Avec le mouvement des gilets jaunes, la France est de nouveau au centre de l’actualité internationale. Tous cherchent à comprendre la signification d’un soulèvement auquel l’opinion publique française semble se rallier massivement.
Taxe
À l’origine de la crise, il y a une taxe sur l’essence, qui frappera particulièrement les catégories de la population dépendantes de leur voiture. Il s’agit, incidemment, de la France qui peine à joindre les deux bouts et voit venir anxieusement les fins de mois. Cela, dans un pays étouffant sous une fiscalité écrasante.
Mais si la révolte est si vive, c’est parce qu’elle révèle au grand jour le malaise de ce que le géographe Christophe Guilluy a appelé la France périphérique. Il s’agit des catégories sociales laissées de côté par la mondialisation, qui peinent à s’y adapter et à en jouer le jeu. Un profond sentiment d’exclusion sociale se dévoile.
Elles sont déclassées matériellement comme en témoigne la baisse de leur pouvoir d’achat. Elles sont aussi déclassées symboliquement, comme si elles étaient désormais de trop en France. Depuis des années, on leur préférait des « exclus » plus exotiques, comme les minorités issues de l’immigration ou ceux et celles qui s’imaginent avoir une identité sexuelle fluide. Normalement, ces catégories sociales enduraient sans rien dire. Au pire, elles votaient pour les partis protestataires.
Mais cette fois, elles explosent. Des gens qu’on n’avait pas l’habitude d’entendre ont décidé de faire sentir leur présence. La plus grande partie du mouvement est pacifique, même si elle multiplie les blocages routiers. Il n’est pas interdit de penser que, si la crise s’aggrave et si le pouvoir s’enferme en lui-même, sa frange la plus militante se radicalisera et basculera dans la violence.
On ne fera pas l’erreur, toutefois, de confondre la révolte des gilets jaunes avec la grande flambée de violence qui a frappé Paris samedi dernier. Ici, nous sommes témoins d’autre chose. Comme c’est souvent le cas lorsqu’il y a une crise sociale majeure, des groupuscules radicaux cherchent à s’en emparer pour la pousser aux extrêmes.
Ce n’étaient pas que des voyous qu’on a vus jouer à la révolution samedi dernier à Paris, mais une mouvance d’extrême gauche qui rêve à la révolution et qui cherche systématiquement à affronter les forces de l’ordre en créant une situation aux allures de guerre civile.
Malaise
S’ajoutaient des voyous venus des banlieues issues de l’immigration et animés par la haine de la France, qui ont bien senti qu’avec l’affaiblissement du pouvoir, l’occasion était belle pour lancer un raid sur la capitale et la piller. On redoute maintenant que les banlieues s’enflamment. La situation deviendrait alors incontrôlable.
Chose certaine, la révolte des gilets jaunes a créé une situation sociopolitique explosive que le gouvernement français ne peut laisser dégénérer. Autant il doit répondre aux aspirations légitimes des classes populaires, autant il doit être intraitable avec l’extrême gauche et les casseurs. Mais même s’il parvient à calmer cette crise, les tensions sociales qu’elle révèle ne se résorberont pas.
L’époque de la démocratie apaisée est derrière nous.