S’inspirant de la victoire éclatante de Valérie Plante, Philippe Couillard dit qu’il va maintenant mettre du sourire dans la politique parce que c’est ce que les gens souhaitent. Il a émis ce commentaire avec la monotonie qui a marqué ses derniers mois. D’une certaine façon, il a prouvé qu’il n’a rien compris.
Valérie Plante a insufflé à la politique de la passion, de l’énergie, de l’optimisme. Tout ce qui manque au premier ministre libéral. Elle a fait mal paraître tout ce qui s’apparente à la vieille politique. Elle a battu Denis Coderre. Mais si son adversaire avait été Philippe Couillard, le même résultat serait sans doute survenu.
Depuis quelques semaines, je reçois des commentaires de partout. Une personne politisée proche du Parti libéral me dit : « Philippe, on dirait qu’il n’est plus là, qu’il n’est plus parmi nous. » Comme s’il était un fantôme désincarné qui flotte au-dessus de la réalité.
Une personne non politisée qui regarde cela de loin me demande : « Sais-tu si monsieur Couillard aime encore ça être premier ministre ? » Pas un bon signe lorsque le public se pose cette question.
Quitter ?
À quelques moments-clés ces dernières semaines, il est apparu vidé de tout ressort. Lors de son remaniement, il a livré un discours sans la moindre passion. Le soir de la défaite dans Louis-Hébert, il n’avait rien pour rebondir et insuffler un peu de confiance à ses militants.
On dirait que je ne suis pas le seul à avoir noté cela. Depuis deux semaines, il ne se passe pas une journée sans que quelqu’un me parle du possible départ de Philippe Couillard avant la prochaine élection. Juste avant Noël ? Juste après le jour de l’An ?
Je suis très sceptique. Logiquement, un premier ministre n’abandonne pas le pouvoir en plein exercice dans un premier mandat, surtout si l’économie va bien et que ses politiques semblent porter des fruits. Mais la rumeur me vient de partout : milieu des affaires, cercles libéraux, monde municipal.
Je crois comprendre que des gens comme Martin Coiteux, Pierre Moreau et peut-être même Gaétan Barrette entendent les mêmes choses. Les aspirants sont allumés ces jours-ci. Personne ne veut passer pour traître, mais personne ne veut être déculotté si l’improbable départ survient.
Moment crucial
Les libéraux tiennent un grand congrès fin novembre. Un tournant pour le chef qui se retrouvera de facto à l’ordre du jour. S’il veut conduire ses troupes dans la prochaine bataille, il doit le faire sentir. Présenter un plan, montrer de la fougue, ne laisser aucune équivoque concernant sa détermination et son engagement personnel à tout faire pour conduire son parti à la victoire.
Dans le cas contraire, ça va grenouiller dans les corridors et dans les suites d’hôtel pendant le congrès.
Les militants libéraux n’aiment pas aller à l’abattoir. Ils ont tiré les bonnes leçons de l’élection municipale et craignent d’être emportés par la soif de changement. Ils voient les sondages désastreux : intentions de vote, confiance au chef, satisfaction envers le gouvernement.
Un sourire ne suffira pas.