La lettre du premier ministre britannique Tony Blair, publiée cette semaine dans le Daily Telegraph (dont vous trouverez plus bas un extrait traduit en français par mon collègue Denis Dion), aurait pu être adressée aux Québécois plutôt qu’aux Écossais. Remplacez les mots «Royaume Uni» par «Canada» et «Écosse» par «Québec», et on trouve dans ce texte tous les éléments de l’argumentaire fédéraliste à l’encontre des thèses souverainistes.
blair_s.jpgPar exemple, fait remarquer Tony Blair, les raisons traditionnelles invoquées par les nationalistes écossais en faveur de l’indépendance de leur nation ne tiennent plus. L’Écosse est désormais prospère. Depuis la décentralisation de 1997, les Écossais ont plus de contrôle sur leur sort que jamais. Et pourtant…
Pourtant, le Scottish National Party est favori pour l’emporter lors des prochaines élections au parlement autonome écossais, le 3 mai. Le SNP s’engage à tenir un référendum sur l’indépendance le plus tôt possible au cours de son mandat. Ça vous dit quelque chose? Certains sondages ont montré que l’indépendance emporterait l’adhésion d’une très courte majorité, 51% ou 52%.
Cependant, la tenue d’une telle consultation n’est pas acquise. Le SNP devrait en effet, pour avoir le pouvoir, former une coalition avec les libéraux démocrates. Or, ceux-ci - comme l’ADQ au Québec, tiens, tiens! - ne veulent rien savoir d’un référendum.
Tony Blair accuse le SNP de faire campagne en parlant le moins possible de l’indépendance: «Les électeurs d’Écosse ne doivent pas se laisser mystifier par les nationalistes. La séparation n’est pas seulement un volet de leur programme. C’est ce qui les définit.»
Et il constate que le principal argument des indépendantistes écossais, c’est que l’Écosse n’obtient pas sa juste part des revenus du pétrole de la mer du Nord - c’est le déséquilibre fiscal anglais! Cet argument perdrait évidemment tout son poids si les prix du pétrole retombaient, tout comme les surplus du fédéral, que lorgnent les provinces, fondront comme neige au soleil lors de la prochaine récession.
Dans son texte, M. Blair parle brièvement du Québec: «Montréal a déjà été la capitale financière du Canada. Mais même si les Québécois ont tourné le dos à l’indépendance, l’incertitude quant à l’avenir fut suffisante pour que la ville perde son statut aux mains de Toronto. Par exemple, le prospère secteur financier d’Écosse pourrait subir le même sort lorsque des décisions touchant des investissements futurs seront prises.»
Cet argument est un peu simpliste. Il est probable que la situation relative de Montréal par rapport à Toronto se serait détériorée même sans la présence d’un mouvement indépendantiste au Québec. Ce mouvement du pouvoir économique vers l’Ouest a aussi été observé aux États-Unis. Néanmoins, il est indéniable que la «menace» indépendantiste a eu un impact, ne serait-ce qu’en entraînant un exode de plusieurs dizaines de milliers d’anglophones de Montréal vers la capitale ontarienne.
Chose certaine, les Québécois et les autres Canadiens auraient avantage à suivre attentivement ce qui se passe en Écosse au cours des prochains mois. Les similitudes entre les deux situations sont suffisamment nombreuses pour être riches en enseignements.«L’indépendance s’accompagne d’un fort prix.»
(Extrait du texte du premier ministre britannique Tony Blair, publié cette semaine dans le Daily Telegraph.)
Nous célébrons cette année le 300e anniversaire de ce que l’on peut à juste titre qualifier d’union volontaire couronnée du plus grand succès entre deux pays.
C’est un partenariat qui s’est traduit par de la prospérité et de la stabilité pour les citoyens à la fois d’Écosse et d’Angleterre de même que par une influence remarquable sur le monde. Nous pouvons également nous rendre compte aujourd’hui que c’était un arrangement bien avant de son temps et qui a permis aux pays de ce qui allait devenir le Royaume-Uni de conserver leur identité propre, mais en coopérant pour leur plus grand bien.
Au cours des dernières années, la délégation de pouvoirs a eu aussi pour effet de changer, de moderniser et d’améliorer l’Union. Elle fournit à l’Écosse, au Pays de Galles et bientôt à l’Irlande du Nord, je l’espère, l’occasion de trouver leurs propres priorités et solutions tout en mettant en œuvre les décisions qui gagnent à être prises à l’échelle du Royaume-Uni pour demeurer à Westminster.
