De CNN à France 24

17. Actualité archives 2007


En un mois, deux nouvelles chaînes internationales d'information continue sont venues garnir un paysage télévisuel déjà foisonnant. France 24 est entrée en ondes, jeudi, sur trois continents en plus des villes de New York et Washington (en français, en anglais, et plus tard en arabe). Le pendant en langue anglaise de la chaîne Al-Jazira est né quelques semaines plus tôt avec des moyens gigantesques: quatre bureaux, 500 journalistes, production en haute définition.
Ni l'une ni l'autre ne sont actuellement disponibles au Québec autrement que sur Internet.
Au total, il existe aujourd'hui une myriade de ces chaînes, de CNN à Russia Today en passant par la britannique BBC, l'italienne RAI News et, bien entendu, l'arabe Al-Jazira.
Un quart de siècle après l'invention de l'information télé continue par l'américaine CNN, ce type particulier de média aura donc réussi à se rendre indispensable. Et ce, tant pour les "récepteurs" que pour les "producteurs" d'information. Malgré la lourdeur inhérente au traitement de l'image, il a délogé la radio comme fournisseur d'information instantanée et érodé ce créneau de la télé généraliste, la presse écrite assumant depuis longtemps un rôle différent.
L'affaire est d'autant plus remarquable que, à la naissance de CNN, les experts juraient que la chaîne était vouée à l'échec (on l'avait baptisée le "Chicken Noodle Network") puisque, comme chacun sait, le public se révélerait trop ignare pour faire vivre ne serait-ce qu'un seul réseau d'information!
Sont-ce les mêmes experts qui, quelques années plus tôt, affirmaient qu'il n'y avait aucun marché pour les ordinateurs? Quelques années plus tard, que l'Internet n'est qu'un "CB à clavier"? Qui, aujourd'hui, nous expliquent comment la télé d'information continue a "détruit l'information"?
Or, dans les limites qu'impose l'instantanéité (qui sont très réelles) et malgré tous les procès qui lui sont intentés, c'est un média fiable. Et ce, pour la simple raison que ah! ce bon vieux McLuhan! le médium impose son message, impose son format. Lequel, dans ce cas, est celui de la livraison brute de faits bruts, essentiellement sans enrobage ni interprétation.
L'accusation de partialité, lancée autant contre CNN que contre Al-Jazira en un tir croisé venant de toutes les églises idéologiques, en dit davantage sur les procureurs que sur les suspects. Il s'agit surtout, en effet, d'un cas classique de mauvaise interprétation d'une réalité nouvelle. Et d'un cas plus classique encore de quête quasi-mystique d'une objectivité d'essence divine qui n'existera jamais, nulle part.
L'une et l'autre chaîne portent en effet un regard sur le monde qui est forcément teinté par leur appartenance nationale. Le président Jacques Chirac, dont France 24 est littéralement le hochet de fin de règne, n'a-t-il pas prévenu que "sa" chaîne serait précisément chargée de répondre à la nécessité "qu'un grand pays comme la France puisse avoir son regard sur le monde et diffuser ce regard"?
Cela étant, quel expert se chargera d'accabler France 24 après quelques jours de diffusion?


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