Le paradigme du manchot

Avant d’être à gauche ou à droite, il faut être

Tribune libre

En guise d'introduction et pour mieux comprendre mes références de départ, la lecture du texte de mon collègue Samuel Bergeron est nécessaire (http://leglobe.ca/2013/04/politique-je-suis-ambidextre/). Je tiens d'ailleurs à le remercier personnellement pour son apport au présent débat, même si, au final, je ne partage pas entièrement son opinion. Et je tiens à le rassurer, mon texte est loin de n'être qu'une réponse directe au sien, mais porte davantage sur le questionnement général qu'il soulève.
Extraits du texte de Samuel Bergeron, Je suis un ambidextre :« Il est, en mon sens, tout à fait possible de ne pas vouloir se positionner personnellement sur l’axe gauche/droite. Je fais parti de cette catégorie de gens, celle voulant fuir une dichotomie nuisible. […] Voulez-vous bien m’expliquer pourquoi certaines personnes sentent le besoin absolu de se positionner ainsi? […] Une idée peut être ni de gauche et ni de droite, non? De toute façon, voulez-vous bien m’expliquer c’est quoi la gauche et la droite? […] M’obliger à me situer sur l’axe gauche/droite serait de me vouer au culte de la pensée unique. C’est mettre le positionnement idéologique avant l’intérêt du peuple. C’est se rendre dépendant de l’échiquier politique dans le processus de réflexion. C’est s’astreindre à la renonciation d’une mesure qui ferait partie de l’autre idéologie pour la seule et unique raison qu’elle n’est pas du côté de l’axe que nous désirons supporter. Les gens peuvent me qualifier de gauchiste ou de droitiste s’ils le veulent, mais pour le bien-être de mon intellect et de mes réflexions personnelles, je refuse de m’autodéfinir sur cet axe. […] Pour être, je dois penser. Pour penser, je dois rejeter l’aveuglement idéologique. Pour rejeter l’aveuglement idéologique, je dois réfléchir en fonction du bien commun. Le bien commun n’appartient ni à la gauche, ni à la droite. Il nous appartient tous. Bref. Je suis ambidextre. »
On dit d'un ambidextre qu'il n'est ni droitier, ni gaucher, mais cela ne veut pas dire qu'il n'utilise pas ses deux mains. D'ailleurs, on peut quantifier l'ambidextrie d'une personne en mesurant le degré de polyvalence de chacune de ses mains. Ce qui sous-entend la possibilité qu'un ambidextre puisse utiliser davantage une main plutôt que l'autre. De ce fait, l'ambidextrie peut difficilement être considérée comme une position neutre (ou comme un refus de positionnement). Elle est simplement l'expression d'une faculté acquise qui permet à une personne d'être aussi habile avec les deux bras. Être manchot serait, dans cet exemple, la vraie position neutre, car cela évoque l'impossibilité réelle de positionnement. Même un ambidextre, dans le monde réel, n'a pas le choix de se positionner. En utilisant sa main gauche ou sa main droite, il se positionne constamment.
Il est vrai qu'il est laborieux de donner une version « définitive » des termes gauche ou droite lorsqu'il s'agit de positionnement idéologique, mais il reste que, historiquement, nous sommes à même de tracer les fondements théoriques de chacun de ces deux mouvements et que ces termes sont bien ancrés dans la conscience collective. Même si nous pourrions trouver plusieurs « défauts de surface » au fait d'utiliser les termes gauche/droite, il reste qu'on les utilise (et d'autres) pour s'orienter sur l'échiquier politique. Ils sont des points de repère nous permettant d'arriver à notre destination idéologique selon les enjeux. Le seul problème est que beaucoup trop de gens utilisent ces termes sans la rigueur intellectuelle (et la compréhension claire des termes employés) qui devrait accompagner un tel exercice. Les mots perdent de leur sens quand on les utilise n'importe comment.
