Le président de la Chambre des députés du Brésil, Eduardo Cunha, a lancé mercredi une procédure de destitution contre la présidente de gauche Dilma Rousseff basée sur des accusations de maquillage des comptes de l’État en 2014 et 2015.
Cette décision va plonger le Brésil dans une gravissime crise politique susceptible de paralyser de longs mois le géant d’Amérique latine, déjà embourbé dans une profonde récession économique et ébranlé par le gigantesque scandale de corruption autour du groupe pétrolier étatique Petrobras.
M. Cunha, farouche adversaire de la présidente Rousseff a annoncé sa décision en conférence de presse après plusieurs mois de suspense, alors qu’il est lui-même accusé de corruption dans l’affaire Petrobras et menacé de perdre son poste.
«Cela veut dire autoriser l’ouverture (de la procédure), non pas en juger du bien-fondé, ce qui reviendra à la commission spéciale (de la chambre basse) qui pourra l’accepter ou le rejeter», a déclaré M. Cunha.
Une Commission spéciale de députés représentative des forces en présence à la chambre basse du parlement va devoir à présent être constituée. Elle aura ensuite un délai de 15 sessions parlementaires pour voter un rapport préconisant la destitution ou non de la présidente.
Ce rapport sera ensuite inscrit à l’ordre du jour de l’assemblée plénière des députés qui devront voter l’éventuelle mise en accusation de la présidente. Deux tiers des voix des députés, soit 342 sur 513, seraient nécessaires pour que le processus se poursuive.
En cas de mise en accusation, Dilma Rousseff serait écartée provisoirement de ses fonctions pendant un maximum de 180 jours. C’est au Sénat qu’il reviendra de la juger en session plénière dirigée par le président du Tribunal suprême. Deux tiers des voix des Sénateurs (54 sur 81) seraient requis pour destituer immédiatement la présidente, faute de quoi elle réassumerait immédiatement ses fonctions.
«Je ne fais pas ça de gaieté de cœur, je sais que c’est un geste délicat à un moment où le pays traverse une situation difficile», a ajouté M. Cunha.
Ce député évangélique ultra-conservateur est membre du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), principal allié parlementaire du Parti des travailleurs (PT, gauche) de la présidente Rousseff au sein de la coalition au pouvoir.
Mais il a pris depuis des mois ses distances à titre personnel vis à vis de la présidente, dont il s’est érigé en principal adversaire.
Dilma Rousseff a été difficilement réélue en 2014 pour un second mandat. Elle a vu sa popularité s’effondrer à un plancher historique de moins de 10% face à la triple crise politique, économique et morale que traverse le grand pays émergent d’Amérique du Sud.
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