On y apprend entre autres que M. Neil Boucher, l’ancien vice-recteur de l’Université de Moncton (Monckton) croit que Charles Lawrence était « victime des études nationalistes » dans un article publié en 1977 qui ne fait que louer Lawrence parce que « militaire presque parfait provenant d’une famille aristocratique anglaise» (came of stock distinguished). Pourquoi avoir même mentionné ce personnage alors que ses compatriotes à Halifax le qualifiait de tyran et qu’il a tant méprisé nos ancêtres acadiens? Quelle impertinence !
Lawrence avait été sous les ordres du fils du roi, le duc Cumberland, à la bataille de Fontenoy (1745) de concert avec Robert Monckton, Edward Cornwallis et Jeffrey Amherst. Donc ceux-ci n’étaient pas inconnus du roi. Est-ce pour cela qu’on a considéré Lawrence le plus apte à remplir la tâche ingrate de bouc émissaire ou de bourreau pour le gouvernement britannique? Si Lawrence accepta le risque de porter sur ses épaules l’odieux du génocide acadien c’était pour éventuellement accéder au poste de gouverneur de la Nouvelle-Écosse. Pour cela il fallait qu’il se conforme non seulement aux instructions écrites du roi mais également aux directives qui lui étaient transmises verbalement. Ce n’est qu’en 1756 qu’il fut enfin promu gouverneur après la première année de la déportation avec le siège de l’établissement français de Beauséjour. À la demande du colonel Monckton, le beau nom de Beauséjour fut remplacé par celui de Cumberland en hommage au fils du roi. Comme le précisait Fidéle Thériault, c’était marquer du sceau royal les événements qui se dérouleront suite à ce siège injustifié en temps de paix.
Au bas mot, pour démontrer que Charles Lawrence n’est guère le principal responsable de la Déportation, il faut se rappeler qu’après la chute du fort Beauséjour le 16 juin 1755 l’amiral Boscawen quitte la forteresse Louisbourg pour se rendre à Halifax où il est rejoint par le contre-amiral Savage Mostyn. Boscawen avait envoyé auparavant le capitaine Richard Spry apporter secrètement à Lawrence les ordres et les instructions écrites du roi ainsi que les dépêches des Lords of Trade. En tout cas il y a une communication constante qui se fait entre Londres et l’escadre de Boscawen. Selon Roger Paradis, du Maine, Lawrence se trahit dans sa lettre d’invitation à Boscawen et Mostyn afin que ceux-ci assistent à une séance de son conseil : I am to acquaint you that it is… agreeable to the Instructions I have received from His Majesty.. that I beg the honour of your company and assistance at our consultation. Lawrence a bel et bien reçu des instructions du roi à l’été 1755. Tout ceci est confirmé dans les procès-verbaux du Conseil de la Nouvelle-Écosse des 14 et 15 juillet 1755.
Quant à la date de la séance du 28 juillet 1755, c’est les mesures de guerre dont il s’agit de mettre en branle puisqu’il y est précisé As had been before determined to send all the French Inhabitants out of the Province (sans date quelconque).
Boscawen et Mostyn étaient manifestement en position d’autorité devant le lieutenant-gouverneur Lawrence. D’ailleurs Lawrence lui-même le reconnaît explicitement dans une dépêche qu’il avait écrite le 13 juin 1755 au gouverneur Drucourt de Louisbourg: Nos capitaines de vaisseaux reçoivent toujours leurs instructions de la Cour et ces Messieurs ne sont nullement sous les ordres des gouverneurs des provinces. (Cette dépêche manuscrite se trouve intégralement à la p. 9 de Veritas Acadie 2, 2012). Il va de soi que puisque ces hauts fonctionnaires et mandataires du gouvernement en mission approuvèrent la« Déportation » avant que celle-ci eut lieu, la responsabilité légale de ce génocide doit retomber sur les épaules du gouvernement britannique et non sur Charles Lawrence.
À titre d’épilogue, Boscawen était aux yeux du gouvernement britannique, la référence officielle pour tout ce qui s’était passé en Nouvelle-Écosse en 1755. Au tribunal des historiens, comme dans le titre de Marc Poirier, il y en a plusieurs qui ont cru sans discernement l’affirmation mensongère de Lawrence aux Lords of Trade dans sa lettre du 18 octobre 1755 alléguant que sa dernière lettre datait du 18 juillet 1755. Or, of il y eut de la correspondance par le moyen d’entrepreneurs privés. Preuve à l’appui, Roger Paradis nous informe que les Lords of Trade négligèrent de payer l’un de ces dits entrepreneurs, Thomas Ainslie, pour leur avoir apporté des dépêches de Lawrence au mois d’août 1755. Ainsi il envoya donc une facture en bonne et due forme le 7 avril 1756 à Whitehall, le siège historique du gouvernement. Preuve convaincante que les Lords of Trade et Charles Lawrence mentaient effrontément dans leurs lettres officielles.
Sources exclusives : revue Veritas Acadie, une publication de la Société internationale Veritas Acadie (2012-2021) chouetteacadienne.siva@gmail.com
David Le Gallant, Î.-P.-É., Acadien de nationalité
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