Christian Dufour suscite une querelle philosophique.

La philosophie pour éviter de faire fausse route.

Tribune libre

En réponse à une opinion publiée dans Le Devoir du 7 janvier 2009, sous le titre - Après l'enfant-roi, l'enfant-philosophe !, j'ai décidé, comme bien d'autres personnes d'ailleurs, de répliquer au politologue Christian Dufour. Ce dernier m'a répondu par courriel, et j'en ai rajouté pour clore le débat.
La querelle est la suivante: Christian Dufour prétend que des cours de philosophie, récemment implantés au primaire dans certaines écoles du Québec, avec succès d'ailleurs, ces cours donc n'ont pas leur place selon lui auprès des enfants de si bas âges. Pourtant, et une intervenante le souligne également en réponse à monsieur Dufour, que l'Unesco fait de l'enseignement philosophique à tous les niveaux de l'école une priorité, et ce partout dans le monde.
Voici donc la réplique offerte dans un premier temps à monsieur Dufour, elle sera suivant de son court message envoyé par courriel à mon attention, puis de ma réponse.
Ma première réplique à l'article: «J'ai l'habitude de percevoir de Christian Dufour un politologue ayant une analyse assez juste de la scène politique. Je dois avouer que le professeur Dufour me désappointe quelque peu aujourd'hui, et voici pourquoi.
Il faut savoir, je le pense sincèrement, que les plus grands esprits de ce monde depuis l'avènement de la philosophie comme discipline intellectuelle (500 ans avant Jésus-Christ), ont été formé de manière rigoureuse au plan de la pensée grâce à cette dernière, particulièrement par la logique formelle et la métaphysique. Une courte liste de célèbres dirigeants dans l'histoire devrait suffire à faire comprendre à monsieur Dufour que la philosophie a toute sa place dans la formation de jeunes esprits: l'empereur romain Marc-Aurèle, adepte de l'École du Portique (mieux connu sous le nom du courant du stoïcisme); un autre empereur romain Julien (Flavius Claudius Julianus), ayant laissé à la prospérité une œuvre littéraire et philosophique immense; qu'aurait été la Révolution française sans les philosophes du siècle des Lumières? Qu'auraient été nos grands premiers ministres au Québec sans une formation philosophique rigoureuse? Demandez l'opinion d'un Lucien Bouchard ou Bernard Landry à ce propos.
Si vous me demandez à quoi sert la philosophie, je vais vous répondre avec un sourire moqueur qu'elle ne sert strictement à rien, sauf que, lorsqu'on ne l'a pas ça parait! C’est ce qu’aimait dire un ancien professeur en défendant la place nécessaire qui revenait à la philosophie dans la formation de tout être humain, peu importe vers quoi il entend faire carrière dans sa vie. Plus sérieusement, la philosophie sert essentiellement à structurer l'esprit humain, elle sert à apprendre à connaître les divers systèmes de pensée ayant dominé le monde dans l'histoire, à confronter nos propres opinions à celles des autres: “du choc des idées nait la lumière” aimait répéter mon professeur de philosophie grecque.
Pour conclure cette courte apologie de la philosophie, que monsieur Dufour garde vivement à l'esprit que tout débat politique ne peut être possible qu'avec la confrontation d'idées de diverses tendances, ce sont des débats nécessaire à l'avancement d'une société toute laïque qu'elle puisse être, et que les idées peuvent surgir avec clarté dans un esprit ayant reçu une formation rigoureuse dans le développement dans ses propres idées.
Depuis la nuit des temps les idées mènent le monde: comment monsieur Dufour tout politologue réputé qu'il soit peut-il oublier une notion aussi fondamentale au monde de la politique, au cœur même de toute sa vie professionnelle?»
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Le courriel de Christian Dufour: «Monsieur Perry,
Merci pour le commentaire.
J'ai le plus grand des respects pour la philosophie et les débats d'idées. Je crois simplement que la philosophie n'a pas sa place au cours primaire, où on a affaire à des enfants. Chaque chose en son temps : tout est là. Au CEGEP ou à l'université, voire à la fin du secondaire, pas de problème . Mais au primaire, bien franchement, je considère que c'est une aberration.
Bon hiver
Christian Dufour
École nationale d'administration publique»
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Puis ma réponse à ce courriel: «Je me vois contraint une fois de plus d'être en désaccord avec votre affirmation, en ce qui attrait à la place de la philosophie au primaire.
Qu'on m'explique d'abord en quoi est-ce une aberration qu'un enfant ayant atteint l'âge de raison (que les spécialistes dans le domaine cognitif évaluent à l'âge de sept ans) ?
Si on parle d'âge de raison, c'est que ce jeune esprit est en mesure de construire une pensée le moindrement complexe, et quant à faire pourquoi ne pas le faire correctement et avec rigueur?
Je prend exemple sur mon propre de fils aujourd'hui âgé de 10 ans. Je lui ai insufflé ses premières notions de philosophie dès l'âge où il est entrée à la première année, en utilisant du gros bon sens dans ce que jeune esprit était en mesure d'absorber et chercher à comprendre (et il en faisait l'effort avec l'aide de papa), comme par exemple en lui demandant d'observer les étoiles, en le faisant rêver sur l'immensité de l'univers, par exemple, puis en lui demandant: “pourquoi d'après toi tout ça existe?” Bien même s'il balbutiait un début de réponse enfantine, ce jeune esprit faisait l'effort intellectuel de comprendre le grand mystère du pourquoi de l'existence, dans ses propres mots. Résultats aujourd'hui: à l'école cet enfant est le plus brillant de sa classe, il se fait remarquer pour sa grande curiosité intellectuelle, ses camarades lui demandent toujours de l'aide parce qu'il a le sens de la communication etc; et à la maison, nous jasons de politique, de science, de cinéma, peu importe le sujet, le jeune garçon lui a toujours une réponse pour donner du fil à recoudre à son papa, pourtant philosophe de formation universitaire....c'est pas peu dire, non?
Alors que voulons-nous demain pour prendre notre relève monsieur Dufour: des technocrates et bureaucrates n'ayant aucune capacité de raisonner de manière logique, sans curiosité intellectuelle et sans culture, ou est-il préférable d'assurer une relève par une, et j'ose le mot (auquel tout québécois est allergique aujourd'hui) une ÉLITE capable de raisonnement logique, solide et structuré, ayant une culture générale profonde et capable de discuter autre chose que de la dernière épisode de “Occupation double”?
De grâce monsieur Dufour, redressez-vous à la hauteur de ce que l'on connaît de vous, je vous en prie!
Normand Perry»

