Dans notre écosystème politique, il n’y a qu’un parti qui puisse invoquer le spectre du vote ethnique sans craindre de représailles. C’est le Parti libéral.
Quand on regarde les ronds de jambe auxquels s’adonnent les libéraux auprès des Québécois d’expression anglaise, on y voit quelque chose de tellement invraisemblable qu’on peine à trouver les mots justes pour les qualifier.
Déjà, il y a quelques semaines, on avait été abasourdis d’entendre Jean-Marc Fournier craindre l’assimilation de communautés qui appartiennent au groupe linguistique dominant sur ce continent. Le gouvernement s’inquiétait moins du sort des écoles et des services publics en région quand il était temps d’imposer sa rigueur à saveur d’austérité.
S’excuser
En fin de semaine, à Sherbrooke, le premier ministre en a remis une couche. À la suite d’un débat des jeunes libéraux qui ont refusé d’affaiblir la loi 101, Philippe Couillard a jugé nécessaire de rassurer les anglophones du Québec.
Voilà où loge le Parti libéral lorsqu’il s’agit de défendre une loi qui faisait consensus il n’y a pas si longtemps. Il faudrait presque s’excuser de protéger le français.
On ne peut s’empêcher de penser aux récents chiffres de Statistique Canada qui laissaient croire que le Québec était le seul endroit au Canada où l’anglais prospérait. L’agence fédérale a, depuis, admis qu’elle s’était trompée dans son évaluation et elle présentera des résultats révisés.
On aura peut-être matière à se réjouir, mais les chiffres initialement publiés étaient franchement déprimants concernant les perspectives du français. La façon que les membres du gouvernement ont eu de les minimiser aura au moins permis d’éclaircir un point : pour les libéraux, il n’y aura jamais de seuil assez inquiétant pour se préoccuper de l’avenir de la distinction québécoise.
Salut électoral
Les libéraux savent où est leur intérêt. Fortement impopulaires auprès des francophones depuis plus de 10 ans, ils doivent notamment leur salut électoral aux quelques poches anglophones qui existent dans certaines régions.
François Legault peut bien rêver, ce n’est pas demain qu’il fera une percée auprès de ces clientèles. Elles pourraient toutefois s’abstenir, ce qui ferait mal au PLQ. Les beaux yeux que leur font Philippe Couillard et ses ministres visent à rassurer ces électeurs, qui ne sont pas plus impressionnés que les autres par la tenue du gouvernement.
Rassurer la clientèle
L’adoption de nouvelles règles sur le financement politique par le Parti québécois a eu pour effet paradoxal de rendre les libéraux plus à l’aise et donc paresseux. Grâce à la limite de don à 100 $ et aux subventions étatiques, plus besoin de courir les gros chèques.
Ils sont nombreux, parmi la communauté juive notamment, à trouver les libéraux pas mal plus indépendants depuis qu’ils ne veulent plus leur argent. Les signaux de Philippe Couillard à l’endroit des anglophones s’inscrivent probablement dans une série de gestes visant à rassurer les habituels bénéficiaires du clientélisme libéral.
Avec le PLQ, l’affirmation du français ne sera jamais la priorité.
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