Le candidat de Québec solidaire doit répondre de la volte-face de son parti en matière de laïcité.
Une partielle ne fait pas le printemps
Entendons-nous, cette partielle dans Jean-Talon, rendue nécessaire par la démission du député libéral Sébastien Proulx, ne sera pas un moment fort de la présente législature.
Il y a des angles intéressants à celle-ci, n’en doutons pas. Mais relativisons quand même, les élections partielles sont rarement des moments déterminants de notre vie politique.
Québec solidaire et la laïcité
Il m’apparaît souhaitable que la question de la loi 21 ne soit pas le dossier dont on parlera le plus dans le cadre de cette élection. Cette partielle ne devrait pas se transformer en « caution » de la loi 21 par les gens de Jean-Talon si la CAQ, par exemple, tasse le Parti libéral.
Toutefois, si un parti doit être tenu de causer de laïcité, c’est Québec solidaire. Il est impératif que le candidat de cette élection partielle, Olivier Bolduc, soit questionné rondement à propos de la volte-face de son parti sur cette question.
Rappelons-le, Québec solidaire a fait campagne en 2018 en appuyant le principe de l’interdiction des signes religieux, en se rangeant derrière le « compromis » Bouchard-Taylor.
Quelques semaines après l’élection, Québec solidaire s’est délesté de l’encombrant appui à Bouchard-Taylor pour accommoder la frange la plus militante du parti qui était allergique à toute forme d’interdiction des signes religieux.
Cette position, utile à l’époque, a permis d'éviter que la co-porte-parole Manon Massé ait à défendre, pendant la campagne électorale, la position actuelle du parti, laquelle est très impopulaire au Québec en dehors des cercles très militants de l’UQAM et de Concordia.
Concrètement, cette volte-face sur la question de la laïcité se traduit de la façon suivante : dans le comté juste à côté de Jean-Talon, le député de Jean-Lesage, Sol Zanetti, affirmait lors de son investiture à titre de député en octobre 2018: « Je me range derrière le compromis (Bouchard-Taylor). Mon point de vue personnel là-dessus n’est pas important. Je trouve qu’il serait vraiment antidémocratique que des gens se fassent élire sur un programme politique et qu’après, ils fassent le contraire . »
Voici venu le premier test démocratique post volte-face sur la laïcité pour Québec solidaire. Comme ce changement radical de position sur cette question fondamentale pue le cynisme et l’opportunisme politique à plein nez, la moindre des choses serait que QS s’affirme cette fois et défende, de manière claire et assumée, la position actuelle du parti en matière de vivre-ensemble et de laïcité.
Le Québec solidaire post-élection 2018 est en phase avec les Jagmeet Singh et Justin Trudeau sur cette question. Exit le principe de Bouchard-Taylor. Dorénavant, Sol Zanetti se pointe plutôt aux manifestations des plus radicaux opposants à la loi 21, ceux qui contesteront cette loi de toutes leurs forces.
Oui, Québec solidaire doit assumer dorénavant sa position sur la laïcité. Et ça commence par cette partielle dans Jean-Talon. Par exemple, est-ce que le parti compte soutenir ceux qui contestent la loi 21?
Cela serait tout un revirement quand on considère la position défendue par ce parti lors de l’élection de 2018...