La commission scolaire Seigneurie-des-Mille-Îles se félicite de sa gestion «saine et rigoureuse des fonds publics» pour le renouvèlement d'un bail avec l’ex-argentier libéral Marc Bibeau, même si son directeur général a avoué à la police qu'il avait subi des pressions dans le dossier.
Notre Bureau d'enquête révélait la semaine dernière que Jean-François Lachance, directeur général de la Commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles (CSSMI), avait été rencontré par l’Unité permanente anticorruption en janvier 2016.
Dans une déclaration signée, il disait avoir subi des pressions– par personne interposée – de Dan Gagnier, à l’époque chef de cabinet du premier ministre Jean Charest, afin que leur siège social demeure dans un immeuble appartenant à Marc Bibeau, au Carrefour à Saint-Eustache.
M. Lachance parlait de négociation «corsée». Nous avions contacté M. Lachance à de nombreuses reprises la semaine dernière pour lui offrir la possibilité de commenter le dossier, mais il ne nous avait pas rappelés.
Or son avocat nous a fait parvenir un communiqué lundi après-midi dans lequel la Commission scolaire insiste sur le fait que le bail qui a été reconduit jusqu’en 2021 avec une baisse de loyer qui a permis à la commission d’économiser 1 million sur 10 ans.
«Par sa négociation rigoureuse, l’équipe dirigée par Jean-François Lachance a réussi à obtenir des termes avantageux», peut-on lire.
Le communiqué ne fait aucune mention des pressions et des négociations corsées. Toujours dans sa déclaration à l’UPAC, M. Lachance mentionnait avoir fait appel à la firme Grant Thorton pour une assistance avec les études financières. Cela lui avait permis d’apprendre que, si la commission scolaire quittait le Carrefour, M. Bibeau aurait mis trois à cinq ans avant de combler l’espace.
«Alors ça m’a donné les munitions afin de négocier davantage avec ce dernier», avait-il dit avant de mentionner avoir obtenu une baisse du prix du loyer.
Paule Fortier, présidente de la commission scolaire et ancienne candidate libérale aux élections de 2007, également rencontrée par l’UPAC, avait expliqué avoir croisé M. Bibeau quelque temps après la signature du bail.
«Clairement, il m’a fait connaître son mécontentement parce qu’il a dû y laisser beaucoup d’argent dans cette négociation», a-t-elle dit dans une déclaration écrite signée dont nous avons obtenu copie.
Mme Fortier n’a pas rappelé Le Journal.
Mise en demeure
En plus d’un communiqué de presse, la commission scolaire a aussi envoyé une mise en demeure à un commissaire qui avait osé critiquer le renouvèlement de ce bail sur le réseau TVA et dans les pages du Journal.
La Coalition Avenir Québec dénonce une tentative d’intimidation «d’un sonneur d’alerte». «Il doit être écouté et protégé [... ] Il ne mérite pas d’être bâillonné», a réagi Jean-François Roberge, le député de la Coalition Avenir Québec, porte-parole de la deuxième opposition en matière d’Éducation.
L’ex-commissaire Claude Girard avait dénoncé le manque de transparence et la rapidité avec laquelle les commissaires s’étaient penchés sur le sujet, le 23 juin 2009. En tout, 21 personnes avaient voté en faveur du renouvèlement. Seul M. Girard s’était abstenu.
Selon la mise en demeure dont nous avons obtenu copie, M. Lachance et la CSSMI considèrent que les propos de M. Girard ont porté atteinte à leur réputation.
Le caquiste Jean-François Roberge promet de talonner le gouvernement sur cet enjeu.
«J’espère aussi que le ministre [Sébastien Proulx, ministre de l’Éducation] va envoyer une directive claire à la commission scolaire d’arrêter ces menaces d’intimidations»
L’ancien entrepreneur en construction Lino Zambito, également cité dans notre article, a lui-même reconnu avoir fait jouer son influence pour que les commissaires acceptent de signer le bail. Ce dernier n’a pas reçu de mise en demeure, a-t-il confirmé, lundi.
M. Girard n’a pas souhaité commenter.
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