Conseil à une enseignante qui porte le voile musulman
Madame, avec respect.
L'Assemblée nationale a adopté la loi 21 qui interdit de porter des signes religieux ostensibles pour les enseignants du primaire et du secondaire. Il contient une clause vous permettant de continuer à porter votre voile même après l'adoption de la loi. C'est comme si vous aviez un droit acquis à porter le voile. Il y a aussi le cas de nouvelles enseignantes qui veulent continuer à porter le voile et qui ne pourront pas enseigner. Au lieu d'enlever leur voile, certaines vont même jusqu'à contester la loi 21 devant les tribunaux. C'est une grave erreur et permettrez-moi de vous expliquer pourquoi.
Dans les deux cas, celui du droit acquis et celui de nouvelles enseignantes, je vous conseille de ne plus porter de voile musulman et voici pourquoi. On vous dit que vous avez le droit de porter le voile en tout temps et partout en vertu de la liberté de religion qui est contenue dans les Chartes des droits de la personne. Or quand vous enseignez au primaire ou au secondaire, vous n'avez pas une fonction qui vous oblige à défendre la liberté de religion. Vous n'êtes pas dans une mosquée ou dans la rue. Votre fonction vous oblige à la neutralité, neutralité qui s'applique aussi à vos opinions politiques par exemple. Porter le voile comme enseignante, c'est faire du prosélytisme. Cela n'est pas souhaitable. D'autant plus que ce prosélytisme se fait en faveur d'une manière particulière d'être musulman qui s'appelle l'intégrisme ou le fondamentalisme et qui est très contestable. Cet intégrisme nuit au vivre ensemble.
Deuxièmement, savez-vous que des érudits du Coran nous apprennent que l'obligation du voile n'est pas dans le Coran. Le Coran recommande aux femmes la pudeur. Ce sont les intégristes ou les fondamentalistes qui font une obligation du port du voile. Ces érudits disent que si une musulmane est placée dans la situation d'avoir à choisir entre garder le voile ou garder son emploi, ils recommandent à la femme d'enlever son voile et de garder son emploi. C'est aussi ce que je vous conseille sagement de faire: enlevez votre voile. Libérez-vous d'une fausse obligation et profitez du fait qu'il y a une pénurie d'enseignants pour acquérir un emploi bien rémunéré et fort utile à la société. Quelle merveilleuse façon de vous intégrer à l;a société québécoise. Ne croyez pas Adil Charkaoui qui vous dit qu'Allah exige de vous que vous portiez le voile. Qui a donné à Adil Charkaoui l'autorité pour parler au nom d'Allah? Ecoutez plutôt les érudits du Coran qui vous conseillent d'enlever votre voile sur les lieux de votre travail comme enseignante.
Si on conteste les arguments pour le voile qui proviennent de la liberté de religion, on se rabattra sur la liberté d'expression en disant comme Justin Trudeau que l'Etat n'a pas à dicter aux femmes comment s'habiller. Ce genre de raisonnement conduit à une absurdité qui est d'accepter qu'une femme devienne citoyenne canadienne en portant la burka, en cachant complètement son corps y compris son visage. Quand elle est passée à Tout le monde en parle, la militante de Québec solidaire Dalila Awada a dit que son niqab, son voile faisait partie intégrale de son identité. Elle cultivait l'ambiguïté: on ne savait pas trop si elle revendiquait son voile en vertu de la liberté de religion ou en vertu de la liberté d'expression ou en vertu des deux. Je ne vous conseille pas de prendre Dalila Awada comme modèle. Sa coquetterie ne respecte pas l'esprit du Coran. Dans une école primaire et une école secondaire, les enfants ont droit à la neutralité religieuse. La liberté de conscience des parents et des enfants passe bien avant l'intégrisme qui oblige les femmes à porter le voile. C'est ce qu'ont soutenu l'éminent sociologue Guy Rocher et Me Julie Latour en commission parlementaire. D'autant plus qu'il est possible que la Cour suprême juge que la loi 21 ne contrevient pas à la Charte canadienne des droits: c'est l'opinion d'un des spécialistes de la Charte canadienne des droits qui est un des plus importants collaborateurs de Pierre Elliot Trudeau.
Une question en terminant. Pour plusieurs, le voile est un signe d'infériorité, de soumission et d'inégalité entre les hommes et les femmes. Pourquoi le portez-vous? N'êtes-vous pas égale aux hommes!
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1 commentaire
Robert Barberis-Gervais Répondre
24 février 2020Le spécialiste de la Charte des droits est Roger Tassé, haut fonctionnaire au gouvernement fédéral. RBG