Connaitre ses amis. Savoir mettre en les mains des hommes de sciences et des hommes savants la conduite de votre prochain vol d’avion en Europe. Ou votre prochain examen auprès de votre docteur. Engager le meilleur professionnel plombier pour réparer la prochaine fuite de tuyau chez vous. Confier votre auto à un très bon mécano. On le fait tous lorsqu’il s’agit d’assurer notre bien-être personnel. Mais qu’en est-il lorsqu’il s’agit de confier, souvent à des inconnus, la destinée de notre bien-être collectif, notre nation?
Voici trois extraits du «Conseiller du peuple» écrit en 1861 par Hercule Beaudry, il y a plus de 150 ans, ici au Québec. Les similarités avec la situation d’autrefois et les préoccupations actuelles sont incroyablement, les mêmes. Je ne peux pas m’empêcher de vouloir adresser ce message à notre premier ministre québécois actuel.
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«Un ami est un trésor précieux. — Un ennemi déguisé
est un être dangereux; il l'est davantage s'il a de
l'influence dans la politique de son pays. — Avant
de donner sa confiance à un homme on doit con-
naître ses antécédents. •— Qualités requises dans
ceux qui se posent comme les amis du peuple, et
marques auxquelles on peut reconnaître ses véritables amis.»
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«La dernière qualité que vous devez exiger
de ceux à qui vous donnez, votre confiance est
la fermeté de caractère et qu'ils soient hommes
de principes.
Il est des hommes d'une bonne nature,
chez qui l'on trouve le germe de grandes
qualités, pour qui la vertu a des charmes, qui
se sentent enclins à opérer même de grandes
choses , qui voudraient, ce semble , effectuer de
grands sacrifices, des hommes, en un mot,
qui ont tout ce qu'il faut pour fournir une noble
et brillante carrière : une seule qualité leur fait
défaut, la fermeté de caractère. L'exemple de
leurs amis qui n'ont point de principes, qui
foulent aux pieds les promesses faites au peuple ;
l'appas du gain, de l'argent, en un mot, toutes
les machinations mises en œuvre de nos jours ,
pour corrompre , exercent sur eux une funeste
influence et bientôt vous les voyez tourner à
tout vent de doctrine. Triste spectacle ; dont les
gens honnêtes ont trop souvent à gémir. Oui !
combien qui, au début de leur carrière poli-
tique , donnaient les plus belles espérances , et
qui ont fini par une triste défection ! Combien
qui ont suivi le chemin de l'honneur tant que
leur vertu n'a pas été mise à l'épreuve , et qui
ont lâchement prévariqué à la première lutte
qu'elle eut à soutenir qui ont été les amis du
peuple au jour de la prospérité , et qui l'ont
abandonné au jour dé l'adversité ! Ce n'est
donc pas parmi ces caractères faibles, ces
hommes sans principes que le peuple doit cher-
cher des amis qui, au moment du combat, lui
tourneront le dos, ces hommes que la vue de
l'or et de l'argent fait fléchir et à qui elle fait
sacrifier leurs devoirs les plus sacrés; mais
parmi des hommes d'une vertu éprouvée , des
hommes de principes, des hommes d'une
grande fermeté de caractère.
Ainsi, probité, désintéressement, science ,
attachement inviolable aux dons principes,
voilà les qualités principales que le peuple doit
rencontrer dans ceux à qui il confie ses intérêts
politiques. »
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Voici un autre extrait, d’un autre nature de ce qu’il pense, sur la liberté de parole et du traumatisme profond causé par la Rébellion de 1837-38 et la réprimande du gouvernement Anglais:
Que si, par liberté de pensée, vous entendez
la faculté de dire ou d'écrire tout ce que vous
pensez dans ce que vous prétendez être l'ordre
politique, votre prétention n'est pas légitime.
Il y a des opinions qui tendent à miner les
bases de la société , qui sont opposées à la mo-
rale ; parce qu'il plait à un individu, qui pu-
blie ses idées funestes et dangereuses, de dire
qu'il ne prétend faire que de la politique , faut-
il que le pouvoir religieux, gardien-né de la mo-
rale et: des principes d'ordre, ferme la bouche
et laisse faire ?
Au contraire , non seulement il peut, mais encore il doit parler, il doit signaler le danger qui menace.
Dans le cas où quelqu'un proclame des doctrines subversives de l'ordre social, des idées incendiaires qui pourraient porter le peuple à la
violence, fomenter les révolutions, le pouvoir
séculier même peut intervenir pour empêcher la
circulation de telles idées, et alors ce n'est pas la liberté qu'il restreint, c'est la licence qu'il
réprime. Il ne fait que remplir un de ses plus
essentiels
devoirs, protéger la vie et la propriété des citoyen?
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Ceci n’est qu’un petit regard du livre. Il y a là aussi la certitude que le peuple doit être obéissant envers les autorités une fois en place. La foi de ce curé est envers sa religion, le pouvoir et son peuple qui ne veut que le plus grand bien. Il défend sa patrie. Il défend sa race. Il défend son présent pour que son avenir soit meilleur. Je vous fais remarqué, pendant la lecture de son écrit, en étant quelques années avant la création du Canada, il utilise les termes interchangeables de «canadiens» et de «canadiens français». Et penser que notre premier ministre est tissé de la même ceinture fléchée que Hector Beaudry. Les paroles sont là, mais les actions ne suivent pas.
C’est le même désintéressement de jadis qui caractérise les citoyens d’aujourd’hui dans leur choix politique. Au niveau politique, rien ne change.
source:
Le conseiller du peuple,
ou Réflexions adressées aux Canadiens-français
Patrimoine québécois
218 pages
Beaudry, H. 1822-1876, (Hercule)
Montréal : typographie d'Eusèbe Senécal, 1861
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