L’Écosse a utilisé ces pouvoirs pour s’attaquer à des problèmes de longue date et elle a trouvé une réelle fierté, par exemple, dans la manière dont elle s’est hissée en tête, en Europe, sur la question de l’usage du tabac et de la santé publique. La délégation de pouvoirs et le Parti travailliste ont été à la hauteur des attentes en Écosse de même qu’au Pays de Galles en ce qui a trait à l’éducation, à la santé, à la lutte contre le crime et dans nombre d’autres domaines.
Si l’on considère ce dossier de réalisations ainsi que les liens étroits qui unissent maintenant entreprises et familles, il semble étrange de nous trouver confrontés à une tentative déterminée, bien que temporairement voilée, de démanteler le Royaume-Uni. C’est encore plus étrange si l’on songe au fait que les deux arguments traditionnels en faveur de la séparation ont obtenu réponses au cours des dernières années. À l’évidence, la délégation de pouvoirs est la réponse à ceux qui prétendaient que l’Écosse n’aurait jamais son mot à dire au sein de l’Union. Les succès économiques remportés par l’Écosse au cours de la dernière décennie ont aussi démoli l’argument voulant qu’il y ait en quelque sorte des relations laissant à désirer au nord de la frontière.
Cette stabilité économique et les investissements records dans les écoles, les hôpitaux et ceux consentis pour combattre la pauvreté seraient évidemment tous menacés si l’Écosse devait se retirer de l’Union. Cela explique peut-être pourquoi les nationalistes écossais sont soudainement enclins à mettre en sourdine leur objectif d’indépendance. Ils ne se vantent plus qu’il y aura un référendum dès qu’ils auront mis la main sur le pouvoir au Parlement écossais. Ils soutiennent aujourd’hui qu’un référendum aura lieu quelque part vers la fin de leur mandat de quatre ans comme si, après tout, l’indépendance n’était pas si importante à leurs yeux.
Les électeurs d’Écosse ne doivent pas se laisser mystifier par les nationalistes. La séparation n’est pas seulement un volet de leur programme. C’est ce qui les définit. On ne peut pas dissocier le SNP (Scottish National Party – Parti national écossais) de l’indépendance et l’indépendance s’accompagne d’un fort prix.
Et c’est un prix que l’Écosse devrait commencer à payer dès que le SNP parviendrait au pouvoir. Je soupçonne certains électeurs de voir dans un vote pour le SNP un « coup franc », l’équivalent d’un vote de protestation lors d’une élection complémentaire, un jeu qu’ils peuvent faire cesser bien avant que l’indépendance survienne. Je sais aussi que le SNP compte sur cela.
Mais l’incertitude quant à l’avenir de l’Écosse une fois que le SNP sera au pouvoir aura des répercussions bien avant que les Écossais aient la chance de voter sur la question de savoir s’ils souhaitent ou non l’indépendance. Les entreprises prennent leurs décisions en se fondant sur les risques futurs et une Écosse qui érigerait des barrières alors que le reste du monde les abat ne sera pas attrayante.
Montréal a déjà été la capitale financière du Canada. Mais même si les Québécois ont tourné le dos à l’indépendance, l’incertitude quant à l’avenir fut suffisante pour que la ville perde son statut aux mains de Toronto. Par exemple, le prospère secteur financier d’Écosse pourrait subir le même sort lorsque des décisions touchant des investissements futurs seront prises.
Notre époque est façonnée par les forces jumelles de la mondialisation et de l’interdépendance. À une époque semblable, notre Union n’est pas une relique du temps passé, mais une expression moderne dans sa quintessence même de la manière dont nous trouvons des ponts communs entre divers peuples et partageons des valeurs tout en conservant nos identités distinctives. Quel message funeste transmettrions-nous au reste du monde si, sur nos petites îles, nous étions incapables de vivre ensemble au sein d’une union politique, sociale et économique. Je crois plutôt que nous devrions célébrer ce que nous avons réalisé au sein de cette Union en constante évolution au cours des 300 dernières années et continuer à être un puissant symbole de ce que l’harmonie et la coopération peuvent accomplir.
Blair contre Boisclair
17. Actualité archives 2007
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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