Le gouvernement Charest a finalement décidé de bouger, à minuit moins une. Il a annoncé jeudi une refonte du régime d'aide financière aux études universitaires afin d'assouplir les conditions d'accès et de remboursement des prêts.
La proposition mérite d'être précisée, mais en soi, elle est suffisamment forte pour renverser la dynamique des dernières semaines: la balle, désormais, est dans le camp des étudiants.
Certes, l'annonce faite jeudi matin ne concerne ni une réduction de la hausse des droits de scolarité, ni une bonification supplémentaire du programme de bourses. Mais elle mérite néanmoins d'être considérée avec sérieux par les associations étudiantes, car elle répond au coeur de leur revendication: que la situation financière ne soit un obstacle aux études pour personne.
Québec, d'abord, entend élargir l'accès aux prêts à 50 000 étudiants de plus, essentiellement de la classe moyenne. Cela s'ajoute à la majoration déjà acquise des prêts et des bourses. En ouvrant ainsi la porte du régime d'aide financière au plus grand nombre, il répond favorablement aux recommandations du Comité sur l'accessibilité financière aux études.
Le message aux étudiants: peu importe vos revenus ou ceux de vos parents, l'université vous est accessible.
Le gouvernement, ensuite, introduit un nouveau mécanisme de remboursement des prêts en fonction des revenus touchés une fois les études terminées. Il faudra voir les modalités, mais d'emblée on peut saluer la volonté de respecter la capacité de rembourser des étudiants.
Le message: l'État prend en charge une portion du risque inhérent à l'investissement - et à l'endettement - qu'impose le cursus universitaire.
Cette approche est doublement intéressante. Parce que les difficultés financières majeures surviennent normalement durant les cinq années suivant l'obtention d'un diplôme. Et parce que l'expérience australienne du remboursement conditionnel au salaire a donné de bons résultats.
Au moment de passer de la gratuité à un système payant, il y a plus 20 ans, l'Australie a en effet décidé de mettre en place le tout premier système de remboursement du genre. Et les études menées depuis ont montré une hausse des diplômés par classe d'âge, et ce, sans impact sur le statut socio-économique des différentes cohortes.
Reste cependant une zone d'ombre: l'origine des fonds qui financeront ces modifications. On refile la facture de 21 M$ aux universités en les invitant à faire appel à la philanthropie... même si le mécénat n'est pas un réflexe québécois.
Or si les dons ne sont pas au rendez-vous, qui payera la facture? Et qu'adviendra-t-il des modifications à l'aide financière? Une clarification s'impose.
Cela étant, c'est au tour des étudiants de jouer. Ils peuvent maintenir la ligne dure, quitte à perdre leur session et leur combat. Ou accepter la main tendue, quitte à négocier les modalités des propositions, et sortir ainsi la tête haute de ce long bras de fer qui a trop duré.
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