Comme a déjà dit Josée Legault dans un de ses billets pour résumer le livre La gauche et la droite, un débat sans frontière (http://voir.ca/chroniques/voix-publique/2011/12/14/au-royaume-des-ni-ni/):
« L'axe gauche-droite est le vocabulaire le plus universel et le plus englobant de tous les clivages politiques parce qu'il rend les débats intelligibles pour tous. Sans cette référence partagée, les débats politiques demeurent fragmentés, centrés sur les personnalités, l’image et le clientélisme. »
La note explicative du livre d’Alain Noël, spécialiste de la politique comparée, La gauche et la droite, un débat sans frontière (http://www.pum.umontreal.ca/catalogue/la-gauche-et-la-droite), va aussi dans ce sens :
« […] Nombre d’experts et de politiciens proclament depuis longtemps la fin de la division gauche-droite. Force est alors d’admettre que cette opposition est dotée d’une formidable résilience. Comment l’expliquer? D’abord, la politique est toujours une affaire de débats. Qu’il s’agisse de problèmes locaux, nationaux ou internationaux, les faits politiques se prêtent toujours à des interprétations divergentes. Ensuite, avec l’universalisation du modèle démocratique, le thème de l’égalité s’impose plus que jamais comme l’enjeu ultime des conflits sociaux. Or, aucun instrument d’analyse ne rend mieux compte des différences de points de vue à propos de l’égalité que la grille gauche-droite. Voilà pourquoi ce clivage continue d’être pertinent et constitue une incomparable clé d’interprétation de la politique-monde. […] »
Ceci étant dit, je suis quand même d'accord avec un des points que soulève mon collègue Samuel Bergeron. Le fait de se camper dans une position et renoncer à une mesure politique parce qu'elle n'est pas du côté de l'axe que nous désirons supporter est un non-sens. Ce qui est nuisible, c'est l'arrêt définitif de positionnement. Le positionnement n'est pas, à la base, un enfermement, mais le résultat d'une mesure entre deux points. Et moi aussi, j'aimerais un jour que l'être humain cesse de se positionner selon des axes idéologiques, mais pour l'instant, ce n'est pas le cas.
« Avant d’être à gauche ou à droite, il faut être »
Quand j'observe les commentaires de certains de mes collègues, j'ai l'impression que cette citation amène une bonne partie des militants d'Option nationale (ON) à fuir comme la peste toute mesure qui se traduirait par un positionnement idéologique qui pourrait se voir donner l'étiquette gauche/droite. D'ailleurs, j'ai senti que cette réticence en à pousser plus d'un à ne pas voter en faveur de certains amendements à notre programme lors de notre dernier congrès.
Advenant la prise du pouvoir par ON, celui-ci devrait obligatoirement se positionner quotidiennement sur les « affaires de la Cité » avant de faire l'indépendance. Et ce positionnement serait interprété, par un grand nombre d'observateurs comme étant tantôt à gauche et tantôt à droite. Donc, nous pouvons difficilement soutenir que, avant d'être à gauche ou à droite, il faut être, puisqu’avant d'être (indépendant), nous nous positionnerons constamment à gauche ou à droite et surtout, nous devrons tenter de respecter notre programme qui est, pour l'instant de centre-gauche.
Lors d'une discussion avec un de mes collègues, celui-ci a fourni un élément de réponse intéressant sur la perception des militants quant à cette citation et sur le sens réel à donner à celle-ci.
Nicolas Geoffroy : « Le problème avec le slogan "avant d'être à gauche ou à droite, il faut être", c'est d'interpréter TEMPORELLEMENT le mot "avant" comme si ON s'engageait à former un gouvernement qui ne ferait rien pendant les mois ou années précédant la déclaration d'indépendance, ou plutôt qui ne ferait rien qui soit susceptible d'être positionné sur l'axe gauche-droite (c'est-à-dire presque toutes les décisions politiques imaginables).
Contre cette interprétation insoutenable du slogan de Jean-Martin Aussant, il faut répondre que son auteur admet lui-même que la plupart de nos positions relèvent de la gauche, excepté la rationalisation des commissions scolaires qui est plus à droite (on pourrait ajouter nos positions linguistiques qui sont défendables autant par la gauche que par la droite).
Le "avant" dans ce slogan doit plutôt être compris en terme de PRIORITÉ. Si vous préférez, utilisez la formule suivante :"notre priorité n'est pas d'être à gauche ou à droite, mais d'être". Vous trouverez peut-être que cette reformulation laisse encore penser que le Québec n'est rien (un non-être) alors qu'il est, en tant que province, un demi-être qui peut, dans ses champs de compétence provinciaux, être plus à gauche ou à droite. Alors, vous n'avez qu'à dire que "notre priorité n'est pas d'être à gauche ou à droite, mais d'être PLEINEMENT."
