Un débat nécessaire

Canadiens-Français, pourquoi faire? Prise 2

En réponse aux commentaires de Claude Richard à la dernière chronique de Mme Morot-Sir

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Tribune libre

Vos commentaires, M. Richard, illustrent à la perfection la nature du problème identitaire qui, collectivement, nous afflige. Quelle que soit la réalité légale ou sociodémographique du Québec actuel, c’est l’image que vous vous faites de la québécitude qui prime avant tout, une vision selon laquelle la québécitude aurait transformé les crapauds canadiens-français que nous étions en êtres d’exception. En 1970, c’était « le début d’un temps nouveau » comme le dit si bien la chanson. Et c’était suffisant pour flatter l’égo de toute une génération.


De cette vision d’une extrême naïveté, vous tirez, comme beaucoup d’autres, une immense fierté de salon qui fonde votre estime de vous-mêmes. Pour l’essentiel cependant, cette estime de soi repose sur le simple fait que nous soyons devenus des « majoritaires francophones » en nous identifiant à l’État du Québec; ce qui aurait soi-disant équivalu, dans ce délire narcissique et progressiste, à devenir les maîtres du jeu.


Par malheur, cela n’a jamais été le cas. Gilles Verrier a écrit plusieurs textes démontrant le fait que même en étant démographiquement majoritaires nous demeurions une minorité sociologique. Plusieurs facteurs en sont la cause et, pour ma part, j’ai beaucoup appuyé sur le fait que par sa nature même, le Québec fut et demeure un État colonial qui favorise, depuis sa création en 1763, la « communauté québécoise d’expression anglaise » qui y prospère.


Mais si même cette argumentation vous laissait de marbre, une réalité ne peut être niée : dans 15 ans les Canadiens-Français seront minoritaires au Québec. Nous ne serons plus majoritaires « pantoute ». Alors on fera quoi?


Ce qu’à plusieurs nous tentons de faire, c’est d’amener les gens et les lecteurs de Vigile à réfléchir aux conséquences de cette réalité inéluctable et surtout, de leur proposer une parade. On aura beau renforcer les pouvoirs de la Belle Province au point de la rendre quasi souveraine, voire même indépendante, si nous y devenons minoritaires, plus rien alors ne nous protégera d’une louisianisation. Nous serons condamnés de nous identifier à une québécitude de moins en moins canadienne-française, autrement dit, à une québécitude qui ne nous ressemblera plus du tout.


Il adviendra au Québec ce qu’il est advenu naguère au Canada. Dès que les boomers auront quitté cette terre, nous serons étrangers à la québécitude comme nous le sommes aujourd’hui à la «canadianity».


La parade? Pour ma part, amener l’État du Québec à reconnaître son rôle premier dans la sauvegarde et le développement de la nation canadienne-française. Si cette responsabilité historique et morale était enchâssée dans les lois statutaires de l’État québécois, alors toutes les mesures (migratoires, linguistiques, éducationnelles ou d'ordre patrimonial) qui devraient être prises dans ce but s’en trouveraient pleinement légitimées. Bien plus, ces mesures ne pourraient plus être remises en question (ou être annulées advenant un changement de gouvernement) car la protection et l’épanouissement de la nation canadienne-française constitueraient alors l’assise de la doctrine d’État du Québec.



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