Frédéric Lacroix-Couture Le Nouvelliste (Trois-Rivières) Après avoir jonglé avec l'idée de présenter l'ancien président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, Léo Bureau-Blouin, voilà que le Parti québécois s'apprête à parachuter l'auteure et militante anti-islamiste, Djemila Benhabib, dans la circonscription de Trois-Rivières.
Une source proche de l'association péquiste régionale a confirmé au Nouvelliste que la chef de la formation politique annoncera la semaine prochaine la désignation de Mme Benhabib pour porter les couleurs du Parti québécois (PQ) dans le comté trifluvien. Joint par Le Nouvelliste, le président de l'association péquiste de Trois-Rivières, Yves Saint-Pierre, a toutefois refusé de confirmer cette candidature, mentionnant qu'il préférait laisser la chance à Pauline Marois d'en faire l'annonce.
C'est donc une personne de l'extérieur de la Mauricie qui défendra les idées du PQ dans une partie de la Cité de Laviolette. Pourtant, il y a un mois,Yves Rocheleau, vice-président de l'Association péquiste de Trois-Rivières, déclarait que la candidature de Léo Bureau-Blouin avait été rejetée pour un manque d'attache à Trois-Rivières, notamment.
Celle qui aura à affronter la future candidate péquiste, la députée libérale Danielle Saint-Amand, trouve «un peu insultant» qu'on parachute Djemila Benhabib à Trois-Rivières.
«Ce choix laisse entendre pour le PQ que Trois-Rivières est synonyme d'accommodements raisonnables».
Mme St-Amand soutient qu'il y a des enjeux importants pour la région, notamment la santé et l'économie, et elle craint donc que ce sujet qui a surtout fait les manchettes au Québec en 2007, devienne la seule priorité deMme Benhabib.
«Honnêtement, je ne pense pas que nous avons besoin de quelqu'un qui va refaire le débat sur les accommodements raisonnables», déclare-t-elle.
La députée a hâte d'entendre ce qu'aura à dire son adversaire péquiste sur les différents dossiers. De son côté, elle se dit prête à défendre son bilan, qu'elle qualifie «d'exceptionnel», peu importe les candidats qui se présenteront contre elle, mais ne croit pas que ses chances de réélection soient plus faciles parce que Mme Benhabib ne provient pas de la région.
«La chance durant une campagne électorale se passe toujours la journée du scrutin. C'est le citoyen qui décide, alors je ne pense pas qu'il ait une chance de plus ou de moins».
Candidature bien accueillie
Du côté du mouvement souverainiste de la région, la candidature de Djemila Benhabib est reçue favorablement.
La députée de Champlain, Noëlla Champagne, affirme qu'à son avis ce choix n'a pas été imposé par l'instance nationale du PQ, mais que ce fut une décision prise de concert avec l'association locale.
«Si l'exécutif de Trois-Rivières l'a acceptée, c'est parce qu'il a pris le temps de réfléchir et qu'il a bien fait les choses». Mme Champagne indique que sa future collègue connaît bien la région pour y avoir mis les pieds à quelques reprises lors de ses tournées promotionnelles pour ses livres.
Le fait que Djemila Benhabib soit possiblement peu informée sur les enjeux régionaux ne semble guère en déranger plusieurs. Noëlla Champagne croit que ce sera un défi supplémentaire pour la future candidate, mais non insurmontable en étant entourée d'une équipe d'ici qui saura la guider aux bons endroits.
L'ancien député péquiste de Laviolette, Jean-Pierre Jolivet, soutient aussi que l'important est qu'elle soit bien accompagnée par l'exécutif de Trois-Rivières. «À ce moment-là, elle est capable de définir des priorités et de défendre la région». Pour lui, cette candidature représente un bon coup pour le PQ puisqu'elle est une personne de notoriété et envoie également comme message que le mouvement souverainiste n'est pas raciste, contrairement à ce que l'ex-candidat caquiste, Kamal G. Lutfi, a écrit sur les réseaux sociaux.
Même si elle juge intéressante cette candidature et respecte son travail, l'ancienne députée bloquiste de Trois-Rivières, Paule Brunelle, croit quel'absence d'attachement à la région sera un bon défi pour cette blogueuse et auteure.
«C'est important à Trois-Rivières d'être bien intégrée dans le milieu et de bien connaître les gens. J'ai trouvé en sept ans et avec quatre campagnes électorales que c'est difficile de se faire connaître par la population. C'est un travail incessant. On se pense plus connu, mais on ne l'est pas vraiment».
Mme Brunelle et M. Jolivet ont par ailleurs souligné la bataille de Djemila Benhabib pour la liberté des femmes contre les extrémistes islamiques.
Les commentaires du chef d'Option nationale et député de Nicolet-Yamaska, Jean-Martin Aussant, tranchent avec ceux de Danielle Saint-Amand. Il souhaite bonne chance et la meilleure des campagnes à Mme Benhabib. «Je suis sûr que ça sera une campagne qui va se dérouler de façon civilisée et propre comme les gens s'y attendent».
M. Aussant présentera ces candidatures mauriciennes ce dimanche à Trois-Rivières, qui sont toutes originaires de la région, précise-t-il. Selon lui, il est toujours préférable que le candidat connaisse le comté où il se présente, mais il est toujours possible de faire un bon travail même si la personne n'est pas enracinée dans la région.
Lieu et date de naissance:
- née en Ukraine en 1972
Lieu de résidence actuel:
- Gatineau
Origines:
- grecque (sa mère) et algérienne (son père)
Arrivée au Québec:
- en 1997 après un séjour en France
Études:
- maîtrise en sciences politiques et droit international
Emploi:
- Avant d'être fonctionnaire au gouvernement fédéral, elle a été correspondante permanente au Canada pour le journal francophone algérien El-Watan
Livres:
- deux essais contre l'islam, soit Ma vie à contre-Coran (2009) et Les soldats d'Allah à l'assaut de l'Occident (2011)
Candidate péquiste dans Trois-Rivières
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