C'est en forgeant qu'on devient forgeron

La formation des profs est-elle adéquate?

Tribune libre

Combien de fois au cours de ma carrière à titre d’enseignant en français au secondaire ne me suis-je pas fait interpeler, particulièrement par des parents, sur la piètre qualité du français de nos jeunes! Et combien de fois ai-dû leur répondre qu’en réalité, mes élèves, à ce sujet, n’étaient ni mieux ni pires que ceux des années précédentes…À preuve que le problème ne date pas d’hier!

Dans la foulée des divers intervenants en éducation, c’est au tour du Conseil supérieur de la langue française de se commettre relativement aux effets néfastes des coupures en éducation, alléguant qu’il est «urgent de réinvestir massivement » afin d’améliorer la maîtrise du français dès le début du primaire, une façon de lutter contre le décrochage scolaire.

Toutefois, à mes yeux, au-delà des coupures qui touchent directement la qualité de l’acte pédagogique, je demeure convaincu qu’un bon enseignant demeurera toujours celui qui réussit à communiquer sa matière de façon aussi harmonieuse que possible, quitte à utiliser les « vieux » outils pédagogiques à l’occasion, telle la traditionnelle bonne vieille dictée.

« Fabricando fit faber », proclame un vieil adage, « c’est en forgeant qu’on devient forgeron ». Eh bien, si on suit la même logique, c’est en écrivant qu’on apprend à écrire. En conséquence, dans la kyrielle de moyens que l’on tente désespérément de mettre en œuvre pour améliorer la qualité de notre langue, je suggère qu’on revienne à la base de son apprentissage, à savoir l’observation de ses phénomènes linguistiques à travers leur application dans des textes concrets.

La formation des profs est-elle adéquate?

D’entrée de jeu, je dois vous avouer que je ne connais pas le contenu des activités de formation que reçoivent les futurs enseignants. Toutefois, si je me fie au Conseil supérieur de la langue française, un des constats qui s’en dégage émanerait d’une formation déficiente.

Par ailleurs, parmi tous les volets qu’englobe la formation, je suis porté à présumer que la connaissance de la langue française, particulièrement pour les futurs professeurs qui se dirigent vers l’enseignement du français, supporte certaines carences, m’appuyant à cet effet sur la piètre performance des candidats au test de français obligatoire de français pour les élèves qui entrent au premier cycle universitaire.

Or, il m’apparaît primordial que le futur professeur de français maîtrise en profondeur la matière qu’il aspire enseigner, quitte à effectuer un retour sur les notions grammaticales et syntaxiques de base souvent reléguées aux oubliettes à la suite de quelques années de CÉGEP où priment des contenus de littérature.

Dans la mesure où la langue est un outil de communication privilégiée, encore faudrait-il que celui qui l’enseigne en connaisse son fonctionnement…C’est une simple question de gros bon sens!

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Henri Marineau2089 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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2 commentaires

  • marie-france legault Répondre

    12 novembre 2015

    Fier et responsable!
    Une langue sera vivante et permanente, si les citoyens éprouvent de la fierté à bien parler et s'ils se sentent responsables personnellement de son utilisation correcte.
    Fierté et responsabilité sont intimement liées pour atteindre un même objectif: la qualité. La Loi 101 même si elles est justifiée, ne peut pas régler tous nos problèmes.
    Tous les jours nous voyons les effets néfastes de l'apathie et de l'indifférence linguistique. Bien parler, bien s'exprimer avec le mot juste et précis est une
    préoccupation qui devrait être quotidienne. L'assimilation qui reste toujours un danger réel, viendra se heurter à un mur de béton: fierté et responsabilité. Les québécois fiers et responsables de la langue vont constituer un rempart solide, robuste et indestructible. Ils n'auront plus PEUR d'être assimilés. Il ne sert à rien
    de manifester, de hurler, de crier, de balancer des drapeaux. Agissons. à Québec l'association ASULF (soutien usage de la langue française) fait un travail magnifique pour la qualité. Pour ceux et celles qui veulent corriger les mauvaises expressions: "Mieux dire, Mieux écrire" de Yvon Delisle Québec Loisirs 2000.

  • Nestor Turcotte Répondre

    13 octobre 2015

    Relisez LES INSOLENCES DU FRÈRE UNTEL (publié en 1960) et du même auteur DOSSIER UNTEL, Éditions du Jour,1973, pp.115-203. Les réformes se sont multipliées: rien n'a changé. La loi 101 ne protège pas la langue française. Ceux qui veulent bien la parler et bien l'écrire deviennent les sauveurs de la langue de Molière.
    Un outil à mettre dans les mains de tous les étudiants: une grammaire commune. Puis, apprentissage sytématique du vocubulaire et retour à la dictée quotidienne.
    C'est trop simple. Le ministre de l'Éducation ne pourra pas appliquer la loi du bon sens.
    Nestor Turcotte- Matane