Coup dur pour Charest

Charest - dilapidation, dissimulation et corruption



(Québec) Il a beau mener dans les sondages, Jean Charest n'avait pas besoin de ça! Une enquête sur l'un de ses députés à la veille de la reprise des travaux de l'Assemblée nationale... Une enquête alors qu'un de ses ministres fait déjà l'objet d'allégations de conflit d'intérêts dans l'industrie de l'asphaltage... C'est Pauline Marois qui doit se réjouir!
La décision du Commissaire au lobbyisme de faire enquête sur les activités de démarchage du nouveau député libéral de Rivière-du-Loup et ex-président du PLQ, Jean D'Amour, est lourde de conséquences. Le Commissaire a fait une vérification préliminaire avant d'annoncer cette décision. Son communiqué de presse d'hier précise qu'il «peut mener des enquêtes s'il a des motifs raisonnables de croire qu'il y a eu manquement à la loi ou au Code de déontologie des lobbyistes». Il ajoute que «les conclusions d'une enquête du Commissaire peuvent conduire au dépôt d'un rapport au Directeur des poursuites criminelles et pénales».
Vous soupçonnez le reste : si l'enquête devait mener à de telles poursuites et à une condamnation, M. D'Amour serait dans l'embarras. Il ne serait pas inhabile à siéger, puisque seule une peine de prison de plus de deux ans comporte une telle pénalité. Mais sa réputation serait sérieusement entachée. Adieu les espoirs ministériels...
L'enquête du Commissaire au lobbyiste n'est pas banale. Il peut contraindre les gens à témoigner. Dans le cas de l'ex-ministre Philippe Couillard, le Commissaire s'était heurté à quelques difficultés au départ, mais son enquête avait permis de démontrer, preuves à l'appui, que M. Couillard n'avait pas dit la vérité en affirmant ne pas avoir de projets autres que la pêche, lors de sa démission. La recherche du Commissaire avait démontré que M. Couillard s'était trouvé un emploi dans le domaine de la santé, pendant qu'il était ministre de la Santé.
Retour à Jean D'Amour : il faudra attendre quelques mois avant d'avoir les conclusions de l'enquête. Mais son cas vient accroître les pressions sur Jean Charest, qui s'est traîné les pieds sur les questions d'éthique. Contrairement à Lucien Bouchard, le premier ministre a montré une certaine nonchalance en ce domaine depuis son élection en 2003. Il devra resserrer la discipline et les contrôles s'il ne veut pas que des odeurs nauséabondes de fin de régime ne viennent ternir la réputation de son équipe.


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