FRANCE

Chevènement tire à boulets rouges sur l'indigénisme, les Verts et la gauche «néolibérale»

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La vieille gauche souverainiste dépassée par les événements


Dans un entretien pour Le Point, Jean-Pierre Chevènement ne mâche pas ses mots contre le PS – dont il reproche l'attachement au «néolibéralisme» –, la spirale antinucléaire et l'indigénisme. «Je m'inquiète pour la République», dit-il.


A 81 ans, le «Che» n'a pas perdu de sa verve. Dans un entretien accordé au Point, publié sur le site du magazine le 15 août, il s'inquiète de l'état de la France et de la République.


Tout d'abord, l'ancien ministre de l'Intérieur note que la crise sanitaire a révélé la profonde dépendance du pays : «Il s'agit de retrouver des marges de manœuvre, une capacité à s'orienter par soi-même, ce qui est au fondement même de la République [...] Nous avons ainsi laissé notre pays se désindustrialiser, au prix de fractures sociales de plus en plus insupportables.» S'il n'a pas d'a priori négatif sur la nomination de Jean Castex au poste de Premier ministre, il ne «discerne» toutefois pas «dans l'état actuel ce qui, dans les structures du gouvernement, traduirait la volonté de reconquête de notre indépendance». 


 

Sur le plan intérieur, le président du club République moderne estime que le gouvernement doit axer sa politique contre «la montée des communautarismes», dans une France qu'il juge «gravement fracturée, et de plus en plus violente» : «Je m'inquiète pour la République, elle ne tient que par la force des idéaux de citoyenneté et de laïcité. Je déplore l'évanescence du patriotisme français.»



Nous sommes un pays pluriethnique, pluriconfessionnel, mais pas pluriculturel : il y a une culture française



En ce qui concerne cette fracturation de la société, Jean-Pierre Chevènement porte un regard sévère sur le déboulonnage des statues telles que celles de Jacques Cœur ou de Colbert, vu comme «une atteinte grave à l'identité de la France». «Le mouvement indigéniste ou décolonial fraie la voie à l'apartheid et à l'extrême droite», poursuit-il. Pour l'ancien leader du parti de gauche souverainiste MRC (Mouvement républicain et citoyen) «l'actualité de la laïcité» serait de livrer une «réponse» aux «courants qui veulent rétablir le droit divin» – courants qui aujourd'hui, selon lui, «ne sont pas principalement des courants chrétiens, mais musulmans».


«Nous sommes un pays pluriethnique, pluriconfessionnel, mais pas pluriculturel : il y a une culture française», affirme-t-il, en demandant à la gauche «de porter cette lutte» et «conserver l'héritage de la nation, cadre privilégié de la démocratie et de la solidarité». Il adresse d'ailleurs une petite pique à la gauche, en considérant que Kad Merad, acteur dans la série Baron noir (Canal +), est «sans doute la seule figure socialiste à laquelle, à l'ère de l'immédiateté, les Français s'identifient facilement aujourd'hui». «Entre François Mitterrand et Kad Merad, il n'y a pas eu grand monde dans la mémoire collective, la génération qui a sucé le lait de SOS Racisme n'est pas allée loin en politique», tacle-t-il.


Les gouvernants et la gauche ne défendraient plus l'intérêt national



Dans cet entretien au Point toujours, Jean-Pierre Chevènement déplore également que les gouvernants français poursuivent des actions portant atteinte à «l'intérêt national», à l'image de la politique énergétique : «Supprimer 14 tranches nucléaires, et donc renoncer à la production d'une électricité décarbonée et peu chère, n'a pas de sens. En effet, le recours à des énergies intermittentes va imposer des centrales à gaz ou à charbon, en l'absence de moyens de stockage d'énergie intermittente, dont aucun n'est opérationnel aujourd'hui. C'est un saut sans parachute.» Le souverainiste regrette ainsi la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim – ce qui va selon lui «coûter un milliard de dédommagements à EDF et 5% de notre potentiel électrique».


Sévère vis-à-vis du parti Europe Ecologie Les Verts (ex-Les Verts), Jean-Pierre Chevènement distingue «l'écologie en tant que science visant à préserver les biens communs de l'humanité, et à laquelle [il] adhère, de l'idéologie des Verts qui est, [selon lui], essentiellement régressive par rapport à l'horizon historique, substituant l'idée de la catastrophe à celle du progrès». «Il serait temps de revenir aux idéaux des Lumières et ne pas céder aux tendances anti-sciences du courant soi-disant écologiste», ajoute-t-il.  


Globalement, l'ancien responsable politique, qui vient de la gauche, se fait cinglant sur ce qu'elle est devenue depuis 1983, «c'est-à-dire de son ralliement au néolibéralisme» : «Elle ne remet pas en cause la politique économique associée à la mondialisation qui a conduit à la désindustrialisation et à la dépendance productive et financière dans laquelle nous sommes», juge-t-il.