Nous le savons, nous l'avons suffisamment entendu : Israël a le droit de se défendre, de libérer ses soldats pris en otage, et, selon ses généraux, la meilleure façon de se défendre est, bien sûr, d'attaquer. Attaquer Gaza, arrêter des ministres (ils sont du Hamas, donc des terroristes...), liquider des activistes ainsi que leurs parents et leurs voisins, détruire des centrales électriques, affamer la population, rendre la vie des Gazaouis impossible (et leur apprendre où ça les mène d'avoir voté pour le Hamas).
Attaquer le Liban de tous les côtés et par tous les moyens, faire fuir des centaines de milliers de Libanais sur des routes défoncées et des ponts détruits par les bombes, tuer des civils et des soldats et même quelques miliciens du Hezbollah en rasant des villages et des quartiers : à qui la faute si les terroristes se cachent au milieu des civils ?
Israël peut donner aux Libanais une bonne leçon de légalisme : qu'ils comprennent le danger de ne pas respecter une résolution du Conseil de sécurité sur le désarmement du Hezbollah. Car Israël est le meilleur exemple pour le respect des résolutions, pour la non-agression des pays voisins, pour un traitement humanitaire des populations en Palestine occupée (assez ingrates pourtant, puisqu'elles ne reconnaissent pas les bienfaits de la colonisation).
Dans le cas d'Israël petit pays démocratique entouré par des dizaines de millions d'Arabes , qui pourrait s'opposer au nettoyage de ces bourbiers terroristes, en attendant la punition sévère de leurs protecteurs syriens et iraniens, même au prix de quelques destructions, même si quelques centaines de milliers d'innocents en souffrent ? Pas les «amis américains», pas même les Etats européens. Reste l'opinion publique, les associations, collectifs et individus qui agissent contre la guerre, contre l'occupation des territoires et pour un dialogue juste et constructif entre Israéliens et Palestiniens ? Ce dialogue, maintes fois ébauché, maintes fois interrompu, constitue la meilleure chance d'une paix à construire.
A l'opposé de la logique guerrière, nous pensons que des victoires militaires ne garantissent pas l'avenir d'Israël. Seuls un dialogue ouvert et la recherche patiente d'une cohabitation avec un véritable Etat palestinien permettraient aux Israéliens d'obtenir la paix avec leurs voisins arabes. Mais nous sommes encore là, en plein conflit, dans le désarroi, comme des orphelins. Nous autres, qui faisons partie du collectif «Trop, c'est trop !» constitué en décembre 2001 à l'initiative de l'historienne Madeleine Rebérioux, nous crions aujourd'hui : «Assez !»
Assez de cette folie guerrière, assez de cette agression abominable menée au nom d'Israël contre des Libanais et des Palestiniens, agression paranoïaque qui provoque en retour des tirs meurtriers contre des civils israéliens. Assez de ce comportement cynique qui utilise les trois soldats otages comme prétexte pour régler leur compte aux partisans du Hamas et aux membres du Hezbollah, lesquels ne cessent en réalité de se renforcer par leur résistance aux attaques d'Israël. Assez de cette fuite en avant vers une conflagration hasardeuse où les Etats-Unis «défendraient» Israël en se lançant dans une nouvelle guerre aux conséquences incalculables contre la Syrie et l'Iran. Assez de cette course effrénée vers l'abîme.
Le collectif «Trop c'est trop!»
Etienne Balibar, Suzanne Citron, Stéphane Hessel, Henri Korn, Gilles Manceron, Abraham Ségal et Pierre Vidal-Naquet.
Assez !
Le collectif «Trop c'est trop!» appelle Israël à mettre un terme à un conflit qui constitue une «fuite en avant»
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