Bien que ces précisions étaient implicites dans le slogan de Jean-Martin Aussant, l'interprétation curieuse qu'en font certaines onistes me fait penser qu'ils sont plusieurs à s'imaginer qu'ON peut passer sous les radars universels de l'axe gauche-droite qui sont à l’œuvre depuis les débuts du parlementarisme québécois, contrairement à ce que prétendent plusieurs experts patentés, dans la vieille terminologie libéral-conservateur.
Cela dit, je pense que nous nous entendons tous pour faire de l'indépendance notre priorité, même si certains s'imaginent qu'ON n'est plus situable sur l'axe gauche-droite parce qu'ON l'a mis au second plan. Selon moi, le fait de ne pas faire une priorité de notre position sur l'axe gauche-droite implique seulement qu'ON ne renierait aucunement sa raison d'être s'il se rapprochait de positions plus centristes dans les prochaines années. »
Je crois effectivement que ce commentaire aide à mettre en contexte la citation et sa portée. Par contre, je n'ai jamais lu ou entendu, dans le discours officiel d'ON, quelque chose qui viendrait la nuancer comme le fait mon collègue dans son commentaire. On semble plutôt rouler sur la voie d'évitement sur cette question. Ce silence semble déteindre sur plusieurs onistes car, comme il le fait remarquer, l'interprétation de ceux-ci fait penser qu'ils sont plusieurs à s'imaginer qu'ON peut « passer sous les radars universels de l'axe gauche-droite ». ON préfère se définir comme pragmatique, mais malheureusement, nous ne sommes pas les premiers à se réclamer de cette école.
Josée Legault, Au royaume des ni-ni, Voir Montréal (http://voir.ca/chroniques/voix-publique/2011/12/14/au-royaume-des-ni-ni/) :
« […] Exemple: François Legault et sa Coalition Avenir Québec (CAQ). Son truc: hypnotiser les Québécois en leur faisant croire qu’il transcende ce qu’il appelle avec dédain les “étiquettes” politiques. Et donc, il se dit ni de droite, ni de gauche – seulement“pragmatique”. En politique, c’est un grand classique pour faire passer ses adversaires pour des bornés dépassés et ses propres idées pour du “gros bon sens”. La réalité, par contre, est une autre histoire. Dans les faits, ce que la CAQ propose est essentiellement une vision comptable et conservatrice. Donc, de droite. Du moins, si les mots ont encore un sens. […] »
Alexandre Leduc, un des candidats au poste de porte-parole de Québec Solidaire, aborde aussi l'intemporalité du débat gauche-droite dans un de ses textes (http://alexandreleduc.net/2012/12/04/la-gauche-la-droite-et-lindependance-ma-reponse-a-mathieu-bock-cote/).
« […] Je crois avoir récemment compris la nature profonde de ce malentendu. Les hiérarchistes croient qu’on peut “régler” le débat gauche-droite comme on peut régler la question nationale. En effet, le parallèle peut paraître logique à première vue. Un vote majoritaire à 50%+1 en faveur de l’indépendance règle la question. On débat, on tranche, on se rallie et on va de l’avant.
Il en va d’une tout autre logique pour le débat gauche-droite. On débat, bien sûr, mais on ne “tranche” jamais vraiment. L’erreur des hiérarchistes est de croire que le débat gauche-droite peut se régler de manière définitive, alors qu’il est en réalité un éternel bras de fer entre ceux qui possèdent tout et ceux qui ne possèdent rien ou pas grand-chose. Parfois on gagne une hausse du salaire minimum et on avance, parfois le gouvernement réduit les impôts des entreprises tout en coupant dans les services sociaux et on recule.
