Malorie Beauchemin - Mettre la souveraineté sur la glace et revoir le programme du parti, voilà le douloureux constat et le difficile mandat que s'est donné André Boisclair, au lendemain de la défaite cuisante qui a relégué le Parti québécois au rang de deuxième parti de l'opposition.
«L'Assemblée nationale sera dorénavant composée de députés représentant une majorité d'électeurs pour qui la tenue d'un troisième référendum sur la souveraineté ne constituait pas une priorité, a-t-il calmement expliqué hier. La souveraineté est toujours souhaitable mais, à l'évidence, à court terme, elle n'est pas réalisable.»
Si l'option de l'indépendance du Québec est écartée pour l'instant, il n'en demeure pas moins qu'André Boisclair espère que la présence forte de l'Action démocratique du Québec donnera du poids aux revendications nationalistes. «Il y a les deux tiers des députés de l'Assemblée nationale ou presque qui rejettent le statu quo constitutionnel, a-t-il avancé. Alors il va falloir mettre le gouvernement de M. Charest à l'épreuve.»
C'est un chef de parti lucide, mais visiblement amer, qui s'est présenté devant les journalistes, dans le hall de l'Assemblée nationale, à Québec, pour le bilan traditionnel qui suit les campagnes électorales.
«Les résultats de l'élection d'hier sont décevants, a lancé d'emblée M. Boisclair. C'est un cliché de dire que les électeurs ont parlé, que la démocratie s'est exprimée. Ce qui est moins cliché, c'est d'en tirer les conséquences et d'agir en conformité avec celles-ci.»
Modifier la plateforme
Disant assumer sa part de responsabilités pour cette défaite, le chef péquiste a pourtant rapidement blâmé le programme du parti, dont il avait hérité de l'ancienne garde à son arrivée la tête de la formation, en 2005. «Je suis devenu le chef après le congrès national. Le programme était déjà adopté, a-t-il souligné. J'ai senti que ça aurait été impossible de retourner en congrès avant l'élection. Maintenant, c'est clair que dans les prochaines semaines nous allons devoir modifier notre plateforme, notre stratégie et j'entends démontrer beaucoup de leadership.»
Selon lui, le travail à faire est colossal. «Le pire qui pourrait arriver, c'est que le Parti québécois ne change pas, a-t-il estimé. Je vais m'assurer que le Parti québécois ne sombre pas dans le déni.»
Pour ce qui est de son échec quasi complet dans la région de Québec, à l'exception de la réélection d'Agnès Maltais dans Taschereau, le chef péquiste a eu quelques mots durs à l'endroit de l'équipe régionale du parti.
«À l'évidence, je n'ai pas, malgré mon désir, réussi à réunir l'équipe dont j'avais besoin dans la Capitale-Nationale, a-t-il dit. Je pense qu'avec les membres du Parti québécois de la Capitale-Nationale, nous devons tirer des conclusions et partager un certain nombre de responsabilités. Nous aurons entre nous de bonnes discussions.»
Le chef péquiste s'est par contre félicité de quelques belles victoires, notamment, en Abitibi-Témiscamingue, au Saguenay-Lac-Saint-Jean et en Côte-Nord, où le PQ a réussi des balayages.
Malgré tout, et même si certains sympathisants péquistes l'ont déjà invité à quitter son poste, il entend demeurer à la tête du Parti québécois, affirmant même n'avoir pas songé un seul instant à démissionner.
«Je vais travailler avec mes collègues députés. Je reçois des signaux très nombreux qui vont dans la bonne direction pour mon leadership, a-t-il conclu. Les gens ont vu quelqu'un qui a mené une bonne campagne, quelqu'un de solide, de courageux, quelqu'un qui a gagné l'estime de la population.»
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