Tranché sur une question d'éducation religieuse, le scrutin ontarien a clairement amené au Canada anglais un débat possédant des similarités avec celui engagé au Québec autour des accommodements raisonnables.
Malgré des handicaps majeurs, les libéraux de Dalton McGuinty ont en effet remporté une nouvelle majorité parlementaire, mercredi, aplatissant les conservateurs de John Tory (71 sièges contre 26). Poussé par la fraction de ses militants abonnés au christianisme évangélique à proposer un financement étatique des écoles confessionnelles, Tory a tout simplement été englouti par cette promesse en forme de sables mouvants.
Place de la religion dans la société, remise en cause du multiculturalisme dans sa mouture actuelle et questions sur l'identité nationale bienvenue dans le club, comme on dit: le mal n'épargne pas le castor canadien!
Dorénavant, «la charge émotive qui s'affiche au Québec et en Ontario donne une idée de ce qui nous attend» prévoit l'influente [Margaret Wente dans le Globe and Mail->9517], de Toronto. De fait, l'une des choses que nous connaissons mal de la psyché du ROC, du Rest Of Canada, est qu'elle a également la fibre identitaire fragile.
La chose ne s'exprime pas exactement de la même façon qu'au Québec, voilà tout.
Les journaux de Toronto (ou de Vancouver, ou de Yellowknife!) passent rarement plus de quelques jours sans se pencher gravement sur le problème. Et, depuis la Confédération, l'examen de l'identité canadienne est devenu en soi un genre littéraire qui encombre les librairies du Canada anglais.
En septembre 2002, des auteurs du ROC jugeaient l'âme canadienne à ce point mal portante qu'ils accouraient à son chevet pour lui servir un bon bouillon de poulet, comme on en administre aux grippés et autres malades. Cela donnait Chicken Soup for the Canadian Soul, un ouvrage collectif proposant 84 historiettes édifiantes destinées à «montrer qui nous sommes».
Or, définir le Canada et les Canadiens apparaît au ROC comme une tâche presque impossible, constate tristement le journaliste, professeur et essayiste d'Ottawa, Andrew Cohen, dans (nous traduisons): [Le Canadien inachevé / Ce que nous somme->6326]s. Son plaidoyer pour une identité canadienne forte, publié au printemps dernier et acclamé partout à l'ouest de Gatineau, est typiquement canadian, ce qui ne doit pas nécessairement être considéré comme un mal - si l'on veut bien, pendant un court instant, se défaire de la tuque et du mousquet des Patriotes.
Par exemple, Cohen dit: devenir canadien, par l'immigration et l'acquisition de la citoyenneté, n'est pas un droit universel et automatique, mais un privilège qui s'accompagne d'un certain nombre de devoirs. Il dit encore: le Canada a une histoire (que même les Canadiens «de souche» ne connaissent plus, il est vrai, parce qu'on ne l'enseigne pas!) expliquant qui nous sommes aujourd'hui et pourquoi il existe un certain nombre de valeurs auxquelles nous ne pouvons pas renoncer. Le pays ne peut pas être qu'une «communauté de communautés», conclut-il.
Ô combien familier cela nous apparaît-il, n'est-ce pas?
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