Le débat gauche-droite est un tango que l’on danse depuis les balbutiements de l’industrialisation et que nous allons danser encore bien longtemps. Nous l’avons dansé avant l’indépendance,nous allons le danser pendant le processus d’indépendance et nous le danserons certainement encore après l’indépendance. On ne peut donc pas, même si on le voulait, régler d’abord la question nationale avant de régler le débat gauche-droite. C’est une impossibilité politique et économique. […] »
Plusieurs autres textes intéressants soulèvent cette question de positionnement sur l'axe gauche/droite :
Jonathan Durand Folco, (maîtrise en philosophie) dans son texte : L'indépendance n'est pas la souveraineté! (http://ekopolitica.blogspot.ca/2013/04/lindependance-nest-pas-la-souverainete.html?spref=fb)
« […] Le principal préjugé nationaliste, souverainiste ou anti-indépendantiste, c’est la croyance dans le fait que l’indépendance n’est ni à gauche, ni à droite, mais avant toute chose. D’ici là, rien ne sert de faire de la lutte à la pauvreté ou la justice sociale une priorité nationale, parce que de toute façon il sera impossible de changer les choses tant que le LIT ne sera pas réalisé. L'argument ontologique selon lequel avant d'être de gauche ou de droite, il faut Être, est tout simplement faux. Cette idée est réfutée parle simple fait que le Québec n’est pas rien, car c’est une société et une nation en devenir même si elle ne s’est pas encore dotée d’un État pleinement indépendant. […] »
Et Yanick Barette (Détenteur d’un baccalauréat en histoire et d’une maîtrise en géographie (M.Sc.) de l’Université de Montréal et candidat au doctorat (Ph.D.) en Études urbaines au Centre Urbanisation Culture Société de l’Institut national de la recherche scientifique), dans son texte : La fin du clivage gauche-droite? (http://quebec.huffingtonpost.ca/yanick-barrette/la-fin-du-clivage-gauche-droite_b_3061283.html?utm_hp_ref=fb&src=sp&comm_ref=false#sb=4572741,b=facebook)
« Les spécialistes de la politique répètent ad nauseam que le clivage gauche versus droite est révolu, voire qu'il constitue une conception politique archaïque. Sur le plan théorique peut-être, mais en pratique est-ce réellement le cas? Plusieurs éléments nous portent à croire que cette opposition, loin de s'être estompée, a subi une mutation, constituant plus que jamais un repère pour une majorité de citoyens.
L'idée de ce texte n'est pas de présenter l'arène politique de manière dichotomique, dans la mesure où nous sommes conscients qu'il existe des tendances, des mouvements et des idées qui sortent de cette bipolarisation sociopolitique. Les tendances sont aussi diverses que diversifiées, autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Il serait ainsi réducteur d'affirmer que les deux blocs idéologiques sont monolithiques ou même homogènes. Ils sont effectivement marqués par des tensions, des conflits et des rapports de pouvoir. Cela dit, il serait encore plus faux d'associer bêtement les deux grandes conceptions à des stéréotypes de type: les gauchistes sont des socialistes/communistes, tandis que les droitistes appuient Bush,Harper ou encore Romney. […] Malgré cela, qu'on le veuille ou non, le recours conceptuel à la gauche ou à la droite s'est renforci au cours des dernières années, agissant, malgré leurs dissensions internes, de plus en plus comme facteurs d'intégration, ainsi que comme repères argumentatifs. De même, nous remarquons que les individus ont une disposition à se définir comme étant de gauche ou de droite lors de leurs débats ou discussions. […] En fait, même les partis politiques font constamment allusion à ce clivage, se revendiquant de la gauche, de la droite ou du centre, ce qui conséquemment participe à la légitimisation de ce clivage. […] D'un point de vue empirique, nous estimons que le clivage sociopolitique entre la gauche et la droite agit comme un mécanisme de structuration des pensées, des comportements et des attitudes électorales et discursives. En outre, nous constatons la tendance qu'ont les individus à se réfugier à l'intérieur de l'un ou l'autre des deux grands blocs idéologiques pour, d'une part, schématiser et structurer leurs arguments et, d'autre part, pour discréditer leurs adversaires politiques. À la lumière de ces révélations, nous observons qu'il existe une prédominance de l'opposition gauche versus droite dans les relations sociales. En somme, le clivage gauche/droite représente donc à la fois une méthode de distinction, ainsi qu'un dispositif de mobilisation et de coalition, ce qui assurément le rend bien réel et actuel. »
Avec tout ceci, il serait difficile de prétendre que le clivage gauche/droite n'existe pas (ou qu'il est dépassé) et il serait difficile de ne pas chercher (ou de refuser) à s'y positionner. Même le centre est positionné sur l'axe gauche/droite. À mon sens, Option nationale ne peut plus maintenir le flou quant à son positionnement idéologique général. L'entretenir pourrait s'avérer problématique pour la suite des choses. Soit ON fait preuve d'honnêteté intellectuelle et qu'il assume son côté centre-gauche dans son discours (On a qu'à regarder la plateforme électorale pour s'en convaincre), tout en précisant sa pensée sur la temporalité de son positionnement gauche/droite (le fameux AVANT dans la citation) dans son cheminement vers l'indépendance, ou soit que ON prend la citation au pied de la lettre et exclût toutes mesures pouvant se positionner sur l'axe gauche/droite dans sa plateforme. J'en conviens la dernière option est plutôt extrême contrairement à la première, mais dans les deux cas, je crois que nous avons un devoir de clarté et de cohérence.
