Dimanche de fête des Mères oblige, la dernière journée de campagne en vue des élections partielles d'aujourd'hui a été plutôt tranquille, à l'image d'une course dont l'issue ne devrait pas changer le paysage politique à Québec. Quoi qu'il en soit, a-t-on répété partout hier, chaque formation tentera toute la journée de relever LE défi commun à chaque élection partielle: faire sortir le vote chez les quelque 136 000 électeurs appelés aux urnes.
Seul Québec solidaire a choisi de tenir un rassemblement partisan hier, et ce, dans la circonscription montréalaise de Bourget. Le parti progressiste a profité de l'occasion pour mener une offensive de séduction auprès des «péquistes déçus», selon les mots de sa porte-parole Françoise David, en réaffirmant son caractère souverainiste. «Il faut le redire: Québec solidaire est souverainiste. Souverainiste parce que nous avons besoin d'un pays pour réaliser nos objectifs de justice et d'écologie dans toute leur complexité», a-t-elle affirmé.
Pourtant, Mme David le reconnaît elle-même, Québec solidaire ne devrait pas se retrouver à l'Assemblée nationale après cette soirée électorale, malgré un «accueil sympathique» des citoyens de l'est de l'île. «On veut dire aux gens que le vote pour Québec solidaire compte, même si on va être très francs, on n'a pas la prétention d'être élus demain. Mais on a la prétention d'avoir un résultat honorable et on dit aux gens: "aidez-nous à l'avoir".» Le parti a d'ailleurs été très actif dans le dossier de la transformation de la rue Notre-Dame, militant pour une «humanisation» du projet actuellement en préparation.
En fait, les circonscriptions montréalaises de Bourget et de Pointe-aux-Trembles devraient demeurer aux mains des péquistes, elles qui appartenaient respectivement à l'ancienne ministre péquiste Diane Lemieux et à l'ancien chef du PQ André Boisclair. L'ex-député du Bloc québécois Maka Kotto se présente dans Bourget et l'ancienne ministre et députée de Pointe-aux-Trembles Nicole Léger y brigue de nouveau les suffrages.
Tous deux ont fait une dernière brève séance de porte-à-porte hier, avant de laisser les gens célébrer la fête des Mères.
Malgré des signaux positifs, on ne tient rien pour acquis, a assuré hier le porte-parole péquiste, Manuel Dionne. «Le gros défi sera de faire sortir le vote, a-t-il souligné. On a plusieurs bénévoles qui seront à pied d'oeuvre pour ça, et les candidats aussi vont s'y mettre, car le taux de participation est historiquement plus faible lors des élections partielles.» Pour ce qui est de la soirée électorale, la chef Pauline Marois la passera essentiellement aux côtés de Nicole Léger.
Chez les adéquistes, dont la formation est en chute libre dans les sondages, on dit néanmoins avoir remarqué un intérêt des électeurs. La conseillère économique de Mario Dumont, Diane Bellemare, qui se présente dans Pointe-aux-Trembles, est persuadée d'avoir convaincu les citoyens «grâce aux projets concrets, réalistes et faisables» qu'elle a présentés aux citoyens.
Pour régler les problèmes de transport en commun, Mme Bellemare a notamment proposé la mise en place d'une liaison entre la pointe de l'île et le métro Honoré-Beaugrand sur l'emprise du CN près de la rue Victoria par autobus hybrides et électriques. Elle aimerait aussi que l'on implante une navette d'autobus pour les personnes plus âgées et celles qui ont de la difficulté à se déplacer.
Le candidat de l'Action démocratique dans Bourget, Denis Mondor, a quant à lui fait de la lutte contre le décrochage scolaire l'engagement principal de sa campagne en annonçant qu'il créerait, au lendemain de son élection, une fondation pour encourager les initiatives locales. Mario Dumont est aussi venu appuyer ses candidats, soulignant du même coup que l'Est de Montréal avait besoin d'un renouveau économique et d'une meilleure desserte en matière de transport en commun, mais aussi de marchandises.
C'est l'ancien chef du Parti vert Scott McKay qui représente la formation écologiste dans Bourget. «Il n'y a aucun candidat dans Bourget qui peut s'estimer gagnant à l'heure actuelle», estime-t-il. Le responsable des communications, Dominic Rouette, a d'ailleurs expliqué hier que le parti y dépêcherait 25 bénévoles afin de faire sortir le vote en sa faveur. Pour tenter d'attirer l'électorat, M. McKay a dit qu'il souhaitait une réduction de 50 % du prix de la carte mensuelle de transport en commun, mais aussi le prolongement du métro vers Anjou et l'implantation de 200 kilomètres de tramway sur l'île.
C'est la mairesse de l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Lyn Thériault, qui porte les couleurs libérales dans Bourget, tandis que Mélissa Dumais fait de même dans Pointe-aux-Trembles. Il n'a pas été possible de parler à un porte-parole du parti hier pour faire le bilan de leur campagne.
Hull
Dans la circonscription de Hull, où le scrutin a été rendu nécessaire en raison du départ du libéral Roch Cholette, le prochain député devrait en fait être une députée, puisque la candidate libérale Maryse Gaudreault est donnée gagnante. Un sondage dévoilé la semaine dernière laisse en effet croire que le Parti québécois aura du mal à ébranler le bastion libéral de la circonscription de l'Outaouais. Le coup de sonde réalisé entre le 1er et le 5 mai donne 45 % des intentions aux libéraux et 27 % aux péquistes, après répartition des 12 % d'indécis.
Fait à noter, Jean-Phillip Ruel, de l'Action démocratique du Québec, ne récolte que 5 % des intentions de vote, un recul de 12 points par rapport à la dernière élection générale. Les adéquistes traînent maintenant au cinquième rang dans les intentions de vote, derrière le Parti vert, à 12 %, et Québec solidaire, à 10 %. À l'élection du printemps 2007, le libéral Roch Cholette avait recueilli 42,5 % des voix, contre 23,9 % pour son rival péquiste, Marcel Painchaud.
Un nouveau venu de la politique provinciale fera par ailleurs ses premières armes aujourd'hui à l'occasion des élections complémentaires. Le Parti indépendantiste, qui accuse le Parti québécois d'avoir baissé les bras sur la question nationale, présente des candidats dans les trois circonscriptions disputées, avec l'espoir de recueillir autant de votes que le Parti vert ou que Québec solidaire.
«Si on a le même résultat que le Parti vert et que Québec solidaire après seulement deux mois d'existence officielle, ce sera très bien, a dit le chef du Parti indépendantiste, Éric Tremblay, un jeune avocat de la région de Montréal. Le véritable défi du Parti indépendantiste est d'augmenter sa visibilité et son taux de notoriété.»
Un total de 20 déclarations de candidature ont été acceptées par le Directeur général des élections du Québec, en prévision de ces élections partielles.
Avec La Presse canadienne
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Seul Québec solidaire a tenu un rassemblement partisan hier, jour de la fête des Mères
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