La Chine a exhorté mardi la France à « annuler » un contrat d’armement avec Taïwan, soulignant qu’une telle transaction vers cette île revendiquée par Pékin et dirigée par un gouvernement rival pourrait « nuire aux relations sino-françaises ».
Selon la presse taïwanaise, la vente porte sur des équipements de frégates françaises vendues à la marine de Taipei dans les années 1990, une affaire qui avait provoqué une grave crise diplomatique entre Paris et Pékin.
« La Chine a exprimé sa vive inquiétude à la France », a indiqué mardi le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué transmis à l’AFP.
Taïwan est un sujet ultra-sensible pour la République populaire de Chine, qui considère l’île comme une de ses provinces. Peuplée de 23 millions d’habitants, le territoire insulaire est dirigé depuis les années 1940 par un régime différent de celui du continent.
Pékin fustige toute relation officielle entre des pays étrangers et Taipei, des échanges qu’il assimile à un soutien au séparatisme taïwanais.
« Nous sommes opposés à toute vente d’armes ou échange militaire ou sécuritaire avec la région de Taïwan », a souligné le ministère chinois des Affaires étrangères.
« Nous exhortons la France (...) à annuler son projet de vente d’armes à Taïwan, afin d’éviter de nuire aux relations sino-françaises. »
En 1991, la France avait signé la vente de six frégates à Taïwan pour un montant de 2,8 milliards de dollars, provoquant une glaciation des relations diplomatiques franco-chinoises.
La marine taïwanaise a indiqué le 7 avril 2020 dans un court communiqué qu’elle comptait moderniser ses frégates de fabrication française Lafayette.
Une source proche du dossier a confirmé à l’AFP qu’un contrat a bien été passé par le ministère taïwanais de la Défense pour la modernisation du système de lanceur de leurres Dagaie qui équipe ces six frégates.
Un lanceur de leurres est un système utilisé pour éviter d’être frappé par un missile ennemi.
D’après des médias taïwanais, qui citent un site internet gouvernemental taïwanais, le coût de la transaction serait de plus de 800 millions de dollars taïwanais (24,6 millions d’euros).
Toujours selon la même source, l’entreprise vendeuse serait la société française DCI-Desco, unité du groupe Défense Conseil International (DCI).
Officiellement appelé « République de Chine », le régime taïwanais se considère comme l’héritier du régime fondé en Chine en 1912. Il contrôlait le continent jusqu’en 1949, date à laquelle il a perdu la guerre civile chinoise face aux communistes.