Denis Lessard et Daphné Cameron La Presse - Après s'être dit disponible pour revenir en politique active afin de succéder à Pauline Marois à la barre du PQ, l'ex-chef bloquiste Gilles Duceppe a irrémédiablement lancé la serviette dimanche, après que La Presse eut révélé que son budget de chef de parti à la Chambre des communes servait aussi à défrayer le salaire du directeur général du Bloc québécois, Gilbert Gardner.
Refusant toute entrevue, l'ancien chef bloquiste, dans une déclaration écrite, a souligné qu'il comptait, pour l'avenir prévisible, défendre son intégrité. «Il m'est donc impossible d'envisager un retour en politique active», a-t-il laissé tomber, sans appel.
Il insiste: «La gestion des budgets de la Chambre des communes alloués au Bloc québécois s'est toujours faite de façon transparente et honnête. Tout a été fait dans le respect des normes.» Les autres partis représentés à la Chambre des communes comptent demander à un comité parlementaire de faire toute la lumière sur cette affaire.
La sortie-surprise de M. Duceppe devrait mettre un terme à une semaine de crise au Parti québécois. Après bien des tergiversations, M. Duceppe s'était décidé à se montrer clairement disponible à succéder à Mme Marois à la barre du PQ. Inquiets des sondages toujours désastreux, plusieurs députés et bien des militants péquistes souhaitaient le départ de la chef, craignant une cuisante défaite aux prochaines élections générales.
Comme en 2007, M. Duceppe déclare forfait avant l'affrontement. Après le départ d'André Boisclair, il avait annoncé qu'il comptait se lancer dans la course à la succession, avant de battre rapidement en retraite lorsque Mme Marois avait annoncé qu'elle allait lui livrer bataille.
M. Duceppe conclut sa déclaration en écrivant: «Je souhaite la meilleure des chances à Mme Pauline Marois et au Parti québécois qui ont, je le répète, toute ma confiance». La semaine dernière, pour montrer qu'il était disponible pour un retour, M. Duceppe avait utilisé la même formule... mais manifestement il ne fait désormais plus partie de l'équation.
Dans l'immédiat, pas de réaction à prévoir du côté de Pauline Marois, a-t-on indiqué dans son entourage. Mais elle devrait commenter ce matin, en marge d'un discours sur la souveraineté à l'Université de Montréal. Elle y annoncera la formation d'un comité sur la souveraineté, qu'elle coprésidera avec le chef bloquiste Daniel Paillé. En matinée, avant l'annonce de M. Duceppe, elle avait répété qu'elle comptait bien rester en poste. Elle avait à nouveau invité Gilles Duceppe à venir l'épauler, une proposition devenue caduque. Elle a affirmé avoir pleine confiance en M. Duceppe. «Tant qu'on ne me fait pas la démonstration que quelqu'un est coupable, je considère qu'il est innocent», a-t-elle dit.
Consternation
Chez les rares péquistes qui avaient publiquement pris fait et cause pour un retour de M. Duceppe, c'était la consternation, dimanche. «Notre analyse de base voulant que le PQ n'aille nulle part avec Pauline Marois demeure», a laissé tomber Pierre Dubuc, du SPQ libre, qui a réclamé la semaine dernière le départ de la chef. «On savait par nos sondages et par nos contacts que M. Duceppe était la personne capable de donner une victoire au PQ, la victoire semble s'éloigner avec son départ de la vie politique», a-t-il ajouté. Pas question pour les dissidents de demander un vote de confiance sur le parquet du conseil national, la fin de semaine prochaine. Selon M. Dubuc, ce sera aux députés, réunis en caucus, mercredi et jeudi, de trancher la question.
«Ce que j'ai fait, c'est de partir le réveil-matin. J'ai annoncé au Québec que Gilles Duceppe était disponible si la place se libérait, a expliqué Marc Laviolette, aussi membre du SPQ libre, qui avait été le premier la semaine dernière à réclamer le départ de Mme Marois. Le couvercle est fermé maintenant!» Il croit désormais que Mme Marois sera là aux prochaines élections et refuse de réitérer ses propos de la semaine dernière contre la chef péquiste. «Depuis le débat sur l'aréna [l'amphithéâtre de Québec], en juin dernier, je n'étais pas intervenu. Je l'ai fait seulement quand j'ai cru qu'il y avait une alternative. Or il n'y a plus d'alternative», a résumé M. Laviolette.
Selon lui, devant la réaction des partis politiques fédéraux à la controverse, il n'y a pas de doute, selon lui, qu'on « vient d'assister à une nouvelle tentative d'assassinat politique par les fédéralistes. C'était le leader souverainiste le plus populaire au Québec».
Pierre Dubuc, son collègue du mouvement de gauche, a renchéri: «Les fédéralistes célèbrent aujourd'hui. On ne démantèle pas impunément un pays du G-8. Tous les coups sont permis.»
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