Vous voulez savoir pourquoi Jean Charest se dirige vers la victoire, probablement majoritaire, le 8 décembre?
Parce qu'il mène dans les sondages, dont le Léger Marketing-Le Devoir, qui lui accordait hier une avance de 11 points sur le PQ (PLQ: 44, PQ: 33, ADQ: 15), dites-vous?
Oui, en effet, la tendance se maintient.
Mais il y a autre chose d'encore plus révélateur que les sondages: cette incroyable couche de téflon qui fait que rien, mais absolument rien, ne colle sur le chef libéral.
Pour un homme qui avait un don infaillible, dans son premier mandat, pour transformer chaque petite controverse en une crise majeure, la métamorphose en Jean-Téflon est spectaculaire.
Pourquoi s'en sauve-t-il aujourd'hui, lui qui était constamment accablé entre 2005 et 2007?
Probablement parce que les Québécois jugent que, malgré les erreurs, malgré les ratés, malgré l'arrogance et, surtout, malgré cette énième campagne imposée contre la volonté populaire, Jean Charest inspire davantage confiance aux Québécois que ses deux adversaires. À l'approche de la mi-campagne, voilà tout un constat d'échec pour Pauline Marois et Mario Dumont.
Pourtant, nombreuses sont les bavures et les taches sur le bilan libéral. Et des bavures franchement plus graves que les fameuses écoles juives ou que le mont Orford.
Le fiasco appréhendé du CHUM, le désastre confirmé de l'UQAM (et cette verrue sur le nez du centre-ville de Montréal qu'est l'îlot Voyageur), les pertes affolantes de la Caisse de dépôt, la chicane comptable avec le vérificateur général en tout début de campagne, autant de graves problèmes de gestion qui auraient suffi, normalement, à fournir toutes les munitions nécessaires aux partis de l'opposition.
Ce n'est pas qu'ils n'ont pas essayé, mais ça ne colle pas, point. Rien ne colle. Même pas les millions promis en catastrophe par Jean Charest qui nous répète pourtant que la crise économique approche. Même pas le cynisme dégoulinant de la stratégie libérale. Même pas les accusations tonitruantes contre Pauline Marois, responsable, apparemment, de tous les maux du système de santé.
Idem pour la fermeture de l'usine d'Abitibi-Bowater à Donnacona, de la perte du Grand Prix du Canada, de la réapparition d'une «vedette» du scandale des commandites (Michel Béliveau) dans l'organisation libérale en Mauricie ou du cri d'alarme du médecin-chef des urgences de Sainte-Justine.
Dans une campagne qui va mal, un seul de ces éléments aurait fait capoter le bus du chef. Mais rien n'atteint le chef libéral ces temps-ci.
Quand vous arrivez, dans une campagne électorale, à vous en sortir devant des enfants malades et leurs bons docteurs, c'est que vous êtes immunisés. Ou que vos adversaires souffrent d'un grave problème de crédibilité.
Dans les deux cas, le résultat est le même: Jean Charest vogue paisiblement vers une réélection.
Pendant ce temps, Pauline Marois se débat comme un diable dans l'eau bénite pour se dépêtrer des accusations parfaitement démagogiques des libéraux à propos de sa réelle responsabilité dans les problèmes actuels du réseau de la santé. Encore hier, Mme Marois a dû se détourner de son message pour essayer de contrecarrer celui des libéraux. Ce n'est pas propre de la part des libéraux, mais il faut admettre que c'est terriblement efficace.
Mario Dumont, quant à lui, semble être sur le point de péter les plombs.
Après son absurde prise de bec avec Guy A. Lepage, il s'en est pris hier au Parti libéral, l'accusant d'être riche au point de menacer la démocratie.
À entendre Mario Dumont, les libéraux sont en train de s'acheter une élection. Il cherche déjà une excuse: Nous avons été battus par l'argent.
Il oublie de dire que Jean Charest est en bonne posture parce que les électeurs de l'ADQ (de 2007) retournent chez les libéraux.
Si la défaite appréhendée se concrétise, Mario Dumont devra donc dire: Nous avons été battus par l'argent et le vote adéquiste...
Pour joindre notre chroniqueur: vincent.marissal@lapresse.ca
Charest l'antiadhésif
Pourtant, nombreuses sont les bavures et les taches sur le bilan libéral. Et des bavures franchement plus graves que les fameuses écoles juives ou que le mont Orford.
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