Mon boss va être content, j’ai des nouvelles du gros Coderre. Il existe encore. Il est pas mort. Il a pas été enlevé par des extra-terrestres. Paraît qu’il va diriger un orchestre symphonique. Où, quand, comment ? Je sais plus. J’ai perdu la coupure de presse qui nous relatait les dernières aventures du Gros avec un g majuscule. Un orchestre symphonique ! Non mais c’est n’importe quoi. La semaine prochaine, on apprendra sans doute qu’il dirigera une opération à cœur ouvert, une expédition sur l’Éverest, une mission dans l’espace avec leur grand bras canadien enfoncé dans l’œil jusqu’au coude.
Le gros Coderre, on dirait qu’il est né pour diriger. C’est une manie. Faut qu’il dirige. N’importe quoi, pourvu qu’il dirige. Grand spécialiste du sport amateur, de la culture canadienne d’expression francophone et de la défense nationale, ce vendeur de commandites à rabais est devenu le lieutenant très provincial du prince Ignatieff. En passant, vous saviez que le mot province vient du latin « pro victis » qui veut dire « pour les vaincus ». C’est ce que m’a appris récemment mon ami Yves Michaud. Dans le dictionnaire, la province désigne un territoire conquis hors de l’Italie, assujetti aux lois romaines et administré par un gouverneur. La province de Québec, pour les conquis.
Je comprends mieux maintenant pourquoi les gens de Radio-Cadenas prononcent les mots « province de Québec » en roucoulant, la bouche mouillée comme un serin qui fait des pipes dans les ruelles du Quartier gai. On dirait que ça les fait jouir notre provincialisation, notre situation de minoritaire content. C’est comme le gros Pierre Arcand, ministre libéral d’un quelconque ministère de province qui cherche à se faire passer pour un semblant de ministre des affaires internationales. Il doit faire une conférence bientôt, dont le sujet sera « Un Québec ouvert sur le monde ». Tu parles ! Comment peut-on parler d’ouverture sur le monde quand on est membre d’un parti qui se contente d’un statut provincial, et qui vante notre assujettissement collectif comme s’il s’agissait du bonheur suprême. On laisse un gouvernement étranger dicter au peuple québécois sa politique internationale et on ose parler d’ouverture sur le monde. Ces gens-là sont des rigolos et des amuseurs publics. Le seul moyen de s’ouvrir sur le monde c’est d’être un pays comme les autres, pas une province comme les autres disait Pierre Bourgault. Le seul moyen de s’ouvrir au monde, c’est d’avoir un siège bien à nous aux Nations Unies. Tous les sièges, partout, tout le temps et non pas se contenter d’une place debout, d’une chaise pliante ou d’un strapontin dans le « back store » de l’Unesco. Tout le reste, c’est du concentré de Rozon. C’est juste pour rire.
En attendant, Pierre Arcand pourrait joindre l’équipe de clowns, chargée par l’insignifiante Marguerite Blais, de distraire les vieux dans les foyers de l’âge d’or. Une équipe dirigée par le gros Coderre, qui travaillerait en collaboration avec le gros Henri Paul Rousseau, est assurée d’un large succès. Le numéro de Rousseau, du bouffon en vélo qui frappe un mur de briques, est à mourir de rire. Son numéro de prime de départ à 450 000$ est à pisser dans ses culottes. Et que dire de son numéro « C’est pas notre faute, c’est la faute au marché » ? À se rouler par terre, à se taper sur les cuisses. J’ai hâte à ma pension pour aller jouer au bingo, faire de l’artisanat avec des bâtons à café et écouter ce trio de joyeux lurons.
Pour améliorer encore ce groupe de rêve, on devrait engager la grosse Marie-France Bazzo. Je l’écoutais l’autre jour dans ma minoune en changeant l’huile à moteur et je me tordais de rire. La chroniqueuse chroniquait doctement sur « La journée nationale des patriotes ». Elle cherchait un sens à cette fête. Elle racontait comment le monde est mélangé. Fête de la reine, fête des patriotes, fête de Dollar, fête du Dollorama, personne sait plus où donner de la tête. Mais plutôt que d’éclaircir les choses, la grosse « panseuse » en rajoutait dans la niaiserie. Fête du printemps, fête du bac à fleurs, fête du jardinage. Elle-même mélangée dans ses papiers, elle projette sur le monde son propre mélangeage. Les médias nous abreuvent d’âneries, mur à mur, vingt-quatre heures par jour et on vient ensuite jouer les étonnés, parce que le bon peuple est supposément mélangé. Au foyer la Bazzo.
Et pour rajouter un peu de couleur locale dans ce groupe de clowns blancs, on pourrait engager notre chère gouverneuse générale et sa grande tarte de mari qui vont bientôt se chercher de l’ouvrage, une façon comme une autre de lutter contre le profilage racial. Dans un élan humaniste de missionnaire adventiste, notre petite reine de carnaval a souhaité la fondation d’une université pour les Inuits située dans le Grand Nord. Les Inuits pourraient ainsi s’instruire dans leur propre milieu sans avoir à vivre l’acculturation quand ils vont étudier dans le sud. C’est bien gentil votre idée chère madame, mais vous aller la mettre où votre université ? À Inukjuak, à Ivujivik, à Aupaluk ou dans le ghetto de Iqualuit ? Une université dans les villages de cinq cent, de huit cent, de mille habitants, c’est complètement idiot. Gentil mais idiot. Vous allez faire rire les vieux avec vos projets farfelus.
Comme on le voit, il y a beaucoup de monde qui se bouscule pour rejoindre la gang à Marguerite Blais. Vous avez des nouvelles de la grosse Sheila Copps, la « pusheuse » de drapeaux ? On s’ennuie d’elle.
Résistance - Pierre Falardeau
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Je suis un homme d’un autre siècle. Je chauffe au bois. Je n’ai pas d’ordinateur. J’écris à la main, avec un crayon à mine ou une plume. En art, je crois à la simplicité. Je chasse à l’arc. Je me bats pour la liberté, la liberté sous toutes ses formes, la ...
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Je suis un homme d’un autre siècle. Je chauffe au bois. Je n’ai pas d’ordinateur. J’écris à la main, avec un crayon à mine ou une plume. En art, je crois à la simplicité. Je chasse à l’arc. Je me bats pour la liberté, la liberté sous toutes ses formes, la mienne, celle de mon peuple, celles de tous les peuples. Bref, je suis un primitif égaré.
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