C’est au pied du mur que nous verrons le maçon !

Tribune libre

Philippe Couillard est donc devenu le nouveau Premier Ministre du Québec dans des conditions apparemment idéales. Est-ce vraiment le cas ?
Un fort important programme l’attend, comprenant toutes les promesses faites aux Québécois pour obtenir leurs suffrages au cours de la campagne électorale.
Dans ce programme figure en toute première place la résorption du chômage. sans considération du fait que la plupart des pays occidentaux sont affectés de la même plaie, alors que le taux de chômage du Québec ne dépasse guère 7% pendant que celui des autres pays de la planète dépasse fréquemment 9 à 10%. Les Québécois auraient donc pu se satisfaire du leur, sans que les cris d’alarme de Philippe Couillard ne soient pleinement justifiés.
Mais selon une déplorable habitude de l’opinion politicienne et médiatique québécoise, les performances économiques supérieures des pays étrangers dont notre pays pourrait s’inspirer pour améliorer ses prouesses sont rarement recherchées. Au mieux, nous contentons nous de jeter un œil sur ce que font les États-Unis, qui ne sont pourtant pas nécessairement les meilleurs champions dans tous les domaines, notamment en matière de dette souveraine.
Janet Yellen, nouvelle présidente de la Fédéral Réserve, vient d’ailleurs d’informer les banques de la planète de ce que, contrairement à ce qui avait été envisagé avant sa nomination, il sera impossible d’arrêter de faire fonctionner la machine à imprimer des dollars sans contrepartie avant longtemps, la sortie de la crise américaine ne pouvant plus être évaluée de façon certaine, et qu’en conséquence le programme de quantitative easing se poursuivra sans que l’on puisse en prévoir le terme aujourd’hui.
Cette nouvelle me semble apporter aux jérémiades économiques de notre nouveau Premier Ministre un bémol fort bien venu. Comment le Québec devrait-il damer le pion à notre grand voisin ? Vraiment, Philippe Couillard aurait-il pu faire mieux à la place de Pauline Marois ? Comme j’ai intitulé ce petit article, « c’est au pied du mur de la dette que nous verrons le maçon Couillard », alors que son « exceptionnelle cellule économique » ne semble pas avoir été capable de suivre de très près le cours mondial de l’économie !

C’est ainsi que nous ne cessons de nous plaindre aussi des performances de notre système éducatif, comme précisément les États-Unis d’ailleurs, alors que la Finlande, petit pays de 5 454 167 habitants, bien moins nombreux que les Québécois, est en tête sur ce point du classement PISA de l’OCDE en la matière pour les résultats qualitatifs de leur école, et que ce pays accepte d’envoyer gratuitement à tout pays qui leur en fait la demande des délégués spécialisés pour former leurs professeurs à leurs méthodes de classe supérieure. Alors, ne nous plaignons plus et mettons-nous à la page.
Je terminerai par l’exemple de l’exploitation de nos ressources minières du nord. Philippe Couillard n’a cessé tout au long de sa campagne électorale de déplorer que madame Marois, sa concurrente, ait laissé tomber le projet du plan Nord initié par Jean Charest.
Si, avant de monter une nouvelle fois l’électorat québécois contre l’encore Première Ministre du pays, il avait consulté sa cellule économique dont il loue pourtant les qualités qu’il qualifie d’exceptionnelles, il aurait appris qu’au cours des premières exploitations des minières du nord la valeur de leurs ressources n’ont cessé d’augmenter pendant plusieurs années jusqu’en 2011, date à partir de laquelle leur valeur boursière s’est mise à diminuer jusqu’à nos jours.
Or, les grandes compagnies minières cessent logiquement d’investir dans de nouvelles sources de matières premières dès que leurs cours cessent d’augmenter et commencent à adopter un profil décroissant, du fait d’un affaiblissement du marché.
Il en résulte que l’acquisition de nouvelles sources de matières devient alors inutile pour elles, sinon dommageable.
C’est donc le retournement du marché des ressources qui amena la Première ministre Marois à stopper ses démarches auprès des grandes compagnies minières de la planète. Elle, au moins, se tenait au courant de l’évolution de l’actualité économique du pays, c’est à dire des vraies affaires.
Mme Marois ne se donna d’ailleurs pas la peine de se défendre contre les accusations injustifiées de Philippe Couillard. Ce dernier affirma cependant sa détermination à parcourir la planète pour reprendre l’exploitation du plan Nord dès qu’il aurait gagné les élections, ce qui était parfaitement ridicule, et dénote une certaine incompétence de sa part.
À travers ces trois exemples, on peut donc se rendre compte des incohérences de la campagne électorale du parti libéral, et de souligner le peu d’attention que nos soi-disant chefs politiques portent à leurs concurrents comme à leurs propres propos ainsi qu’aux solutions politiques qu’ils laissent ainsi échapper.
Je tire de cette attitude l’absolue certitude que notre nouveau Premier ministre sera incapable de conduire le merveilleux programme théorique grâce auquel ses compatriotes l’ont élu. Ceux-ci s’en rendront-ils compte ?!

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André Serra14 articles

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sciences économique et politique géopolitique - ex directeur administratif - consultant en organisation - éditeur
tél. 514-982-0785





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