Amir Khadir: Hamas et Hezbollah ? Des “obscurantistes”!

BDS - Boycott Désengagement Sanctions


Amir Khadir nous écrit. Nous en sommes ravis car, comme vous le savez chers internautes, notre blogue adore le courrier. Dans mon billet d’hier où je le semonçais sur sa participation au boycott des produits israéliens d’un commerçant du Plateau, je débordais du sujet en écrivant:

Qu’il [Amir] ne voit généralement rien à redire aux actions du Hezbollah atteste d’un biais idéologique dont il devrait se défaire.
J’avais vainement tenté de trouver des déclarations où il prenait cette distance envers Hamas et Hezbollah, deux groupes Islamistes armés comportant chacun une branche politique. Le député le plus populaire au Québec dissipe aujourd’hui ce nuage en clarifiant son point de vue. Constatez par vous-mêmes:
Cher Jean-François,
Sur le Hamas ou le Hezbollah, Québec Solidaire n’a pas pris position de manière spécifique parce que nous n’avons pas été interpellés.
Pour moi la question est très claire: il s’agit là de deux groupes fondamentalistes religieux, inspirés — dans leur vision du monde et de leur conception de la société — des théocrates au pouvoir en Iran que j’ai combattu toute ma vie politique.
Le Hezbollah est sans doute moins fanatique que le Hamas ou que le gouvernement Ahmadinejad en Iran. Comme l’ex-président iranien M. Khatami était d’un tout autre acabit que son successeur [Ahmadinejad] qui est allié avec le clergé ultra-orthodoxe.
Ces courants politiques ont au départ des relents égalitaires et populistes sur le plan économique, mais finissent par tomber dans l’absolutisme religieux qui ne peut s’imposer que par dictature, comme le peuple iranien en a fait la douloureuse expérience depuis 30 ans.
Cependant c’est aux peuples palestiniens, libanais et iraniens de se débarrasser de l’obscurantisme religieux et des courants politiques réactionnaires dans leur pays. Ces peuples ont besoin de notre solidarité et de notre appui aux forces démocratiques qui mènent ces luttes.
Ils n’ont certainement pas besoin de la punition collective, du blocus économique, de l’humiliation et des bombardements ou des menaces de frappe nucléaire lancés par Israël. La politique agressive et intransigeante d’Israël alimente le discours de ces courants fanatisés et fait le jeu des orthodoxes religieux de part et d’autre.
Mais dire du Hezbollah et du Hamas qu’ils sont ce qu’ils sont, ne disqualifie en rien leur droit de résister à l’oppression. C’est là une nuance difficile à établir et surtout à vivre.
Et c’est pour mener leur combat légitime contre l’injustice faite à leur peuple, tout en gardant leur distance critique vis à vis des fondamentalistes islamistes, que les courants démocratiques authentiques au Liban, en Palestine et en Iran ont besoin de notre appui.
Fraternellement,
Amir Khadir

Squared

Jean-François Lisée297 articles

  • 183 389

Ministre des relations internationales, de la francophonie et du commerce extérieur.

Il fut pendant 5 ans conseiller des premiers ministres québécois Jacques Parizeau et Lucien Bouchard et un des architectes de la stratégie référendaire qui mena le Québec à moins de 1% de la souveraineté en 1995. Il a écrit plusieurs livres sur la politique québécoise, dont Le Tricheur, sur Robert Bourassa et Dans l’œil de l’aigle, sur la politique américaine face au mouvement indépendantiste, qui lui valut la plus haute distinction littéraire canadienne. En 2000, il publiait Sortie de secours – comment échapper au déclin du Québec qui provoqua un important débat sur la situation et l’avenir politique du Québec. Pendant près de 20 ans il fut journaliste, correspondant à Paris et à Washington pour des médias québécois et français.





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé