Amphithéâtre de Québec

Crois ou meurs

L'affaire Desmarais



Régis Labeaume s'est fait élire maire de Québec en promettant un nouvel amphithéâtre pour y loger les Nordiques. Il s'y consacre avec une énergie tout à fait exceptionnelle et l'appui qu'il reçoit de la part de la population et des gouvernants, autant du gouvernement Charest comme de l'opposition péquiste, permet de croire qu'il atteindra son but. Pour peu que ce projet ne dépasse pas la capacité de payer des contribuables de Québec, cet amphithéâtre aura un effet structurant sur le plan économique et urbain qui est souhaitable.
Un bémol important s'impose toutefois à cette étape-ci du projet alors que l'enthousiasme que plusieurs lui portent est en train de faire passer au second plan les règles d'une saine gouvernance. L'a illustré ces derniers jours le débat sur le projet de loi numéro 204 devant corriger rétroactivement les errements de la Ville de Québec dans l'attribution du contrat de gestion du futur complexe sportif.
Régis Labeaume avait raison de vouloir déroger aux procédures régulières d'appel d'offres en raison de la nature inédite du contrat à octroyer, convenons-en. La prudence aurait toutefois dû le conduire à demander au préalable au gouvernement une dérogation. Il constate aujourd'hui que cette erreur peut maintenant faire dérailler le projet, ou à tout le moins créer de nouvelles embûches. Une première contestation est en cours devant les tribunaux et d'autres pourront venir même si ce projet de loi 204, sous sa forme actuelle ou une autre, était adopté.
L'étude du projet de loi, avait-on imaginé, serait une simple formalité. Elle s'est révélée tout autre. La commission parlementaire, qui a siégé hier et jeudi, étant la première et peut-être la seule occasion de soumettre le projet d'amphithéâtre à un examen public, des questions sur les retombées financières de l'entente avec Quebecor ont été posées, ainsi que sur les coûts globaux du projet. Le résultat fut mitigé. Le Parti québécois, ayant accepté de parrainer et de défendre ce projet 204, se trouvait à avoir abdiqué ainsi son rôle de critique. Ne restaient que trois députés indépendants dont les «90 secondes de droit de parole» ne pouvaient permettre d'aller au fond des choses.
L'exercice s'est terminé sur un vaste malaise. Les députés indépendants bloqueront grâce au droit de veto dont ils disposent en fin de session l'adoption du projet de loi. Quelques députés péquistes pourraient les rejoindre. L'un d'entre eux songe à démissionner, incapable d'accepter l'esprit du «crois ou meurs» que les principaux promoteurs du projet, dont la chef péquiste, Pauline Marois est, veulent imposer.
L'aval de l'Assemblée nationale au maire Labeaume est assuré, car le gouvernement Charest a un plan B pour contourner le veto des députés indépendants. Néanmoins, le malaise qui a été exposé au grand jour persistera s'il n'y a pas place à un regard critique sur ce projet d'amphithéâtre dans le respect des principes d'une bonne gestion des fonds publics. Puisqu'à l'Hôtel de Ville de Québec l'opposition est quasi absente, il revient au Parti québécois de poser des questions. Quant au gouvernement Charest, il doit avoir à l'oeil le trop fringant Régis Labeaume, à qui il faut de toute évidence tenir les brides serrées.


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