Claude Castonguay, le père de l’assurance-maladie au Québec, n’y est pas allé en douceur pour critiquer la rémunération à l’acte des médecins et leur incapacité à gérer de grands ensembles complexes, selon les propos retransmis par un quotidien montréalais.
L’ex-ministre Castonguay admet que la rémunération à l’acte est source de problèmes dans l’organisation des soins professionnels de notre système de santé et qu’elle ne favorise pas l’interdisciplinarité. Il remet aussi en question la pertinence de nommer des médecins à des postes de direction dans les centres hospitaliers, alors qu’ils ne jouissent pas d’une formation ou ne possèdent pas de talents de gestionnaire.
Pour lui, les médecins sont plutôt entrainés à une approche individuelle et ils ont de la difficulté à développer cette nécessaire vision d’ensemble permettant de mettre efficacement en réseau les ressources dont disposent nos centres de santé. Il pousse le bouchon un peu plus loin en statuant que le ministre de la santé ne devrait pas être un médecin, car celui-ci s’entêtera à penser le système selon sa pratique. J’oserais même ajouter qu’il s’efforcera de préserver ce qui lui est profitable.
En tenant compte du point de vue de l’ex-ministre Castonguay, il serait tout aussi périlleux de confier à un médecin la fonction de premier ministre qui décuple les responsabilités stratégiques en matière de pensées globales. Certains considèreront qu’il a le jugement étroit et que les médecins peuvent avoir des aptitudes différentes, mais messieurs Couillard et Barrette ne font rien, par les temps qui courent, pour donner tort à l’ex-ministre.
Comme s’il s’acharnait à donner raison à monsieur Castonguay, notre ministre actuel de la santé voudrait instaurer un principe identique à la rémunération à l’acte pour ce qui est du financement des centres de santé et des services sociaux, au lieu du mode actuel qui se fonde sur l’historique. Le ministre a raison de s’interroger sur l’inefficacité du procédé actuel, mais il ne dispose pas de données suffisantes pour pouvoir évaluer ses failles et poser les bons diagnostics. Il y a fort à parier que s’il s’entête dans cette direction, en toute méconnaissance de cause, il en coûtera plus cher en soins de santé sans que nous y trouvions notre compte.
Nous avons eu l’occasion d’apprécier cette courte vue du docteur Barrette dans le cas de la procréation assistée, alors que des milliers de couples québécois seront abandonnés à eux-mêmes avec plus ou moins de moyens pour concrétiser leurs rêves de fonder une famille. Il en a rajouté sur la récente décision du Conseil du statut de la femme quant à son ouverture au recours à une mère porteuse dans la mesure où elle ne reçoit pas une rémunération. Il répétait, tels les autres perroquets de la volière, que le corps de la femme ne doit pas être considéré comme une marchandise. La remarque est incongrue lorsqu’elle vient d’un interlocuteur qui n’a jamais lésiné pour s’en mettre plein les poches dans ses fonctions précédentes et qui compte naïvement sur l’altruisme des mères porteuses. Si on paye la gardienne d’enfants, il ne devrait pas y avoir problème à payer celles qui les gardent en leur sein.
La véritable remise sur les rails de notre système de santé n’est définitivement pas amorcée, bien que le titulaire actuel du ministère ait fait de son mieux et ait contribué à quelques améliorations. Je ne crois pas que le premier ministre aura l’audace de nommer un nouveau ministre, reportant à plus tard le débat sur le mode rémunération des médecins et la mise en œuvre de changements qui souffriraient la comparaison avec des systèmes de santé plus performant que le nôtre.
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