Mise à part la plateforme électorale, sommes-nous si différents de Québec Solidaire sur la question de donner une tangente idéologique à notre projet de société? Les mouvements de libération des peuples ne sont-ils pas vus comme des mouvements de gauche? Les accusons-nous à tort de vouloir « forcer » l'indépendance par la gauche? Encore une fois, je laisse mon collègue, Vladimir De Thézier, apporter quelques éléments de réflexion sur le sujet.
Vladimir De Thézier (conversation sur Facebook sur le babillard de Diane Massicotte, janvier 2013)
« Bien que je suis toujours un membre d'Option nationale, je note que la seule contradiction dans le discours de ce nouveau parti est que --bien que sa raison d'être est la souveraineté du Québec -- sa plateforme politique actuelle suggère que l'élection d'un gouvernement optionaliste implique automatiquement la mise en œuvre d'un projet de société de centre-gauche progressiste (nationalisation des ressources naturelles, gratuité scolaire, Pharma-Québec, etc.) ainsi que la rédaction d'une Constitution (par qui exactement?) incorporant des idéaux de centre-gauche progressiste (l’égalité homme-femme, la justice sociale, le bien-être des aînés, la laïcité des institutions et le respect rigoureux des principes de développement durable, etc.) avant la réalisation de la souveraineté.
Donc, contrairement à ce qu'on entend souvent dire, Option nationale veut que la souveraineté se fasse à gauche dans la mesure où il ne laisse pas aux Québécois la liberté de choisir entre la gauche et la droite étant donné qu'il lui ''impose'' en partant un projet de société de centre-gauche progressiste.
Cela dit, ce n'est pas une attaque. Je crois seulement qu'Option nationale devrait assumer ce qu'il est -- un parti souverainiste de centre-gauche progressiste -- au lieu d'exprimer des arguments douteux pour essayer de se différencier de Québec solidaire. Autrement dit, la meilleure façon de se différencier de QS est simplement de dire que la souveraineté n'est pas la priorité de ce parti de gauche et que sa démarche d'accession à la souveraineté n'est pas cohérente et conséquente. Point final.
Parce que mon commentaire est justement une critique constructive de ce que M. Aussant et d'autres membres d'Option nationale n'arrêtent pas de dire partout dans la mesure où je crois sincèrement que ce qu'ils disent de bonne foi est malheureusement en contradiction avec la plateforme d'Option nationale qui paradoxalement donne à notre parti la même position qu'ils dénoncent Québec solidaire d'avoir.
De plus, l'argument que la plateforme d'Option nationale contient des éléments de gauche et de droite est douteux étant donné que a) la vaste majorité des éléments de plateforme sont de centre-gauche progressiste ce qui rend la présence de quelques éléments de droite insignifiant, et b) le seul élément de droite qui est souvent mentionné comme la preuve qu'ON n'est ''ni gauche ni droite'' est l'idée de conseils régionaux qui intègrent les commissions scolaires dans un effort de rationalisation. Cependant, non seulement la droite n'a pas une exclusivité sur l'idéal de la décentralisation/régionalisation mais la plateforme du parti de gauche Québec solidaire incorpore aussi une version de cette idée!
