La crise financière ayant accosté le continent européen avec violence, le gouvernement britannique a ordonné une nationalisation partielle du secteur bancaire. Son homologue irlandais en a fait autant pendant que l'Islandais décidait de mettre la main sur l'ensemble du secteur. En Allemagne, les autorités ont secouru un mastodonte hypothécaire et quelques seconds couteaux en ouvrant les vannes de liquidités portant l'empreinte de l'État. En France, en Espagne, en Italie et dans quelques autres pays membres de l'Union européenne, les présidents et premiers ministres ont annoncé que l'assurance sur les dépôts serait élevée à 100 000 euros. Aux Pays-Bas, le gouvernement a nationalisé le réseau que le géant Fortis avait déployé sur son territoire. Quoi d'autre? La banque centrale européenne (BCE) a annoncé une diminution du taux préférentiel.
Ainsi, du sud du Portugal au nord de la Norvège, les ministres des Finances ont endossé l'uniforme des pompiers pendant que les chefs d'État planchaient sur les moyens propres à amenuiser les conséquences d'un drame qui saigne les indices boursiers et effiloche le bas de laine de centaines de millions d'épargnants. Mais, voilà, cet activisme ayant été jugé insuffisant ou plutôt n'ayant pas l'amplitude qu'auraient souhaitée les acteurs financiers, les Dr Feelgood de l'économie, les indices poursuivent leur chute.
On veut bien admettre que nous sommes à l'ère du tout tout de suite, de l'information en temps réel et autres stigmates du virtuel, mais tout de même... comment peut-on coordonner ce qui ne peut pas l'être? Plus précisément, comment concevoir un plan d'ensemble s'appliquant aux 27 membres de l'Union européenne alors que l'on ne dispose pas de tous les outils pour ce faire? On s'explique. Sur les 27, 15 nations seulement partagent l'euro. Parmi celles qui ont refusé l'adoption de cette monnaie, on compte le Danemark, la Norvège et surtout le Royaume-Uni, dont l'économie se distingue de celles des poids lourds du continent par la prépondérance de son activité bancaire.
Ensuite, on compte autant de réglementations qu'il y a de membres de l'UE, il n'y a toujours pas d'harmonisation fiscale, et le mandat de la BCE a été limité à la lutte contre l'inflation, alors que celui de la Réserve fédérale lui commande en plus de voir à la création d'emplois. Enfin, il y a le trou noir de la comptabilité, l'ovni mathématique. De quoi s'agit-il? Prenons le cas de l'Allemagne. La chancelière Angela Merkel a refusé de participer à un plan général, global, parce qu'elle ne veut pas payer pour les méfaits commis par des banques espagnoles, anglaises ou françaises et dont on ne connaît toujours pas les montants exacts.
À cet égard, on se souviendra que certains pays ont consommé jusqu'à plus soif des subprimes, des hypothèques exotiques, alors que d'autres se sont abstenus. Si l'horizon s'annonce plus orageux en Irlande, en Espagne et au Royaume-Uni, c'est pour des raisons que tout un chacun aura devinées. Morale de cette histoire? Ceux qui hier encore chantaient leur détestation de l'État sur toutes les tribunes lui reprochent aujourd'hui son manque d'ambition.
Crise financière - Les impolis
Ceux qui hier encore chantaient leur détestation de l'État sur toutes les tribunes lui reprochent aujourd'hui son manque d'ambition.
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