CATALOGNE

Barcelone tient tête à Madrid

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On entre dans le registre du drame

La Catalogne a ouvertement défié mardi le gouvernement central espagnol en annonçant le maintien d’une consultation symbolique sur son indépendance prévue le 9 novembre, après une interdiction du Tribunal constitutionnel saisi par Madrid.

Le Tribunal constitutionnel a annoncé mardi à la mi-journée la suspension de cette consultation censée remplacer un référendum consultatif déjà bloqué par la même instance le 29 septembre. Or, si le gouvernement de Catalogne avait semblé reculer en octobre, il a décidé cette fois d’aller de l’avant.

« La réponse est catégorique : le processus participatif est maintenu, a déclaré le porte-parole de l’exécutif de cette région, Francesco Homs. Tout est prêt pour le 9 novembre et le gouvernement [catalan] maintient le processus participatif, qui, pour nous, est une manière de garantir la liberté d’expression. »

Le président de la région Artur Mas « veut un pacte national pour le droit de décider parce qu’aujourd’hui, plus que jamais, il faut défendre tous ensemble et avec détermination la liberté d’expression des citoyens de notre pays », a-t-il martelé. Et pour enfoncer le clou, Francesco Homs a annoncé « la saisine du Tribunal suprême » pour dénoncer l’« atteinte au droit de participation, à la liberté d’expression et à la liberté d’opinion » par le gouvernement.

La justice

D’abord moquée par Madrid, la consultation a finalement été jugée anti-constitutionnelle par l’exécutif espagnol qui a saisi le Tribunal constitutionnel, estimant qu’elle offre « encore moins de garanties démocratiques » que la première. Madrid assure qu’il s’agit d’un référendum qui ne dit pas son nom, un type de consultation qui ne peut être organisé que par l’État espagnol, assurant par ailleurs que seul l’ensemble des Espagnols peut se prononcer sur l’avenir de la Nation.

Artur Mas, lui, veut faire de ce vote symbolique une démonstration de force. Et la puissante région, peuplée de 7,5 millions d’habitants et qui représente environ 20 % de la richesse produite dans le pays, s’est donné les moyens de l’organiser : des bureaux de vote seront installés dimanche dans des écoles ou autres bâtiments publics de 942 des 947 municipalités de Catalogne.

Quelque 40 930 bénévoles seront mobilisés pour l’organisation du vote avec 6695 bureaux de vote. Des bulletins ont été imprimés et, comme pour tout scrutin, un système de transmission des résultats est prévu.

Le président catalan avait promis de respecter la légalité, mais l’opposition de Madrid et le jusqu’au-boutisme de ses alliés de la gauche indépendantiste de l’ERC (Esquerra Republicana de Catalunya), déterminés à organiser cette consultation, l’ont poussé à aller de l’avant.

D’autant que le sentiment indépendantiste a gagné en vigueur, notamment depuis l’annulation partielle en 2010 par le Tribunal constitutionnel d’un nouveau statut qui reconnaissait la Catalogne comme nation. Depuis trois ans, les Diada (jour de la Catalogne) du 11 septembre ont rassemblé des centaines de milliers de personnes dans les rues.

Selon un dernier sondage publié samedi dans le quotidien El Pais, ERC arriverait d’ailleurs en tête si des élections régionales étaient organisées aujourd’hui avec 38 ou 39 sièges au parlement régional, qui en compte 135, devant le parti nationaliste conservateur d’Artur Mas (Convergencia i Unio, 32-33 sièges). Selon cette même enquête réalisée par le Centre d’études de l’opinion de la Generalitat, 49,4 % des Catalans sont favorables à l’indépendance, un pourcentage qui varie toutefois beaucoup selon les sondages.

Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, n’a pas directement réagi mardi, mais il a une nouvelle fois mis en garde ceux, comme l’opposition socialiste, qui veulent revoir la Constitution adoptée par consensus après la fin de la dictature franquiste (1939-1975) afin notamment d’octroyer plus d’autonomie à la Catalogne.

« Que voulez-vous réformer ? Et est-ce possible avec le même niveau de consensus que lors de l’adoption de l’actuelle Constitution, en 1978 ? », a-t-il demandé, assurant que l’Espagne avait « un niveau de décentralisation bien supérieur aux États-Unis, à l’Allemagne et aux quelques États fédéraux qui existent dans le monde ».


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