Le Conseil représentatif des institutions juives de France, Francis Kalifa, estime que le mouvement citoyen est désormais noyauté par des organisations «extrémistes» et qu’il permet l’expression de la «haine des juifs et «d’Israël».
A l’occasion d’un entretien au Parisien publié le 18 février, Francis Kalifa, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), s’en est pris vertement au mouvement des Gilets jaunes.
«Le mouvement s’est radicalisé et a été infiltré, par les mouvements complotistes, l’extrême droite, l’extrême gauche, les islamo-gauchistes et les salafistes. Il leur donne l’occasion de venir exprimer leur haine des juifs, d’Israël, à ces manifestations du samedi», a-t-il affirmé alors qu’on lui demandait si ces manifestations attisaient l’antisémitisme.
Le droit de manifester est constitutionnel, mais il faut trouver le moyen de les faire cesser, en tout cas de les canaliser
Dans la même veine, il a appelé à l’application de «mesures drastiques pour faire cesser ces manifestations qui ne servent plus à revendiquer sur le pouvoir d’achat, mais à exprimer la haine des institutions, de la République et des juifs».
«Le droit de manifester est constitutionnel, mais il faut trouver le moyen de les faire cesser, en tout cas de les canaliser. Il ne faut laisser défiler que les manifestations déclarées au préalable, empêcher les autres. Fixer des cortèges qui ne passent plus par les centres-villes. On ne peut plus continuer comme ça, de samedi en samedi», a-t-il renchéri.
«Le "sale juif" d’hier est devenu le "sale sioniste" d’aujourd’hui»
Par ailleurs, Francis Kalifa a réagi sur la récente initiative du député La République en marche, Sylvain Maillard, de pénaliser l’antisionisme : «Une recommandation du Parlement européen a adopté la définition de l’Ihra (l'Alliance internationale de la mémoire de l’holocauste] qui recense en 11 points ce qu’est l’antisémitisme. Parmi eux figure la négation d’Israël, tout en précisant que la critique de l’Etat d’Israël ne fait pas partie de ce que l’on peut considérer comme de l’antisionisme.»
Enrayer cette vague d’antisémitisme qui gangrène notre pays
«J’attends que la France adopte cette recommandation. Car on sait que le "sale juif" d’hier est devenu le "sale sioniste" d’aujourd’hui, l’agression contre Finkielkraut en est le dernier exemple», a-t-il expliqué après avoir appelé le président Emmanuel Macron à prendre «des actes, des décisions fortes», afin «d’enrayer cette vague d’antisémitisme qui gangrène notre pays».
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