L’Accord économique et commercial global (AÉCG) est mort. La Wallonie vient tout juste d’envoyer un formidable message aux « élites » mondialisées, qu’elles soient d’Europe, du Canada et même du Québec, à l’effet que ses diktats et ultimatum ne l’impressionneront pas, tant et aussi longtemps que ses demandes ne seront pas respectées. Nous leur devons une fière chandelle d’avoir mis en échec une tentative brutale de rendre incontestable les dogmes du système globalitaire. Ne nous y trompons pas : le refus wallon est encore plus important et imposant que le Brexit, signifiant dans le cas présent qu’on a dit « non » à la fois à l’Union européenne et au Canada. La crise de la mondialisation se poursuit.
Nos libre-échangistes locaux ne réalisaient sans doute pas à quel point ils s’enfonçaient dans le ridicule depuis quelques mois : missive du gouvernement Couillard aux Wallons qui manipulait grossièrement le vocabulaire ; déclaration de la vice-présidente de la Chambre de commerce Canada-Belgique-Luxembourg, un lobby de firmes transnationales, à l’effet qu’il n’y aurait pas d’invasion d’ours et de sirop d’érable provenant du Canada ; blocage de José Bové aux douanes canadiennes et expulsion programmée, pour mieux le « débloquer » et le « dés-expulser » dans les heures suivantes ; discours du secrétaire parlementaire de la ministre canadienne du Commerce devant les élus wallons à l’effet qu’ils devraient payer pour leurs choix démocratiques. Mais la palme revient assurément à Pierre-Marc Johnson pour ses sorties de haut niveau. En entrevue à la radio publique belge cette semaine, j'ai tenu pour ma part à présenter mes excuses au nom du Québec. Mais il va de soi que ma modeste parole compte pour peu à côté de celle de nos représentants officiels...
Il fallait cependant que la ministre Chrystia Freeland y aille d’une dernière déclaration loufoque, à l’image de l’attitude canadienne depuis le début de ce dossier : « Au cours des derniers mois, nous avons beaucoup travaillé avec la Commission et des États membres. Mais il semble évident que l'UE n'est pas capable maintenant d'avoir un accord international, même avec un pays qui a des valeurs si européennes que le Canada, même avec un pays si gentil, si patient. » Bien entendu, les Belges auraient dû renoncer à leurs intérêts fondamentaux au nom de la « gentillesse » du Canada...
Restons vigilants
C’est donc en vertu d’un accord qui ne sera jamais venu au monde qu’en novembre 2015 le Québec et l’Ontario en sont arrivés à une entente pour harmoniser la libéralisation de leurs services publics, ouvertement pour se conformer à l’AÉCG. On peut y lire la note suivante : « Tous les organismes publics québécois seront visés par [l'Accord de commerce et de coopération entre le Québec et l'Ontario]. Cet assujettissement inclut plusieurs sociétés d'État qui sont visées pour la première fois par un accord de libéralisation, dont la Caisse de dépôt et placement, Hydro-Québec et la Sépaq. »
Maintenant que l’AÉCG est là où il mérite de se retrouver, peut-on espérer que cet accord de libéralisation harmonisée entre les deux provinces soit abandonné ? Il va de soi que non. Le globalitarisme a, de toutes manières, d’autres pains au four. Parmi ceux-ci, le Partenariat transpacifique (PTP) sera le prochain à être mis à l’essai.
La saine méfiance, qu'il faut impérativement maintenir, n’empêche cependant pas de savourer les victoires quand elles se présentent à nous. Pour ma part, j’irai déguster une bonne bière tout à l’heure. Une bière belge, évidemment.
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