ROME - L'ancien chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, condamné lundi à sept ans de prison dans le procès Rubygate, dans lequel il était accusé d'abus de pouvoir et prostitution de mineure, a annoncé qu'il comptait «résister», réaffirmant «sa complète innocence».
Ce verdict plus lourd que prévu risque de peser sur la stabilité politique de la péninsule, et a déjà suscité de nombreuses réactions indignées dans le centre droit.
Le Cavaliere a également été condamné à l'interdiction à vie de l'exercice de toute fonction publique par le tribunal de Milan (nord), qui est allé plus loin que la requête du parquet qui avait demandé six ans de prison.
Silvio Berlusconi, 76 ans, n'ira cependant pas en prison car ses avocats vont déposer un recours. Tant que cette peine n'est pas validée en Cour de Cassation, elle n'est pas exécutoire.
«Encore une fois, j'entends résister à cette persécution, parce que suis absolument innocent», s'est insurgé le Cavaliere, dans une réaction écrite.
«J'étais vraiment convaincu qu'ils m'acquitteraient, parce que, dans les faits, il n'y a aucune possibilité de me condamner», a ajouté le Cavaliere.
«Une sentence incroyable a été émise, d'une violence jamais vue auparavant, en vue de m'éliminer de la vie politique de ce pays», a-t-il poursuivi.
Niccolo Ghedini, l'un des avocats de Berlusconi, a confirmé un rapide pourvoi en appel et a estimé que "cette condamnation est complètement déconnectée de la réalité".
Dans le camp du Cavaliere, les protestations ne se sont pas faites attendre. C'est un «véritable attentat contre la démocratie», s'est insurgé le sénateur de droite Lucio Malan.
Fabrizio Cicchitto, un proche plutôt modéré, dénonçait «l'irresponsabilité d'un noyau de magistrats soutenus par des forces éditoriales et financières contre lesquels il faut protester haut et fort».
Réputé imprévisible, plusieurs médias ont souligné que le Cavaliere considérait le gouvernement de coalition d'Enrico Letta comme une protection contre les poursuites judiciaires, mais, en l'absence de cette protection, «son intérêt à soutenir le gouvernement disparaîtrait».
Entamé en avril 2011, le procès tournait autour de dîners à l'ambiance débridée, décrits comme des «orgies» par le parquet, organisés au printemps 2010 dans la luxueuse villa de Silvio Berlusconi à Arcore, près de Milan: les fameuses soirées «bunga-bunga», auxquelles participait, entre autres, la jeune Marocaine Karima El Mahroug, alias «Ruby la voleuse de coeurs», âgée de 17 ans à l'époque.
La procureure Ilda Boccassini, bête noire du Cavaliere, avait demandé une «peine de base de cinq ans de prison» pour abus de pouvoir car M. Berlusconi, alors Premier ministre, aurait utilisé sa position pour faire libérer la jeune Ruby interpellée à Milan pour un larcin. Cette peine de base devait être «aggravée d'un an» pour avoir rémunéré les prestations sexuelles de cette mineure.
Mme Boccassini avait assorti son réquisitoire de la requête d'«interdiction à vie d'exercer toute fonction publique» à l'encontre de l'ex-président du Conseil, sénateur depuis les élections de février.
Le tribunal a été plus loin, le jugeant coupable d'«abus de pouvoir sous la contrainte», et demandant même au parquet d'ouvrir une enquête sur de possibles fausses déclarations de certains témoins.
De son côté, la défense du Cavaliere avait demandé son acquittement.
Le verdict est arrivé quelques jours à peine après le rejet par la Cour constitutionnelle d'un recours très important pour le Cavaliere. Il cherchait à obtenir l'annulation d'une condamnation pour fraude fiscale (procès Mediaset) risquant de le priver de tout mandat électoral.
Depuis son entrée en politique en 1994, il a été condamné, en incluant le verdict du Rubygate, à un total de 18 ans et cinq mois de prison ferme, dont trois ans couverts par une amnistie, pour divers délits, mais aucun de ces jugements n'a jusqu'à présent été définitif.
Exprimant son amertume, Marina, fille ainée de Berlusconi et présidente de l'empire des communications Fininvest, a estimé qu'on ne peut parler ni de «sentence» ni de «procès». «Tout le château va s'écrouler, et la vérité s'imposera», a-t-elle prédit.
Ce verdict Rubygate «signifie que la température a énormément monté pour le Cavaliere: il va devoir maintenant utiliser tous les instruments, toutes les armes à sa disposition pour échapper à la condamnation dans l'affaire Mediaset», a estimé James Walston, professeur en relations internationales à l'American University de Rome.
Le verdict accentue «aussi les divisions qui existent déjà à l'intérieur de la coalition de gouvernement, les partisans de Berlusconi étant encore plus passionnés, plus furieux qu'avant» a noté James Waltson à l'AFP.
SCANDALE SEXUEL RUBYGATE
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé