Justin Trudeau a reconnu hier que les producteurs laitiers québécois vont bel et bien « souffrir un petit peu » du nouvel Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) au sortir d’une rencontre avec eux dans le Vieux-Montréal.
« On reconnaît que nos producteurs laitiers, eux, vont en souffrir un petit peu à différents niveaux, alors on va travailler avec eux pour leur donner la compensation nécessaire », a laissé tomber le premier ministre en point de presse après une réunion privée avec les principaux dirigeants de l’industrie laitière.
Joint par Le Journal, le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau, s’est montré irrité par les mots employés par Justin Trudeau.
« S’il a entendu [qu’on allait souffrir] “un petit peu”, il n’était pas à la même réunion que nous autres parce que ce n’est pas ça le message qu’on leur a envoyé », a déploré le grand patron de l’UPA, qui a participé à la rencontre avec les dirigeants des Producteurs de lait du Québec.
Près de 46 % des fermes laitières au pays sont au Québec, soit 5500 sur 12 000, ce qui fait craindre le pire pour l’UPA.
« Ils vont y goûter pas juste “un petit peu”. C’est un euphémisme. Justin Trudeau ne sait pas de quoi il parle », a aussi dénoncé le président de l’Union paysanne, Maxime Laplante, qui estime que l’UPA a sa part de responsabilité parce qu’elle défend un modèle « trop rigide de la gestion de l’offre ».
Saignée de 460 millions $
Selon Marcel Groleau, les producteurs au pays vont perdre près de 200 M$ par année en raison l’AEUMC. Cela s’ajoute aux 260 M$ de l’accord Canada-Europe et de l’Accord de Partenariat transpacifique.
« Ça fait plusieurs accords où ils ont été obligés de donner, c’est pour ça que ce n’est pas juste des paroles que ça prend, ce sont des gestes concrets », a déclaré Justin Trudeau, après la rencontre avec les acteurs de l’industrie.
Le président des Producteurs de lait du Québec, Bruno Letendre, et le président de l’Union des producteurs agricoles, Marcel Groleau, jeudi dans le Vieux-Montréal.
M. Groleau n’a pas non plus aimé que Justin Trudeau dise que les producteurs laitiers seraient « indemnisés de façon juste et équitable », des paroles trop vagues pour l’UPA. « On est dans le flou », regrette-t-il.
M. Groleau estime également qu’il faut penser aux pertes financières liées à la valeur des quotas. Le dirigeant de l’UPA n’a cependant pas encore chiffré l’indemnisation demandée. Il veut mettre en place un comité pour l’évaluer.
De son côté, le doyen de la Faculté de gestion de l’Université Dalhousie d’Halifax, Sylvain Charlebois, n’a pas mâché ses mots envers l’attitude d’Ottawa dans ce dossier.
« Sans le dire, on a immolé le système de la gestion de l’offre afin de sauver les meubles avec les Américains. Voilà, il fallait le dire », est-il allé jusqu’à dire.
-Avec la collaboration de TVA Nouvelles