L’ex-ministre libéral David Whissell, qui a subi les foudres de l’opposition péquiste parce qu’il détenait un intérêt dans une entreprise d’asphaltage faisant affaire avec le gouvernement, juge que le cas de Pierre Karl Péladeau est mille fois plus grave que le sien.
« Ça va devenir ingérable pour lui », a affirmé David Whissell à des journalistes, mercredi, alors qu’il était venu entendre le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, s’adresser aux membres de l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec.
« Son entreprise est des milliers de fois plus grosse que la mienne. Elle transige des milliers de fois plus avec le gouvernement du Québec à tous les niveaux », a-t-il souligné.
Deux poids, deux mesures
Nommé ministre du Travail en 2007, David Whissell, qui détenait 20 % d’ABC Rive-Nord, des actions qu’il avait placées dans un compte en fiducie, avait démissionné de son poste en septembre 2009 après que le premier ministre Jean Charest, qui le défendait, eut finalement cédé aux pressions politiques. Mais le calvaire du député d’Argenteuil n’avait pas cessé alors que l’opposition péquiste ne lâchait pas le morceau, alimentée par le fait que son entreprise avait obtenu maints contrats sans appel d’offres du ministère des Transports. David Whissell avait choisi son entreprise et quitté la vie politique en décembre 2011.
Pierre Karl Péladeau « est dans un parti qui m’a dénigré, qui m’a traîné dans la boue, qui m’a accusé d’avoir une entreprise et en même temps d’être au gouvernement du Québec », a rappelé David Whissell.
L’ancien ministre a fait valoir qu’il lui était facile de se retirer du Conseil des ministres si jamais les discussions pouvaient concerner ABC Rive-Nord, ce qui ne serait pas le cas pour l’actionnaire principal de Quebecor qui « aspire à être premier ministre du Québec » et dont l’entreprise est « omniprésente à travers le gouvernement du Québec ».
Qu’arriverait-il si, une fois premier ministre, Pierre Karl Péladeau doit nommer le nouveau président de la Caisse de dépôt et placement du Québec, une institution qui possède un bloc important de Quebecor ? s’est demandé David Whissel. « Va-t-il se retirer de la table du Conseil des ministres ? […] C’est sûr qu’il y a un problème. »
La leader parlementaire du Parti québécois, Agnès Maltais, qui avait participé énergiquement aux charges répétées contre l’ancien député libéral, a soutenu qu’un cas comme celui de David Whissell ne peut plus se produire en vertu du nouveau code d’éthique et de déontologie qui régit depuis la conduite des députés.
Confrontation
Par ailleurs, David Whissell a signalé qu’à la suite de la commission Charbonneau, les entrepreneurs ne pouvaient plus obtenir des « extras » légitimes par la médiation et qu’il fallait désormais faire des réclamations par l’entremise d’avocats. « Il y a beaucoup de suspicion », a-t-il fait observer. Le climat est mauvais. « Ce n’est pas agréable, c’est de la confrontation continuelle », a déploré le p.-d.g.
Avec Marco Bélair-Cirino
David Whissell juge le cas PKP beaucoup plus grave que le sien
L’ex-ministre libéral avait dû choisir entre la politique et son entreprise
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé