(Québec) Les frais engagés par les deux groupes environnementaux qui contestaient devant les tribunaux le projet de cimenterie à Port-Daniel, en Gaspésie, ont été payés en partie par une entreprise concurrente, Lafarge Canada.
Le Centre québécois du droit de l'environnement (CQDE) et Environnement Vert-Plus, une organisation écologique gaspésienne, ont bénéficié de l'aide. Environ 10 000 $ ont été utilisés pour les déplacements, et les séjours à Québec de certains participants de même que pour des services comme la sténographie.
Joint en fin de journée jeudi, Michel Bélanger, du CQDE, a confirmé les informations. Il a précisé que les plaidoiries ont été offertes pro bono par le Centre, soit sans facturer ses services d'avocat.
M. Bélanger ne voit pas de problème d'éthique à ce qu'une entreprise industrielle concurrente de Ciment McInnis ait avancé des fonds aux écologistes. Il ne connaît pas de précédent à ce type d'alliance.
Il a fait valoir que la bataille juridique s'annonçait trop onéreuse pour les moyens financiers dont disposent des groupes écologistes. «C'est une voie qui nous apparaît acceptable», a commenté l'avocat.
La question s'est posée au conseil d'administration du Centre, et «personne n'y a vu de problème. Nous savions que nous nous engagions avec un groupe industriel avec un objectif» identique, soit l'annulation du certificat d'autorisation permettant de construire la mégacimenterie.
En décembre, dans une requête en radiation, le juge Clément Samson a fait allusion à l'alliance entre Lafarge et des écologistes. Ciment McInnis a fait valoir que Lafarge a «des procédés déloyaux [...] visant à torpiller l'arrivée d'un nouveau joueur dans le monde des cimenteries [et] se sert des groupes environnementaux aux fins de poursuivre une fin anticoncurrentielle».
Désistement
En début de semaine, le Centre québécois du droit de l'environnement et Environnement Vert-Plus se sont retirés de la poursuite commune. Ils l'ont fait après avoir obtenu de Ciment McInnis la participation à un comité de surveillance environnementale de l'usine en devenir.
Michel Bélanger a répondu que le désistement n'a rien à voir avec le projet de loi, déposé jeudi par le ministre de l'Économie Jacques Daoust. Il stipule qu'il n'y aura pas de Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, et ce, «malgré toute décision d'un tribunal rendue» après l'adoption de la loi. M.Bélanger s'est consolé que l'abandon de la poursuite a permis «d'obtenir un processus alternatif», soit une médiation.
En point de presse, le ministre Daoust a justifié son intervention par sa volonté de mettre fin à un débat devenu «purement économique» depuis le retrait des deux groupes verts. «On ne veut pas mettre en péril ces nouveaux emplois, en Gaspésie» pour des installations en construction depuis «l'été dernier».
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