a indiqué que les motifs de sa décision seraient divulgués ultérieurement.
Dans des documents déposés séparément en cour, les deux médias faisaient valoir que la Commission aux débats des chefs avait agi de manière injuste et avait fait preuve de mauvaise foi en attendant le dernier jour ouvrable avant l’événement, vendredi, pour communiquer sa décision. Ils affirmaient que la commission indépendante n’avait pas motivé sa décision ni donné de critères d’accréditation, et avait agi de manière partisane en examinant et en rejetant ces demandes.
Les deux médias estiment que les débats organisés par la commission sont particulièrement importants, car ils sont les seuls auxquels le premier ministre sortant, Justin Trudeau, participera pendant la campagne électorale fédérale – le chef libéral a toutefois participé la semaine dernière au débat en français organisé par TVA.
Les procureurs de la commission s’opposaient aux requêtes des deux médias, ce qui fait que la Cour fédérale à Toronto a dû entendre l’affaire lundi après-midi, à quelques heures du débat en anglais.
Rebel Media et True North soutenaient qu’ils n’avaient été informés que vendredi du rejet de leur demande d’accréditation. Les deux médias auraient reçu un simple courriel de deux phrases de la direction de la tribune de la presse parlementaire à Ottawa, qui donnait comme motif leur subjectivité. Les deux médias ont toutefois fait valoir que d’autres médias colorés politiquement, comme le quotidien Toronto Star, avaient obtenu leurs accréditations.
Dans les documents judiciaires, True North affirmait que la décision de la commission était arbitraire et déraisonnable, à cause du manque de transparence dans le processus d’accréditation et de l’absence de tout recours. True North alléguait aussi que la décision équivalait à « une tentative du gouvernement actuel de censurer et de faire taire les médias qui ont fourni une plate-forme aux Canadiens ayant des opinions divergentes ».
Les deux médias déclaraient en outre dans les documents judiciaires qu’ils subiraient un « préjudice irréparable » s’ils se voyaient refuser l’accès au débat de lundi et au débat en français de jeudi.
Rebel avait demandé des accréditations pour son commentateur politique David Menzies et son reporter Keean Bexte ; True North voulait envoyer son journaliste Andrew Lawton.
M. Lawton soutient qu’il a été exclu le mois dernier d’un événement public organisé par les libéraux à Thunder Bay, en Ontario, et qu’il a par la suite reçu des excuses du parti. Il a également fait les manchettes l’année dernière alors qu’il se présentait comme candidat progressiste-conservateur aux élections provinciales en Ontario. Ses opposants avaient alors ressorti des commentaires qualifiés de misogynes, de racistes et d’homophobes. M Lawton avait imputé ces propos à son combat de longue date contre une maladie mentale, non précisée.