Depuis les dernières 40 années, le projet d’indépendance du Québec repose essentiellement sur les épaules des véhicules que représentent les partis politiques – et avec raison : c’est par l’élection d’un gouvernement souverainiste qu’on pourra enclencher le réel processus d’émancipation. Pendant un bon moment, cette stratégie unique semblait tout à fait logique : un – puis plusieurs – partis forts portaient solidement le plus grand projet de société que notre nation peut se donner.
Or, les temps ont changé. Désormais, on sait, avec l’exemple du Bloc Québécois, qu’un parti politique, aussi bien implanté, financé et populaire soit-il, peut, du jour au lendemain, quasiment s’effacer de la carte. On sait aussi que le parti politique provincial souverainiste le plus établi, le Parti Québécois, avec un leadership remis en cause, une série de démissions et un nouveau joueur qui risque de faire très mal dans certaines régions, pourrait aussi subir plus ou moins le même sort. Les temps changent, donc, mais pas la stratégie souverainiste : on met toujours tous nos œufs dans le même panier. On voit toujours les partis politiques comme étant les gardiens du souverainisme. Plus que jamais, cette stratégie est risquée : il faut changer notre vision et notre façon de penser les fondations de la souveraineté.
J’en appelle à un véritable changement de paradigme : un nouveau souverainisme doit voir le jour. Le projet de faire du Québec un pays n’appartient pas aux partis politiques mais à la nation québécoise : conséquemment, un véritable souverainisme citoyen doit maintenant émerger. Les Québécoises et Québécois doivent s’approprier le projet de pays et œuvrer proactivement en parallèle des partis politiques. Seulement ainsi peut-on espérer que le projet d’indépendance vive une véritable renaissance et qu’il se réaffirme plus fort, plus vigoureux, plus pertinent que jamais.
Le Québec souverain doit puiser ses racines dans le cœur et l’âme des citoyens : c’est à nous de porter fièrement cet idéal, de lui insuffler nos couleurs, nos valeurs, nos espoirs et nos rêves. C’est à toi et moi d’instiller l’ambition d’un nouveau pays, de démontrer que l’avènement de la souveraineté ne sera pas une fin, mais un commencement, un véritable renouveau. Pour que la majorité de la population québécoise en vienne à désirer et croire en la réussite du projet de pays, elle doit d’abord se l’approprier : ce n’est qu’en enracinant le projet de souveraineté dans nos cœurs, nos raisons et nos esprits que nous déploierons nos ailes et ferons du Québec notre pays.
Nous, simples citoyens, de toutes les régions du Québec, de tous les horizons et de toutes les générations, devons devenir porteurs de ce grandiose projet, en devenir de véritables porte-parole : après tout, le pays que nous désirons si fortement, nous en serons les fondateurs. Ensemble, c’est donc notre responsabilité de devenir d’authentiques leaders citoyens pour le Québec souverain.
Un changement de paradigme est donc de mise : le temps est venu de mettre de l’avant le souverainisme citoyen qui, en complémentarité avec le souverainisme politique, enracinera le pays dans nos cœurs et nous rapprochera plus que jamais de notre passage collectif de l’adolescence à l’âge de la maturité.
Ensemble, nous allons faire un pays!
Alexandre Warnet
alexandre.warnet wqa gmail.com
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