Pour conclure, je ne contredis pas le fait que les Québécois pourront toujours voter pour des partis de gauche ou de droite après qu'un gouvernement d'Option national aura réalisé la souveraineté. Cependant, ce gouvernement aura quand même ''imposé'' une multitude de politiques de centre-gauche progressiste ainsi qu'une Constitution de centre-gauche progressiste avant d'avoir réalisé la souveraineté ou au moment même qu'il la réalise.
Cela dit, je le répète: ce que je viens de dire n'est pas une attaque contre Option nationale. Au contraire, j'aimerai seulement que ce parti que j’appuie avec enthousiasme assume ce qu'il l'est au lieu de dire des choses qui risquent de nous rendre vulnérables aux critiques destructives de nos adversaires électoraux. »
Notre projet de société est-il vraiment dénué de tout positionnement idéologique sur l'axe gauche/droite comme nous aimerions le croire? Pouvons-nous le prétendre réellement?
En guise de réponse à ces questions, le psychologue Pierre-Alain Cotnoir, membre du Groupe de recherche sur l'opinion publique depuis 1992 pourrait nous apporter un éclairage intéressant. Il a réalisé de nombreuses enquêtes et analyses pour les principaux acteurs du mouvement souverainiste québécois. Dans le vidéo du dernier colloque organisé par les Intellectuels pour la souveraineté (IPSO), Cotnoir offre une intéressante explication pourquoi l'axe gauche-droite est intimement lié à la question de l'indépendance du Québec. (http://www.tagtele.com/profil/Balzac/?v=85931&vc&vp=1)
En conclusion, j'espère avoir recueilli et apporté assez d'éléments intéressants afin que nous puissions collectivement effectuer une réelle réflexion sur le sujet. ON peut-il ultimement refuser de prendre position selon un axe idéologique peu importe les termes utilisés pour le décrire? Je crois que non. La réalité est que les gens se positionnent, peu importe le nom que l'on donne à l'axe idéologique. ON est-il ou deviendra-t-il un « manchot » idéologique (selon l'axe gauche/droite)? Pas avec le programme politique que nous avons en ce moment. ON peut-il se permettre le luxe d'entretenir un flou quant à cette question? Surtout pas. Le langage est un outil collectif qui nous sert à communiquer ensemble et dont on se sert pour définir notre réalité, pas pour la fuir. Et quand on définit, on se doit de limiter avec précision. Ceci étant, la volonté de ne pas se limiter et de ne pas s'enfermer sur un axe idéologique ne peut pas devenir une nouvelle forme de positionnement.
Tel un musicien qui doit se positionner sur une corde tendue (entre deux extrêmes) pour la faire résonner (raisonner), la conscience (et ses idées) a besoin de points de repère pour se diriger et a besoin du langage pour décrire sa réalité. Un musicien qui s'arrêterait toujours au même point sur la corde finirait par être bien monotone et un musicien qui refuse de jouer de son instrument n'en est plus un. Être musicien, c'est se positionner constamment entre deux extrêmes. C'est de cette façon que l'on fait des harmonies, des accords.


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3 commentaires

  • Christian Archambault Répondre

    27 avril 2013

    En fait, il n'y a que le peuple! La gauche et la droite étant les frères siamois théoriques de la démocratie libérale. Je serais plutôt partisan du paradigme vertical avec le pouvoir réel en haut et le spectrum entier gauche-droite en bas.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 avril 2013

    Bien difficile de juger le programme d'Option nationale, car 2 mois après le dernier congrès, ce programme n'est pas encore accessible en ligne.
    On jugera quand on l'aura.
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    27 avril 2013

    Pris à l'intérieur du Système, les termes gauche-droite ne veulent évidemment rien dire.
    Le Système veut que l'être humain soit sur terre pour répondre aux besoins du marché.
    Quand le sens de la vie humaine en est réduit à cette perspective, il n'y a ni société viable, ni civilisation; ça devient du chacun pour soi et du "au plus fort la poche".
    Une société civilisée mettrait l'être humain et ses besoins au premier rang de ses préoccupations.
    Force est d'admettre qu'on est encore loin de la civilisation malgré nos Ipod Ipad etc...