Squared

Normand Perry126 articles

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On pourrait le décrire comme un grand passionné de communication, de philosophie, de politique, d'histoire, d'astronomie, de sciences, de marketing, de musique classique et d'opéra. Normand Perry mène une vie publique bien remplie, toujours avec des projets plein la tête et des rêves à réaliser.

Après avoir obtenu un premier diplôme universitaire en philosophie au milieu des années ’90, Normand Perry débute sa vie publique comme pamphlétaire, exprimant ses opinions librement, ces dernières étant publiées régulièrement dans les journaux régionaux, les quotidiens et divers sites Web.

Depuis avril 2004, il travaille chez [Soleil communication de marque->http://www.soleilcom.com/], agence de publicité montréalaise, où il est au développement des affaires, en veille stratégique et aux relations publiques.

Depuis juillet 2010, il s’est vu confié un projet radiophonique à [l’antenne de Radio Ville-Marie->http://www.radiovm.com/index.aspx] où il conçoit, réalise, anime et supervise le montage d’une émission portant sur l’orthodoxie chrétienne au Québec : [Voix Orthodoxes->http://www.voixorthodoxes.org/].

Sa plume va le conduire en politique active.

Après s’être fait connaître comme pamphlétaire à partir du début des années 2000 dans sa région du Suroît, il se fait remarquer, et on lui propose la présidence de circonscription au Parti Québecois dans Soulanges au début 2005. Suite à la démission inattendue de Bernard Landry en juin 2005 comme chef de cette formation politique, Normand Perry appuie d’emblée la candidature de Louis Bernard tout en s’opposant farouchement à l’élection d’André Boisclair. Lorsque ce dernier remporte la chefferie du PQ en novembre 2005, Normand Perry démissionne de sa présidence et quitte le PQ sur-le-champ.

A l’automne de la même année il se fait élire au conseil municipal à Les Coteaux dans la circonscription de Soulanges au Québec. Il se voit confier notamment les responsabilités du comité des loisirs, où conçoit et implante un programme de subvention à l’activité sportive pour les jeunes; il occupe la vice-présidence du HLM, il aussi responsable de la sécurité publique et participe activement à la fondation de la Régie inter municipale des Pompiers du Lac-St-François (fusion des services des incendies de Les Coteaux et St-Zotique).

Lors de la création du nouveau parti politique Québec solidaire en février 2006, il en devient membre et participe au congrès de fondation à Montréal. Il se porte candidat aux élections provinciales de mars 2007 pour cette formation politique dans la circonscription de Beauharnois.

Après ces quelques années en politique active, il poursuit son œuvre de réflexion pamphlétaire, notamment sur le [Blogue de Normand Perry->http://normandperry.blogspot.com/] tout comme sur Vigile et bien d’autres médias québécois





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    7 janvier 2010

    Je n'ai jamais eu à éveiller la curiosité de mes enfants.
    Il me semble que c'est quelque chose de normal chez l'enfant.
    Je n'ai jamais eu à les encourager à me poser des questions et ils m'en ont posé que je ne m'aurais jamais posé moi-même.
    Ils m'en ont posé plus que j'ai pu y répondre.
    J'ai l'impression que par ce cours on veut prendre contrôle des questions pour éviter celles des enfants auquelles on ne veut pas répondre. On leur dit quelles questions ils doivent se poser, traçant ainsi une voie conforme d'une seule vision du monde.